En Poitou-Charentes comme ailleurs, le travail tue

Santé au travail : Poitou-Charentes peut mieux faire

L’observatoire régional de la santé au travail met en exergue une région qui a dû mal à protéger ses salariés. Ils sont plus exposés à un accident qu’ailleurs.

Le baromètre « Santé au travail » en Poitou-Charentes est à la baisse. Signe de mauvais temps. Surtout pour les salariés victimes d’accidents au travail. Le taux de fréquence (*), plus élevé que celui de la moyenne nationale, est le signe de conditions de travail dégradées et de comportements individuels pas toujours adaptés. Comprenez qu’en 2011, il a été constaté 37 accidents du travail pour 1.000 salariés dans cette région alors que la moyenne nationale est pointée à 36.

Moins de médecins du travail

Des valeurs qui restent, cependant, en légère diminution par rapport à 2009 où les écarts entre la France et notre territoire étaient plus importants. La nature des activités exercées fournit une des explications à ce triste constat : « fabrication d’emballage sur mesure, spéciaux en bois, d’articles de tonnellerie », « entreprises générales et construction de bâtiment » sans oublier « travaux de maçonnerie et gros-œuvre » cumulent les arrêts de travail avec 111 accidents et 90, concernant la dernière spécialité, pour 1.000 salariés. A noter également que les personnels dans les activités de service ne sont pas à l’abri de problèmes, particulièrement ceux qui sont en contrat temporaire avec 61 accidents du travail. Même constat dressé par Michel Bardoulat, président de l’ORST Poitou-Charentes, (Observatoire régional de la santé) qui annonce une région « beaucoup plus atteinte » par les maladies professionnelles, particulièrement « par les troubles musculo squelettiques (TMS) » dans le cadre des activités agro alimentaire. Un département, les Deux-Sèvres, est frappé par ce type de pathologie. Les TMS sont les maladies professionnelles les plus fréquentes. Elles regroupent plus de 95 % des indemnisations et 88 % des déclarations en maladies professionnelles. À prendre en compte également la souffrance psychique au travail : Plus de la moitié du motif de consultations à l’UCPPE (Unité de consultations des pathologiques professionnelles et environnementales), ouverte fin 2008, a pour objet cette problématique. Il faut dire que le Poitou-Charentes n’est pas doté, non plus, de praticiens pour détecter cette pathologie : la région a perdu en 4 ans 24 médecins du travail.

(*) C’est le nombre d’accidents du travail par rapport au nombre de salariés.

Didier Monteil, Nouvelle République, 27 novembre 2013