Archives de catégorie : La rue grogne

[Poitiers] Venue de Sarkozy : 800 gendarmes et policiers pour « éloigner les gêneurs »…

Deux heures de visite sous haute protection

 

Lors de la précédente visite présidentielle, en mars 2009, la « Sarkomobile », la C6 du Président, avait été cantonnée au commissariat de Poitiers. – (dr)

Ça phosphore à tous les étages depuis plusieurs jours et ça va continuer jusqu’au dernier moment. La visite annoncée pour jeudi prochain, du président de la République, crée une certaine tension au sein des services de sécurité. Les réunions s’enchaînent, sous la coordination du préfet.

Éloigner les  » gêneurs  »

Le président de la République, qui arrivera par avion depuis l’aéroport de Poitiers Biard doit rester deux heures sur place, de 11 h à 13 h.
Le temps d’une visite au Centre national de document pédagogique sur le site de la Technopôle du Futuroscope, suivie par la présentation à 11 h 20 des voeux aux personnels de l’Éducation nationale, au Palais des congrès.
Près de huit cents gendarmes et policiers devraient ainsi être mobilisés pour ces deux heures, entre la sécurisation de l’aéroport, celle du trajet jusqu’à Chasseneuil-du-Poitou via la RD 910 et des lieux visités.
D’après nos informations, quatre escadrons de gendarmerie (110 hommes chacun, dont 64 pour le maintien de l’ordre) et deux compagnies de CRS (135 hommes chacune) sont déjà prévus pour boucler la zone, sans compter les autres effectifs de police et de gendarmerie.
« Des manifestants ? », s’amuse un officier. « S’il y en a, ils seront très loin. »
Aucun bruit discordant ne devrait donc troubler la bonne parole présidentielle protégée par ce puissant rideau protecteur.

Nouvelle République, E. C., 31 décembre 2011

Pour les ours du zoo des bois de Saint-Pierre

Bois de Saint-Pierre : les ours sont-ils en danger ?

 

Les deux plantigrades du zoo ne sont pas traités comme il convient. Soutenue par plusieurs associations, une jeune femme somme la mairie d’intervenir.

 
La fosse aux ours du zoo des bois de Saint-Pierre, 100 % béton et trop petite, fait aujourd’hui polémique. – (Photo archives NR)

L’affaire n’est pas nouvelle mais voilà qu’elle rebondit. Portée il y a quelques années par l’association Coloca terre, la cause des deux ours du zoo des bois de Saint-Pierre est aujourd’hui défendue par une jeune femme, Phoebé Cormenier. Sensible à la condition animale, celle-ci a repris le flambeau et dénonce aujourd’hui la situation qui est faite à Barth’ et à sa soeur, Martha, tous deux âgés de 25 ans, cédés en 1987 aux bois de Saint-Pierre par le zoo de Vincennes, un an après leur naissance. « Ils vivent depuis le début dans une fosse bétonnée, sans buissons, sans arbres. Leur hygiène et leur nourriture sont déplorables », assène-t-elle.
Sachant qu’un ours captif vit en moyenne 40 ans, la jeune femme aimerait que les pensionnaires du bois de Saint-Pierre trouvent refuge ailleurs pour leurs vieux jours. « Un zoo en cours de création en Espagne serait prêt à les accueillir, dans les Pyrénées le parc des Angles aurait aussi de la place, prévient Phoebé Cormenier, alors que la mairie ne dise pas qu’elle ne peut rien faire ! » Une association, parrainée par la fondation Brigitte Bardot aurait même sollicité la mairie à plusieurs reprises pour lui proposer de racheter ces ours…
 
 » Qu’ils terminent leur vie dans un zoo décent  »

Interrogée à ce sujet, la ville répond pourtant que son service des espaces verts a déjà « sollicité de nombreux zoos pour héberger les ours », mais qu’aucun repreneur ne s’est manifesté. Que faire ? Reconstruire une fosse aux ours digne de ce nom ? « Cela coûterait environ un million d’euros. Ce n’est pas forcément une priorité actuelle de la collectivité ».
Phoebé Cormenier ne décolère pas : « On se donne bonne conscience en disant qu’on a pris des contacts mais on ne fait rien. » Et d’ajouter, concernant la sécurité des personnels : « Les portes et les grilles sont abîmées ». Ils sont selon elles en danger à chaque fois qu’ils vont soigner les ours. Si rien n’est fait sous peu, menace la jeune femme, elle attaquera la mairie en justice. Elle se dit par ailleurs soutenue dans son combat par une ancienne soigneuse du parc animalier et des associations telles que Maraf 86 et le Petit mouton noir.

en savoir plus

Au nom de la loi

> Propriété de la ville de Poitiers, le parc animalier des bois de Saint-Pierre s’étend sur une superficie de 5 ha. Il héberge environ 170 animaux et accueille chaque année quelque 120.000 visiteurs.
> C’est un arrêté du 25 mars 2004 qui fixe les règles de fonctionnement et les caractéristiques générales des établissements zoologiques à caractère fixe et permanent. Plusieurs de ses articles (10, 12, 16, 27 et 28) insistent sur les conditions d’élevage de haut niveau dont doivent bénéficier les animaux.
> Des conditions qui doivent satisfaire « les besoins biologiques et de conservation, la santé et une large expression des comportements naturels des différentes espèces en prévoyant, notamment, des aménagements et des équipements des enclos adaptés à la biologie de chaque espèce ».

Nouvelle République, Jean-Michel Gouin, 31 décembre 2011

[Syrie] Manifestations massives malgré une répression sanglante

Syrie: manifestations massives anti-régime en présence des observateurs arabes

Des centaines de milliers de militants anti-régime ont manifesté vendredi en Syrie dans les villes où se trouvaient les observateurs arabes, ce qui n’a pas empêché les forces de sécurité de réagir d’une main de fer, tuant au moins 16 personnes.

Capture d'écran de YouTube montrant l'arrestation d'un homme  par les forces de sécurité syrienne le 29 décembre 2011à Damas

Capture d’écran de YouTube montrant l’arrestation d’un homme par les forces de sécurité syrienne le 29 décembre 2011à Damas
 
 

Des observateurs se sont rendus à Idleb (nord-ouest), Hama (nord), Homs (centre) et à Deraa (sud), selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui a fait état d’au moins 16 civils tués et plus de 40 blessés par les forces de sécurité dans ces villes.

A Deraa (sud), berceau de la contestation, cinq contestataires ont été tués lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu à balles réelles sur une manifestation, et à Hama, au moins cinq civils ont été tués et plus de 20 autres blessés.

Les forces de sécurité ont également ouvert le feu sur des manifestants à Damas, arrêtant des protestataires au moment où ils quittaient les mosquées.

Plus de 250.000 manifestants se sont rassemblés en plusieurs dizaines de lieux de la province d’Idleb, selon l’OSDH, notamment dans les villes d’Idleb, Maaret al-Noman, Khan Cheikhoune et Saraqeb.

Dans ces deux dernières villes, les chars de l’armée ont été retirés en prévision d’une visite des observateurs arabes, a affirmé à l’AFP le président de l’OSDH, basé en Grande-Bretagne.

A Idleb, au moins 25 personnes ont été blessées lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu pour empêcher les manifestants d’entrer sur la place Hanano, après le départ d’observateurs de cette zone, selon la même source.

Selon l’OSDH, des énormes manifestations ont eu lieu en outre à Homs, bastion de la contestation, où les agents de sécurité ont ouvert le feu.

Dans cette ville, les corps de cinq personnes arrêtées dans la nuit par les forces de sécurité ont été retrouvés. Une sixième, blessée ce matin, a succombé à ses blessures.

Dans cette région, deux civils et deux soldats dissidents ont été tués dans une embuscade tendue par les forces armées près de la ville de Tal Kalakh, à la frontière libanaise, a indiqué l’OSDH.

A Douma, dans la banlieue de Damas, où les observateurs se trouvaient selon la télévision officielle, plus de 60.000 personnes ont manifesté, a indiqué l’OSDH, ajoutant que les forces de sécurité ont fait usage de bombes à clous et de gaz lacrymogènes pour disperser les protestataires, blessant 24 d’entre eux.

A Alep (nord), relativement peu touché jusqu’à présent par le soulèvement, des partisans du régime ont « réprimé violemment » une manifestation dans le quartier Salaheddine, selon la même source.

Jeudi, les forces de sécurité avaient tué au moins 25 personnes alors que les observateurs se trouvaient à Hama, Idleb, Homs, Deraa et Douma, foyers de la contestation contre le régime du président Bachar al-Assad.

« Nous vous demandons de faire la distinction entre l’assassin et la victime. Notre Révolution qui a commencé il y a neuf mois est pacifique », ont écrit les militants sur leur page Facebook Syrian Revolution 2011, à l’adresse des observateurs.

Depuis l’arrivée lundi des observateurs arabes, chargés de surveiller la situation dans le cadre d’un plan visant à mettre fin aux violences, « 130 civils, dont six enfants, ont été tués », déplorent les Comités locaux de Coordination (LCC).

Tout en exprimant des doutes sur l’efficacité de la mission, des opposants syriens ont jugé que la présence des experts arabes « assurait en quelque sorte une protection » aux manifestations.

Haytham Maleh, avocat des droits de l’Homme et membre du Conseil national syrien (CNS), principal mouvement de l’opposition, a demandé que les observateurs s’acquittent de leurs obligations en « restant dans les villes qu’ils visitent pour protéger les habitants ».

Ils doivent « vérifier l’application » par le régime de toutes les clauses de l’initiative arabe, a-t-il dit en jugeant leur nombre insuffisant.

Le plan de sortie de crise de la Ligue arabe prévoit l’arrêt des violences, la libération des détenus, le retrait de l’armée des villes et la libre circulation dans le pays pour les observateurs arabes et la presse.

Washington a jugé utile vendredi la présence des observateurs, tout en se disant préoccupée que « la violence perdure ».

La Russie, alliée de la Syrie, s’est dite « satisfaite » du début de la mission, citant son chef, le général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha al-Dabi, selon qui « la situation est rassurante » à Homs, et « aucun conflit n’a été rapporté » dans ce bastion rebelle.

L’opposition et les pays occidentaux accusent le régime de réprimer dans le sang les manifestations alors que les autorités syriennes imputent les troubles à des groupes « terroristes ».

Selon l’ONU, plus de 5.000 personnes ont été tuées depuis le début de la révolte, à la mi-mars.

AFP, 30 décembre 2011

[Kurdistan] Après le massacre, l’appel au soulèvement

Turquie: les parents des Kurdes tués par l’armée crient au « massacre »

« Ils nous ont délibérément massacrés. Pourquoi tout ce sang a été versé? Ils doivent nous répondre »: les larmes aux yeux, Kitan Encu, qui a perdu onze parents dans le bombardement près de son village kurde par l’aviation turque, ne cache pas sa révolte.

Le raid aérien dans la nuit de mercredi à jeudi près du village d’Ortasu, proche de la frontière avec l’Irak, visait officiellement des rebelles séparatistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan PKK, interdit) qui tentaient de s’infiltrer en Turquie.

Le bombardement a fait au total 35 morts et le parti au pouvoir à Ankara n’a pas exclu « une bavure de l’armée ».

Selon les autorités locales, les victimes, des jeunes pour la plupart, faisaient de la contrebande de cigarettes entre l’Irak et la Turquie, pays voisins, avec des mules et des ânes. « J’ai vu les corps pour les identifier. Ils étaient tous complètement brûlés, en morceaux », raconte Kitan Encu, au chevet de sa mère de 75 ans à l’hôpital de la ville d’Uludere, à 20 km de la frontière irakienne. « Le plus vieux avait la vingtaine », dit cette jeune femme de 33 ans: « ils étaient tous étudiants ».

Dans le sous-sol de l’hôpital, où les corps des victimes ont été amenés pour être autopsiés et identifiés, les familles se pressent, à la recherche de nouvelles, ou dans l’attente de récupérer la dépouille d’un des leurs.

« Je suis le père d’un martyr. Mehmet Ali Tosun était son nom. Il avait 23 ans », dit un homme de 50 ans, qui refuse de décliner son identité: « il était au chômage. Comme on est pauvres, on fait du commerce », ajoute-t-il, en référence à la contrebande de cigarettes, de gaz, ou de sucre entre la Turquie et l’Irak. « Ici, la vie vaut 60 livres » turques (moins de 30 euros), soit le salaire d’une très bonne journée de trafic, explique un jeune contrebandier de 19 ans, originaire du village voisin de Yemisli. Il a participé aux recherches des cadavres et, selon lui, les victimes « ont été tuées volontairement ».

Un autre jeune contrabandier de Yemisli assure qu’il faisait partie du groupe qui a traversé la frontière irakienne mercredi soir avec principalement du gaz et des cigarettes. « On a commencé à rebrousser chemin, on a marché ensemble environ 10 km, après on a pris la direction de notre village et eux celle » d’Ortasu.

« Plus tard, les soldats ont téléphoné au chef du village et lui ont dit que tous les contrebandiers étaient morts. Ils lui ont dit de venir et de prendre les cadavres. Comment pouvaient-ils savoir que les morts étaient des contrebandiers s’il s’agit d’une erreur », s’interroge le jeune homme, qui souhaite garder l’anonymat.

L’armée turque, qui bombarde régulièrement les repaires du PKK dans le Kurdistan irakien, fait face depuis l’été à une flambée de violence des rebelles qui utilisent leur bases arrières en Irak pour lancer des attaques contre des objectifs en territoire turc, près de la frontière.

Le PKK, considéré comme une organisation terroriste par de nombreux pays, a pris les armes en 1984 et le conflit a fait au moins 45.000 morts.

Des hommes portent le cercueil d'une victime du raid aérien de l'armée turque sur un village kurde le 29 décembre 2011 à Uludere

Des hommes portent le cercueil d’une victime du raid aérien de l’armée turque sur un village kurde le 29 décembre 2011 à Uludere
 

Turquie: les rebelles kurdes appellent au « soulèvement » après la mort de 35 civils

Les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan PKK) ont appelé vendredi la population kurde de Turquie au « soulèvement » après la mort de 35 villageois dans un raid aérien mené mercredi soir par l’armée turque à la frontière irakienne.

« Nous appelons le peuple du Kurdistan, en particulier à Hakkari et Sirnak (deux provinces voisines de l’Irak, ndlr), à montrer sa réaction contre ce massacre et à demander des comptes à ses auteurs par ses soulèvements », a déclaré Bahoz Erdal, un des cadres de la branche armée du PKK, le HPG, dans un communiqué.

Le PKK utilise le terme kurde de « serhildan » (soulèvement) pour désigner des actions de protestation violente, impliquant des heurts avec la police, et de désobéissance civile.

Bahoz Erdal a également accusé l’armée turque d’avoir délibérément pris pour cible des civils.

« Ce massacre n’est pas un accident ou un acte non voulu. C’est un massacre organisé et planifié », a-t-il affirmé.

Des responsables locaux et le vice-président du parti au pouvoir, Hüseyin Celik, ont indiqué que les victimes étaient des contrebandiers se livrant avec des mules et des ânes à un trafic de cigarettes entre l’Irak et la Turquie.

L’armée a pour sa part indiqué que son opération visait des rebelles qui tentaient de s’infiltrer en Turquie et avait eu lieu dans une zone « qui n’abrite pas de population civile et où se trouvent des bases de l’organisation terroriste ».

« Ce commerce frontalier a lieu sous la surveillance des nombreux postes militaires déployés le long de la frontière. Il est donc impossible que ces civils n’aient pas été reconnus », a assuré Bahoz Erdal.

« Ces gens se déplacent presque tous les jours sans armes et avec leurs mules dans cette même zone », a-t-il ajouté.

AFP, 30 décembre 2011