[Avanton, Aslonnes…] Deux femmes meurent sous les coups de leurs compagnons

Lundi  9 juin à Avanton : un homme assassine sa compagne de trente coups de couteau. Le même jour à Aslonnes, un homme assassine sa compagne, à bout portant dans le dos, d’un tir de fusil de chasse.

En France, en 2012, une femme est morte tous les 2,5 jours sous les coups de son « compagnon ». Et un homme est mort tous les 14 jours tué par sa compagne. La comparaison de ces deux chiffres est d’autant plus évocatrice que dans 65% des cas, la meurtrière est une femme subissant les violences de son conjoint.

Derrière ces morts, en l’occurrence ces mortEs, bien souvent la jalousie, la prétention patriarcale de posséder le corps des femmes. Pour toutes ces femmes assassinées, combien d’agonies quotidiennes, de viols, de coups, de destructions psychologiques ? L’horreur banale des violences conjugales porte un nom, le patriarcat. Car au-delà de l’inégalité économique plaçant encore nombre de femmes sous la dépendance d’hommes, il s’agit aussi et avant tout, pour des millions de femmes, d’une violence sourde, diffuse, intime (et non moins politique), faite d’injonctions, de reproches, de stigmatisations, d’assignation à des rôles, de silence imposé, d’isolement. Une violence validée par l’ordre économique et politique, avec leur lot immonde de publicité sexiste, de surreprésentation masculine au sein des instances décisionnelles, de « parité » essentialisant les individus selon leur « sexe », au nom de prétendues « différences biologiques ».

Une violence hiérarchique, de contrôle des corps et des affects, qui imprègne et sous-tend le monde autoritaire dans son ensemble, toutes classes confondues. Lutter contre la domination politique et économique n’a aucun sens sans la lutte contre les conceptions, les paroles et les gestes innombrables du patriarcat, idéologie de la domination par essence, sans doute la plus ancrée dans nos quotidiens, et de ce fait invisibilisée par des siècles et des siècles de banalisation.

Et ce, jusque dans nos milieux militants, non moins concernés par la domination masculine, gangrénant les réflexes, les prises de parole, les comportements entre individus. Au passage, pourquoi n’y a-t-il quasiment jamais de mobilisation collective en réponse à ces violences ? Une femme assassiné par un homme mérite-t-elle donc moins de considération qu’un militant assassiné ?

Et parce qu’aucun dominant ne remet volontiers en cause ses confortables privilèges : autodéfense féministe !

J., Pavillon Noir, 12 juin 2014