NdPN : un article de Bastamag évoquant l’impact sur la santé des ondes électromagnétiques des téléphones portables (et de leur réseau d’antennes relais). D’autant plus inquiétant que Poitiers envisage le déploiement de la 4G, qui augmenterait encore l’exposition aux ondes de 50%… voir nos articles précédents à ce sujet.
Ondes : des interférences biologiques, mais pas de risques, selon l’Agence sanitaire
Des effets biologiques mais pas de risque sanitaire avéré. Voilà en substance les conclusions du dernier rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) sur les ondes électromagnétiques, publié mardi 15 octobre. Pas besoin, donc, de s’inquiéter. Même si l’agence reconnaît que les ondes électromagnétiques ont des effets sur le sommeil ou la fertilité masculine… Ou encore, que l’utilisation intensive du téléphone portable, sans kit main-libre, entre 30 et 40 minutes par jour, peut possiblement accroître les risques de tumeurs au cerveau !
C’est d’ailleurs ce que des chercheurs suédois, dirigés par le scientifique Lennart Hardell, viennent de mettre en évidence : les utilisateurs de portables (ou de téléphone sans-fil) ont un risque accru de 60% d’avoir une tumeur cérébrale. Et plus les années d’utilisation augmentent, plus ce risque s’accroît, doublant au delà de 20 ans, et triplant après 25 ans. Cela n’empêche pas l’ANSES de conclure qu’en l’état actuel des connaissances, le risque sanitaire n’est pas avéré. Pour elle, les ondes électromagnétiques provoquent la plupart du temps des effets biologiques transitoires : le corps humain se rétablirait une fois que l’exposition cesse. « Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de risque pour la santé », précise cependant son directeur général adjoint, Gérard Lasfargues.
Curieusement, l’ANSES émet pourtant des recommandations : elle déconseille par exemple l’utilisation du portable par les enfants, recommande l’utilisation du kit main-libre et l’achat d’un téléphone le moins émissif possible. Elle propose aussi de systématiser la réalisation d’études préalables avant toute implantation d’une nouvelle antenne relais, afin « d’éviter ainsi que certaines zones soient beaucoup plus exposées que d’autres ». Mais rien d’inquiétant, puisqu’il n’y a pas de risque sanitaire…
Arrivée de la 4G : 50% d’émissions en plus
Pas un mot dans ce rapport sur les éléctro-hypersensibles, ces personnes qui ne supportent plus aucune onde électromagnétique : l’ANSES préfère attendre les conclusions d’une étude sur la question. « La communication de l’ANSES semble bien frileuse et convainc peu alors que beaucoup d’attentes étaient attachées à la sortie de ce rapport », estime l’association Priartem, qui se bat pour une réglementation des implantations d’antennes relais, et considère que les seuils actuels fixés par le décret du 3 main 2002 sont « insupportables ».
Avec ce décret, les puissances autorisées pour les antennes relais vont de 41V/m à 61V/m. Bien loin du 0,6 V/m préconisé depuis par les scientifiques et le Conseil de l’Europe ! Sur ces seuils, l’ANSES ne se prononce pas. Pourtant, avec l’arrivée de la 4G, plusieurs milliers d’antennes relais supplémentaires sont en train d’être installées. D’après une étude du Copic, le Comité opérationnel sur les ondes de téléphonie mobile, l’exposition moyenne aux ondes augmenterait de 50% !
Face à ces nouveaux risques, Priartem demande l’application pour ces ondes du principe ALARA, As low as reasonably achievable (« Aussi bas que raisonnablement possible »). « Dans le contexte actuel de déploiement effréné des technologies sans fil (4G, tablettes numériques, compteurs dits intelligents, prolifération des objets et gadgets communicants…), il y a urgence. »
Simon Gouin, Bastamag, 18 octobre 2013