PARIS (Reuters) – L’UMP cible les jeunes délinquants et les étrangers dans le volet régalien de son projet pour les élections présidentielle et législatives de 2012, objet mardi d’une convention à Lyon.
Le parti du président Nicolas Sarkozy s’aligne largement sur son aile la plus sécuritaire, la « Droite populaire », et propose ainsi de rendre dès 12 ans, avec autorisation des parents, les jeunes délinquants passibles de « travaux de réparation ».
Cette proposition suscite des réticences internes, notamment de la ministre de la Formation professionnelle Nadine Morano. « Ce sont les parents qu’il faut éduquer, accompagner. On ne va pas descendre à 12, neuf ou huit ans. Ce n’est pas une proposition qui me convient », a-t-elle dit sur LCI.
L’UMP promet par ailleurs un code pénal pour les mineurs, adapté aux nouvelles formes de délinquance et destiné à « lutter contre le sentiment d’impunité ». Il prône la séparation des fonctions de protection et de répression du juge des mineurs. « La priorité c’est l’amélioration du fonctionnement de la chaîne pénale », souligne un document de synthèse.
Plus généralement, l’UMP promet d’atteindre 80.000 places de prison en cinq ans, ainsi que la suppression des réductions automatiques de peine et l’interdiction des libérations conditionnelles pour les prisonniers qui n’auront pas purgé au moins les deux-tiers de leur temps de détention, deux mesures proposées par la Droite populaire.
Le parti promet une nouvelle loi de programmation de la justice pour en améliorer l’organisation et un renforcement de la présence des forces de sécurité sur le terrain, sans revenir sur les réductions d’effectifs du présent quinquennat.
L’UMP se borne à évoquer un allègement des procédures administratives, un développement des nouvelles technologies et un « usage régulier » des forces mobiles, déjà très sollicitées.
PAS DE NATIONALITÉ AUTOMATIQUE
« Nous proposons également (…) de mieux maîtriser les flux migratoires », ajoutent les rédacteurs du document dans le sillage du ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, qui jugeait trop élevé, dimanche, le nombre d’immigrés légaux arrivant chaque année en France (environ 200.000).
L’UMP propose de durcir les conditions du regroupement familial, d’augmenter le nombre de reconduites à la frontière et la capacité des centres de rétention administrative.
Le parti présidentiel prône par ailleurs une réforme de l’espace européen de libre circulation des personnes, dit de Schengen, pour mieux en contrôler les frontières. « Un Etat qui ne respecterait pas ses obligations serait sanctionné. Sa participation pourrait être suspendue », expliquent les auteurs du projet de l’UMP.
Le parti de Nicolas Sarkozy propose également de durcir les conditions d’obtention de la nationalité française. Aujourd’hui, toute personne née en France de parents étrangers acquiert automatiquement la nationalité française à sa majorité si elle vit sur le territoire français ou y a vécu pendant cinq ans depuis ses 11 ans. « Nous proposons d’inverser la logique », expliquent les rédacteurs du projet. « Une personne née en France de parents étrangers qui souhaite acquérir la nationalité française devra, entre 16 et 18 ans, en faire la demande. »
« PARCOURS DE CITOYENNETÉ »
L’UMP se prononce contre l’octroi du droit de vote et d’éligibilité aux étrangers non membres de l’Union européenne – une opposition déjà exprimée par Nicolas Sarkozy, qui s’était pourtant prononcé en faveur d’un tel droit pour les élections locales en 2001 et à plusieurs reprises les années suivantes.
Pour renforcer le sentiment d’appartenance à la nation, son parti veut mettre en place un « parcours de citoyenneté, de civisme et de l’esprit de défense ». Ce « parcours » comprendrait une « cérémonie d’entrée dans la vie citoyenne » à 18 ans, une semaine « Défense et citoyenneté » en lieu et place de l’actuelle journée du même nom et, à terme, un service civique universel et obligatoire.
Parallèlement, serait développée une « réserve citoyenne » constituée de volontaires prêts à se rendre disponibles pour des missions d’intérêt général en cas de crise ou pour encadrer le futur service civique universel.
Enfin, pour lutter contre le communautarisme, l’UMP propose notamment que les fonds étrangers destinés à la construction et à l’entretien de lieux de culte transitent par une fondation nationale propre à chaque confession.
L’UMP avait présenté le 22 novembre le volet économique et social de son projet, dans lequel Nicolas Sarkozy pourra puiser s’il se confirme qu’il est candidat à sa propre succession.
Le parti présentera la semaine prochaine le dernier volet, sur la place de la France en Europe et dans le monde, avant une présentation définitive et un chiffrage à la mi-décembre.
Reuters, édité par Yves Clarisse, 29 novembre 2011