Nous éprouvons de la solidarité pour toutes celles et ceux, anonymes ou plus connu.e.s, qui ont eu et ont le courage de désobéir aux lois pour un monde plus libre, égalitaire et solidaire…
Quelles que soient nos divergences politiques avec Mandela, qui entre autres assuma un mandat présidentiel sonnant le glas de bien des espoirs, dans un pays toujours plongé dans des inégalités économiques et raciales, rien ne peut effacer le fait que Mandela a eu le courage, avec tous ses camarades en lutte, de porter des pratiques et un message de désobéissance civile, pas toujours non-violente au passage, face aux lois iniques des dominants. Et de l’assumer.
Or une fois n’est pas coutume, l’hommage des hommes d’Etat sonne ce 10 décembre pour le moins faux. On comprend que ces obsédés du pouvoir en fassent une « icône », alors que le principal concerné s’en défendait de son vivant, n’oubliant pas tous ses camarades ayant lutté, souffert et s’étant fait assassiner dans l’anonymat.
On comprend aussi que la notion de « réconciliation » plaise à ces spécialistes de la pseudo-réconciliation des classes… pour mieux faire oublier que la classe dominante écrase toujours celle des dominé.e.s ! Illustration avec Ban (secrétaire général de l’ONU) : « Regardez ce stade: nous voyons des dirigeants qui représentent de nombreuses opinions et des gens de toutes les classes sociales. Ils sont tous là unis ». Mouais… si on oublie les sifflets des classes populaires lorsque le président actuel, Zuma, a pris la parole ! Ban devait avoir les oreilles bouchées…
Mais les hommages ont carrément viré plus d’une fois au détournement le plus éhonté de la pensée et de la vie de Mandela.
Confrontons juste ces citations de Mandela… et d’Obama (un homme qui entre autres lois dégueulasses, a promulgué celle sur les détentions illimitées sans procès, reniant ses promesses de fermer Guantanamo) :
Nelson Mandela : « La loi a fait de moi un criminel non pas à cause de ce que j’ai fait, mais à cause de ce que je défendais, de ce que je pensais, à cause de ma conscience. Peut-on s’étonner que de telles conditions fassent d’un homme un hors-la-loi ? »
« Un homme qui prive un autre homme de sa liberté est prisonnier de la haine, des préjugés et de l’étroitesse d’esprit. »
Barack Obama : « Mandela a montré que l’action et les idées pourtant ne suffisent pas. Si justes que ses idées soient il faut qu’elles soit inscrites dans la loi. »
Mandela, comme tous les militant.e.s d’hier et aujourd’hui ayant choisi la désobéissance civile contre les dominants et leurs lois, avait pourtant démontré que ces lois ne sont que des concessions obtenues à la suite d’un rapport de force, établi par l’action directe des opprimé.e.s.
Pavillon Noir
Mise à jour 12/12/2013 : lire cet article publié sur Bastamag il y a deux jours sur la collaboration de l’Etat français et de multinationales françaises avec le régime d’apartheid en Afrique du sud (la France ayant été le deuxième fournisseur du pays, après le Royaume-Uni et devant les Etats-Unis…)