Archives de catégorie : La rue grogne

[Athènes] Grève générale : premiers affrontements

[Vive la démocratie directe] Première phase d’affrontements à Athènes

Rapidement :

La grève générale de 48 heures a débuté ce matin. Environ 25’000 personnes à Athènes dont 12-15’000 staliniens, 3-4000 anarchistes avec qui se sont fédérés les combattants trotskistes anti-staliniens et le reste population de diverses tendances.

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Des affrontements ont éclaté et duré plus de trois heures dans le centre d’Athènes avec deux zones de combat principales. Cocktails contre grenades explosives ont tonné au bas de la place Syntagma (et non devant le Parlement) suite à une offensive répressive alors que l’initiative émanait des combattants anarchistes qui ont tenté d’incendier le ministère des Finances.

Une dizaine de « vraies » arrestations d’après nos premières sources locales et une cinquantaine d’ »interpellations » temporaires. Mais plusieurs dizaines de blessés.

Une partie des combattants anarchistes se sont réfugiés à la fac de Droit occupée et reconvertie en centre médical pour les prochains jours, d’autres ont rejoint Exarchia.

Cependant, cette première bataille reste de « petite » échelle, par plusieurs facteurs : les staliniens ont sciemment bloqué tous les transports en commun pour éviter une trop grande masse au centre ; beaucoup de groupes de combattants se « préservent » pour dimanche qui sera assurément la journée de l’explosion avec le vote définitif des nouvelles mesures (les socialistes bloquent temporairement par intérêt politicard et par bluff la procédure).

Pour autant, de nombreuses mairies ont été attaquées ou occupées dans plusieurs quartiers excentrés d’Athènes. Et les dockers occupent « militairement » contre la police la zone du Pirée.

L’hôtel de ville est occupé dans la ville de Rethymnon. Plusieurs mairies occupées dans la ville de Holargos. Le siège régional de l’entreprise Veria est occupé avec un appel par les travailleurs-grévistes à la réappropriation autogestionnaire des lieux de travail. Une préfecture a été occupée pendant deux heures (à Athènes ??) avant l’intervention des flics.

Il est clair que la bataille décisive, dans la rue et dans les lieux de travail, aura lieu dimanche où il y aura avec certitude énormément de monde avec une probable explosion incontrôlable. Par anticipation, les flics annoncent qu’ils bloqueront les cortèges pour empêcher la convergence sur Syntagma et le KKE bloquera les transports en commun tout en mobilisant le maximum de ses troupes. D’ailleurs, KKE et PAME appellent au « soulèvement » pour… accélérer la nécessité de nouvelles élections.

Idem, appeler à la grève générale vendredi et samedi (quand on sait que le samedi est quasiment un jour férié en Grèce, un peu comme un dimanche) plutôt que lundi et mardi est une anticipation du PAME à éviter l’embrasement.

Deuxième round demain 11 heures.

Vendredi 10 février 2012, 15h57.

Jura Libertaire, 10 février 2012

[Indonésie] La révolte gronde contre l’exploitation

Les luttes de classes en Indonésie

Indonésie : fronde ouvrière dans le « nouvel atelier du monde »

Les ouvriers indonésiens multiplient les actions spectaculaires pour améliorer un salaire souvent limité à une centaine d’euros par mois, inquiétant des employeurs qui rêvent de faire de leur pays le nouvel « atelier du monde », avec une main-d’œuvre encore meilleur marché qu’en Chine.

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Dix heures de bouchon : même pour la mégapole Djakarta, habituée à une circulation infernale, l’immense embouteillage a fait monter la moutarde au nez de plus d’un automobiliste. C’était l’effet recherché par les quelque 20.000 ouvriers travaillant à Bekasi, dans la banlieue de la capitale indonésienne, qui ont déposé leurs outils pour bloquer une autoroute à péage.

« On n’avait pas le choix », s’excuse Sarjo Suragil, 37 ans, qui fabrique des emballages pour McDonald’s et KFC. « On ne peut pas s’en sortir avec des salaires comme ceux-là. »

L’action spectaculaire, dans un pays où les mouvements sociaux sont rares, a été décidée après qu’un tribunal a annulé une augmentation du salaire minimum local de 13%, pour le faire passer à 1,49 million de roupies indonésiennes par mois (127 euros).

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Le jugement avait suivi une plainte de l’Association des employeurs indonésiens, l’organisation patronale du pays, qui avait argué qu’une telle hausse allait faire fuir les investisseurs étrangers.

Les grandes multinationales profitent de la situation

Les Honda, Nike ou autres Samsung se sont rués ces dernières années à Bekasi, coeur industriel de la capitale, pour profiter des salaires encore plus avantageux qu’en Chine ou en Inde.

Le salaire minimum, qui varie en fonction des provinces, évolue entre 75 et 150 euros par mois en Indonésie, contre une moyenne de 230 euros en Chine et 205 en Inde, selon une étude de la Japan External Trade Organisation.

Le coup de force des ouvriers de Bekasi a payé : le gouverneur local a réinstauré la hausse du salaire minimum.

Bekasi est la huitième province indonésienne à obtenir une augmentation. Voyant l’efficacité des actions spectaculaires, les ouvriers de plusieurs districts promettent de suivre l’exemple.

Tout récemment, des employés mécontents ont ainsi averti qu’ils allaient bloquer l’autoroute à péage menant à l’aéroport de Jakarta. La seule menace a suffi à régler le différend, qui portait également sur le salaire minimum.

La révolte gronde un peu partout

Les ouvriers se sont de plus sentis pousser des ailes après le succès d’une grève dure dans la mine d’or et de cuivre Grasberg, en Papouasie, l’une des plus grandes au monde. Après un arrêt de travail de quatre mois, les employés ont obtenu une hausse de salaire de 37% de la part de l’exploitant de la mine, la multinationale américaine Freeport.

« Après Freeport, les ouvriers de Jakarta et de sa région ont commencé à se dire que, peut-être, ils pourraient eux aussi obtenir une bonne augmentation », explique Chris Manning, expert à l’Australian National University.

« On va faire fermer la Bourse de Jakarta si c’est ce qu’on doit faire », avertit Timbul Siregar, président de l’Association des travailleurs indonésiens, disant puiser son inspiration du mouvement « Occupy Wall Street ».

Ce mouvement de contestation pacifique anticapitaliste, qui a occupé de septembre à février plusieurs parcs à Washington et New York, dénonce les abus du capitalisme financier.

« Nous allons continuer à perturber l’activité économique jusqu’à ce que le fossé entre les riches et les pauvres se réduise », prévient-il.

Tandis que le pays connaît une croissance annuelle supérieure à 6% depuis 2005, le nombre d’Indonésiens vivant sous le seuil de pauvreté a augmenté de près de trois millions en trois ans, pour atteindre 43,1 millions en 2010, soit près de 20% de la population, selon la Banque asiatique de développement (BAD). L’archipel est ainsi le seul pays d’Asie du Sud-Est à ne pas réduire la pauvreté.

« Si les salaires montent trop rapidement, les investisseurs étrangers pourraient commencer à regarder ailleurs », assure Franky Sibarani, secrétaire général de l’Association des employeurs indonésiens.

Pas sûr, répond Kazutoshi Chatani, économiste à l’Organisation internationale du travail (OIT). « Des salaires en hausse vont améliorer le pouvoir d’achat des ménages, ce qui est sans aucun doute important pour l’économie indonésienne. Après tout, la consommation intérieure a représenté 56,6% du Produit intérieur brut en 2010″.

Leur presse (Agence Faut Payer), 8 février 2012.

[Poitiers] CHU : ignominie de la direction

La direction du CHU n’a décidément honte de rien !

Alors que les salarié-e-s de l’hôpital de Poitiers se voient imposer des « comptes épargne temps » (comme partout ailleurs en France où des millions d’heures sont ainsi en attente d’être payées) ; alors que le manque criant de personnels les conduit à l’épuisement ; voici que la direction annonce qu’elle sucrera un jour de salaire aux personnels n’ayant pu se rendre lundi sur leur lieu de travail, jour où la neige a pourtant mis une pagaille effroyable dans les moyens de transport…

La DRH parle d’une sanction « à titre pédagogique »… répugnant. Quelle sanction contre ces bureaucrates cyniques, qui doivent déjà un nombre incalculable d’heures à leurs personnels ?

Pavillon Noir

La neige n’excuse pas les absences au CHU de Poitiers

Les salariés qui n’ont pas pris leur service, lundi, ne seront pas payés. “ A titre pédagogique ”, explique la direction. Colère des syndicats.

De nombreux agents n'ont pas pris leur service à cause des intempéries.

 

De nombreux agents n’ont pas pris leur service à cause des intempéries.

La décision de la direction a jeté un froid, mercredi, au centre hospitalier universitaire de Poitiers. Par la voix des cadres dans les différents services, les salariés ont appris que les absences de la journée de lundi seraient considérées comme injustifiées malgré l’enneigement exceptionnel du réseau routier du département.

« Notre directeur général a peut-être les textes pour lui mais il fait de l’abus de pouvoir », s’indigne Évelyne Tagault, la secrétaire générale de FO Santé. « Habituellement, dans ces conditions, la direction décompte une RTT, un jour de congés annuels ou une récupération d’heures supplémentaires… Tout le monde a des jours en retard à prendre à l’hôpital ! » Ses collègues de la CGT font d’ailleurs remarquer que le centre hospitalier de Poitiers est le seul de la région à « sanctionner » ainsi les personnels absents.

Retenue sur salaire

« Il est normal que les personnes qui ne sont pas venues travailler aient une retenue sur salaire si la neige est le seul motif invoqué », explique Séverine Masson, la directrice des relations humaines du CHU. « Cet événement météorologique était prévu, tout le monde avait eu le temps de s’organiser en conséquence dimanche pour être présent à son poste lundi même avec deux, trois ou quatre heures de retard. » La direction précise que cette décision a été prise « à titre pédagogique ». « Si cela devait se reproduire en 2012, que les salariés sachent que cela n’est pas tolérable. Les agents hospitaliers ont une activité dans laquelle il ne peut pas y avoir de rupture de service », insiste la DRH en assurant néanmoins que les absences de lundi n’ont pas empêché le bon fonctionnement de l’établissement : « Aucune intervention programmée pour un patient n’a dû être annulée mais certains agents ont été obligés de prolonger leur service. » Alors qu’un « recensement exhaustif des agents absents » est en cours, la représentante de Force ouvrière regrette que les dirigeants n’aient pas été sensibles aux « routes impraticables, véhicules endommagés, transports scolaires interrompus et gardes d’enfants ». La direction du CHU qui emploie 6.000 personnes répond être avant tout « attachée à garantir l’accueil, la prise en charge et le traitement des patients ».

Nouvelle République, Baptiste Bize, 10 février 2012

Mise à jour : ailleurs à Kilkis (en Grèce), des salarié-e-s de l’hôpital prennent les choses en main

[Biard-86] Aides à domicile en colère : porte fermée à clé et négociation foutage de gueule

ndPN : De l’impasse des négociations bidons avec une délégation syndicale. Une porte fermée à clé : que craint la Fédération ? A quand une occupation en bonne et dûe forme ?

Aides à domicile : pas corvéables à merci

Près de 200 “ ADMR ” ont tenté de défendre leurs acquis en provoquant une rencontre avec les responsables de la Fédération. Accueil glacial.

Jeanne-Marie Enazor n'a pas eu besoin de motiver les troupes.

 

Jeanne-Marie Enazor n’a pas eu besoin de motiver les troupes.

C’est l’expression d’un profond ras-le-bol qu’elles chantent sur l’air d’ « Au clair de la lune » : « A l’ADMR, on est dans la rue ; des jours à rallonge et des heures perdues, kilomètres qui sautent nous on n’en veut plus… » Environ 200 personnes pour la plupart aides à domicile en milieu rural (ADMR) et en grande majorité des femmes, ont bravé, hier, le froid mordant pendant plus de deux heures devant le siège de « leur » Fédération à Biard. Déroulé d’un après-midi glacial à plus d’un titre.

> 14 h : les manifestantes se rassemblent tranquillement à l’appel de la CFTC et commencent à scander des slogans peu amènes contre l’administration. Elles se veulent les représentantes des 1.700 salariées du département réparties dans 45 associations. Jeanne-Marie Enazor, responsable du syndicat CFTC, égrène au porte-voix les motifs de leur colère qui résultent d’un changement de convention. Clarisse Fillon et Marie Cotaz livrent leur souffrance au travail : « Nous perdons tous nos acquis avec la suppression d’une partie de nos indemnités kilométriques, puis de nos congés d’ancienneté et on doit souscrire obligatoirement à une mutuelle dont la répartition est de 60 % pour nous et 40 % pour l’employeur. Nous allons perdre jusqu’à 200 € sur des salaires déjà bas. » Plus loin, les jeunes Céline Marmain et Vanessa Daviaud pointent : « Entre une auxiliaire de vie et une aide à domicile qui font exactement le même travail, il y a un écart de salaire. On nous prend pour des boniches. Et en plus maintenant, nous sommes amenés à transporter les personnes pour 0,35 € du km alors qu’un taxi se fait payer 0,86 € du km. » > 14 h 30 : le groupe décide de rencontrer les responsables de la Fédération. Le ton monte sur les marches du siège de la Fédération. Les invectives contre l’administration tombent en cascade : « Pourquoi nos salaires ne sont jamais versés en temps et en heure. Nous ne sommes pas des auxiliaires de vie et pourtant nous faisons aussi les toilettes des usagers plus tout le reste ! ». La directrice de la Fédération Catherine Guillemet et le président Jacques Pineau sortent de l’établissement. > 14 h 45 : les échanges sont vifs. Les ADMR veulent toutes être reçues. La direction ne veut rencontrer qu’une petite délégation. Après d’âpres échanges, les ADMR acceptent. Quinze d’entre elles entrent mais la porte est fermée à clé juste après. > 15 h 45 : Jeanne-Marie Enazor se fait une nouvelle fois le porte-parole. « La Fédération s’engage au dialogue et aux négociations mais pas une seule de nos demandes n’a abouti. Quatre réunions sont programmées les 17 et 27 février et les 12 et 27 mars. » Clap de fin… pour l’instant.

Nouvelle République, Marie-Laure Aveline, 10 février 2012

[Poitiers] Salarié-e-s des Greta contre le démantèlement de la formation continue

Quid des Greta et de la formation continue ?

Les formateurs, administratifs et conseillers en formation continue ont manifesté devant le Greta du lycée Auguste-Perret.

 

Les formateurs, administratifs et conseillers en formation continue ont manifesté devant le Greta du lycée Auguste-Perret.

Même si les cinq Greta (groupement d’établissements de l’Éducation nationale qui mutualisent leurs compétences et leurs moyens pour proposer des formations continues pour adultes) de l’académie affichent un chiffre d’affaire global de 11,3 millions en 2010 (8,6 millions en 2008), leur existence dans leur forme actuelle est plus que menacée. Un projet gouvernemental de les transformer en GIP (Groupement d’intérêt public) autonomes n’est pas du goût des personnels qui refusent « le démantèlement de la formation continue ». Réunis au lycée Auguste-Perret de Poitiers, hier midi, sous plusieurs bannières syndicales (CGT Educ’action, FSU, Sgen/CFDT, Unsa Éducation), les personnels ont manifesté leur opposition à ce projet. « Ce qu’on sent arriver, c’est que la formation continue gagne trop d’argent pour ne pas avoir la tentation de la faire glisser vers le privé. De plus, 99 % de ce qui va faire fonctionner les GIP ne sont pas encore arrêtés. Pour l’instant, il n’y a aucun cadrage. »

Nouvelle République, 10 février 2012