Les salariéEs de Federal Mogul et le dialogue social

NdPN : des salariéEs de Federal Mogul, vouéEs au licenciement de masse et laisséEs sans informations, ont tenté d’attirer l’attention médiatique en organisant un périple à vélo de Chasseneuil-du-Poitou vers Paris pour discuter avec les donneurs d’ordre, au siège de l’entreprise et chez Renault. RejointEs par d’autres salariéEs venuEs en car, illes ont obtenu… que dalle. Zéro info ! Une fois de plus, « tables rondes » et « dialogue social » sont du foutage de gueule. A force de les traiter comme de la merde, la direction risque de voir les salariéEs changer de braquet dans les méthodes de lutte, toutes les méthodes pacifistes et négociatrices ayant jusque là démontré leur inefficacité.

A Paris, les Federal Mogul n’ont pas eu de réponses

Partis dès l’aube vers la capitale, les “ pistonniers ” de Chasseneuil ont assiégé hier la direction de Renault… en vain. Ils sont ensuite partis à Orléans.

 De notre envoyé spécial à Paris

Interminable. Cette journée du jeudi 10 juillet 2014 restera forcément dans les mémoires de la centaine d’ouvriers de l’usine Federal Mogul de Chasseneuil-du-Poitou.

Partis en bus vers Paris, à 4 h du matin, pour retrouver la trentaine de « Pistonniers de l’espoir » ayant rallié la capitale à pied ou à vélo pour « sensibiliser les Français sur la situation de l’industrie automobile », ils avaient prévu de rentrer à Poitiers hier soir, vers 20 h.

Un protocole d’accord déchiré

Las, un mur d’incompréhension aura transformé cette journée d’action en véritable chemin de croix. A 21 h 30, hier soir, les grévistes n’avaient toujours pas quitté l’usine d’Orléans où, après la capitale, ils sont allés chercher des réponses à leurs légitimes questions.
Car à Billancourt, aucun de leurs interlocuteurs n’a été en mesure de leur dire s’ils pourraient retourner à l’usine la semaine prochaine ou quel serait le montant de leur indemnité de licenciement supralégale. Ni au siège de Federal Mogul After Market – la filiale commerciale de leur employeur – ni à celui de Renault, où une délégation de six manifestants a été reçue…
« Les cadres de Renault qu’on a rencontrés nous ont dit qu’ils essaieraient de plaider notre cause auprès de Federal Mogul, expliquaient les délégués en sortant. Mais ils disent aussi qu’ils n’ont légalement pas le droit d’interférer dans la procédure en cours. »
A 13 h, tout le monde est donc remonté dans les bus, direction Orléans. Mais dans cette autre usine du groupe, les cornes de brumes et sirènes d’alarme des grévistes n’ont pas réussi à percer le mur du silence. Tout juste ont-ils obtenu de la direction la promesse qu’elle allait déchirer le protocole d’accord prévoyant l’arrêt de la production dès mardi prochain, sur le site de Chasseneuil (alors que, jusqu’ici, la date du 3 octobre était évoquée).
Quant au montant d’une hypothétique indemnité, hier soir, ils l’attendaient toujours.

Vidéo à voir sur nos sites internet lanouvellerepublique.fr et centre-presse.fr

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repères

Le film de la journée

4 h 15 : départ d’une centaine de salariés de l’usine Federal Mogul de Chasseneuil-du-Poitou en direction de Paris.
9 h : arrivée dans les bouchons parisiens.
10 h : à Billancourt, les passagers des deux bus retrouvent les seize coureurs et leurs accompagnateurs, partis lundi de la Vienne.
10 h 40 : le cortège, escorté par la police, arrive devant le siège de Federal Mogul After Market, la filiale commerciale de la multinationale.
11 h 30 : devant le siège de Renault, les grévistes donnent de la voix. Une délégation est reçue.
13 h : la délégation ressort ; sans réelle avancée. Tout le monde remonte dans le bus, en direction de l’usine d’Orléans.
21 h 30 : les manifestants attendent toujours une réponse de la direction.

Laurent Favreuille, Nouvelle République, 11 juillet 2014