NdPN : la contamination par des éléments radioactifs d’origine industrielle ne concerne pas que les militaires ou les travailleurs des centrales nucléaires, mais aussi bien d’autres branches de l’industrie ou des services, et enfin bien des bâtiments publics. Suite à l’interdiction de 1987, comment se fait-il que l’Etat n’ait pas procédé à la recherche et au retrait systématiques des paratonnerres hautement toxiques, cancérigènes et mutagènes (les « parads »), contenant du radium 226 (durablement radioactif pour des milliers d’années, sa « période » étant de 1.602 ans – temps nécessaire pour que sa radioactivité diminue de moitié) et au suivi des personnes potentiellement en contact avec ces installations ? Voilà qui coûterait sans doute trop cher ? En attendant, ces horreurs se dégradent avec le temps, diffusant leur radioactivité dans un tas d’endroits fréquentés : « Ces radioéléments se nichent sur des clochers, des immeubles d’habitation, des sites agricoles et industriels, des bâtiments publics. On en trouve ainsi sur des hôpitaux, des crèches, des écoles, des maisons de retraite, des châteaux d’eau et finalement parfois, en déchetterie, dans la nature ou comme objet décoratif chez des particuliers. » Encore une fois, nous n’en avons pas fini de payer le crime nucléaire !
Un paratonnerre radioactif à la Banque de France
Pendant près de quatre ans, plusieurs salariés de la Banque de France de Poitiers ont travaillé à proximité d’un paratonnerre radioactif, sans le savoir.
L’ASN n’a été informée du stockage de ce paratonnerre que le 10 février dernier.
On se sent évidemment en sécurité dans un bâtiment équipé d’un paratonnerre. Mais lorsque le dispositif censé vous protéger est radioactif, il en va tout autrement. Dans un communiqué publié le 30 avril sur son site, l’Autorité de sécurité nucléaire (ASN) révèle qu’«un paratonnerre radioactif (1) avait été entreposé dans les locaux de la Banque de France à Poitiers, entre le 9 avril 2010 et le 29 janvier 2014 ». On apprend que c’est à la suite de travaux réalisés en avril 2010 par une entreprise de couverture que le paratonnerre installé sur le toit de l’institution publique avait été déposé et entreposé dans les combles. Mais l’objet a été transféré en différents lieux de l’établissement dont certains à proximité immédiate des postes de travail.
Trois salariés exposés
Ce n’est qu’en décembre 2013, et encore par hasard, lors d’une vérification des installations électriques, qu’on découvre la radioactivité du dispositif antifoudre. Jusqu’à sa prise en charge – le 29 janvier dernier – par une société spécialisée, l’accès aux différentes zones de stockage de l’objet est interdit. Pendant près de quatre ans, les salariés et les prestataires de la Banque de France de Poitiers ont potentiellement pu être exposés aux rayonnements ionisants. Une étude a d’ailleurs été menée par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Elle indique que trois salariés de l’établissement sont « susceptibles d’avoir reçu une dose efficace supérieure à la limite réglementaire annuelle » (2). Qu’est-ce qu’une dose efficace ? Difficile à dire. L’ASN évoque « une exposition incidentelle » de personnes à un paratonnerre radioactif.
Depuis le 29 janvier dernier, les locaux de l’établissement poitevin ont fait l’objet d’un contrôle radiologique qui n’a pas détecté de trace de contamination radioactive, indique-t-on dans le communiqué. Le CHSCT (comité hygiène sécurité et conditions de travail) de la Banque de France a été informé, l’établissement a engagé un recensement de l’ensemble de ces paratonnerres radioactifs équipant ses bâtiments.
Classé en niveau I
Par ailleurs, parce que du public a été exposé à une dose supérieure à la limite réglementaire, l’événement a été classé au niveau I de l’échelle Ines. Il s’agit d’une échelle internationale de classement des événements (incidents ou accidents) nucléaires. Graduée de 0 à 7, elle sert à mesurer la gravité d’un événement nucléaire. Il est qualifié d’incident, lorsque le niveau ne dépasse pas 3 et d’accident nucléaire de 4 à 7.
(1) La présence d’une source radioactive en l’occurrence du radium 226 dans les paratonnerres était censée augmenter leur efficacité. Celle-ci n’ayant jamais été prouvée, la fabrication, la commercialisation et l’importation de ce type de paratonnerre sont interdites depuis janvier 1987. (2) Dose maximale annuelle : 1mSv (milliSievert) pour du public ; dose maximale pour un salarié : 8,2mSv.