Les institutions européennes sont la caricature d’un pouvoir capitaliste désormais généralisé, s’organisant à grande échelle (comme avec l’élaboration en cours du traité transatlantique) pour imposer son étau mortifère à nos vies réduites à des micro-paramètres de profit, à des fourmis que l’on écrase avec mépris si besoin est, comme en Grèce.
La parodie « démocratique », qui prête déjà à rire au niveau national, atteint avec les élections européennes le comble du grotesque, tant il est évident pour les « électeurs » qu’ils et elles n’ont de fait aucune prise sur les décisions prises par un pouvoir bureaucratique en roues libres, n’ayant pour seul horizon qu’une gestion capitaliste brutale.
Les groupes européens majoritaires, en bons VRP nourris aux grains du profit, sont assurés de conserver leurs fesses bien au chaud des strapontins du spectacle « politique », malgré les pathétiques gesticulations de listes mineures (de l’extrême-droite la plus réac et fascisante à l’extrême-gauche la plus moribonde), appâtées par le fumet de places décrochées à la proportionnelle, et des subsides afférents. Des micro-listes proliférantes appellent encore au vote « alternatif », dans le but dérisoire de dépasser les cinq petits pourcents, histoire d’entretenir leurs petites boutiques de dépossession démocratique, candidates à la gestion et au contrôle de nos vies.
Tout ce beau linge se retrouvera sur les rangs largement désertés d’une assemblée austère, avec un casque sur les oreilles, stipendié en pointant le matin pour des primes de présence, faisant office de figurant servile dans des parodies de « débats ». Pendant ce temps, les véritables pouvoirs économiques industriels et financiers, aussi cyniques que leurs comparses du monde entier, continueront de dicter leur loi aux membres larbins d’une Commission européenne dévouée, aux tronches de premiers de la classe ès psychopathie, toujours prêts à broyer la vie humaine sous les fourches caudines du profit.
Ce cirque électoral de plus, fait pour légitimer la privation de décisions qui devraient nous appartenir, ne semble d’ailleurs plus intéresser que quelques boutiquiers (voir cette « exposition citoyenne » au centre commercial des Cordeliers à Poitiers) et communicants professionnels, qui font une fois de plus un pathétique effort pour tenter d’enthousiasmer les prolétaires ; qui sur fond de musique d’ascenseur et de devantures d’enseignes moisies, qui sur fond de meetings encravatés en forme de pantalonnades creuses, lançant des imprécations à leurs assistances vides.
L’abstention ne cesse de progresser, c’est un fait. Et ces profiteurs propres sur eux, qui tiennent ce réflexe de dignité des prolétaires en horreur, le savent. 59,37% en 2009 en France ; fera-t-on encore mieux ce mois de mai 2014 ? Il faut bien l’avouer, cela nous réjouirait. Aux chiottes les élections européennes ! S’abstenir, c’est mettre une première claque à la gueule de tous ces pouvoirs économiques et politiques qui se nourrissent de notre misère et de notre dépossession généralisée.
Mais s’abstenir un jour ne suffira pas. Il faut aussi continuer, au quotidien, à construire une véritable solidarité internationale, partant de nos alternatives et nos luttes réelles. La solidarité par-delà les frontières puantes des Etats est la seule force à même de renvoyer dans leur fumier les nationalistes et autoritaires de tout poil, dont la ritournelle nauséeuse s’élève de plus en plus, désignant les « étrangers » et autres minorités comme responsables de tous les maux, pour détourner les esprits loin de la révolte contre les véritables pouvoirs.
Abstention bien sûr, plus que jamais ; mais abstention active !
Pavillon Noir, 4 mai 2014