[Paris] Compte-rendu de la manifestation pour la révolution égyptienne
Des militant-e-s du groupe Quartier Pirate étaient présent-e-s lors de la manifestation de soutien à la révolution égyptienne. Globalement, la mobilisation a été moindre que prévue. Il faut toutefois nuancer ce constat : le contexte morose n’est pas très favorable, et l’impression terne est aussi produite par le contraste avec la mobilisation pour la révolution tunisienne (manifestations dans une période d’enthousiasme soudain pour les révolutions arabes, alimentées par la présence d’une importante communauté tunisienne en France). Quoi qu’il en soit, il était important pour nous d’affirmer une solidarité internationale avec les forces émancipatrices en Egypte, dans un contexte complexe.
En effet, hier, lundi, et aujourd’hui, mardi, des élections ont été organisées dans le pays. Nous exprimons notre scepticisme sur le fait qu’elles représentent effectivement une manière pour l’armée de laisser la place au peuple. Il n’est pas anodin que le maréchal Hussein Tantaoui, chef de l’armée au pouvoir, ait exprimé sa satisfaction quant au déroulement du vote. De fait, les élections constituent à la fois un moyen de court-circuiter le mouvement social, et de le diviser.
Pour les tendances qui avaient été décrédibilisées et mises à la porte lors de cette deuxième vague révolutionnaire, ces élections représentent en quelque sorte une occasion de revenir par la fenêtre. Face aux Frères musulmans, se présentent des dizaines de partis salafistes (fondamentalistes musulmans), libéraux ou de gauche, le plus souvent récents et encore mal implantés. Au-delà, de nombreux élus de l’ancien parti de M. Moubarak, aujourd’hui interdit, tentent même leur chance comme indépendants ou sous des bannières politiques créées de toutes pièces.
Face à cette situation, sur la place Tahrir, foyer de la contestation où les violences de la semaine dernière ont causé la mort de plus de 40 personnes et des milliers de blessés, les avis sur ces élections sont partagés. Certains ont décidé de boycotter le scrutin en refusant d’aller voter et de cautionner le système mis en place par la junte au pouvoir, d’autres ont souhaité participer au vote mais sont revenus occuper l’espace, et enfin certains ont invalidé leur choix en barrant plusieurs noms. De manière générale, nous estimons, avec toute la prudence qu’impose notre accès limité aux informations locales, qu’il demeure légitime d’exiger le départ immédiat des militaires : cela nous apparaît comme la seule issue pour que la révolution soit libertaire, c’est-à-dire représente pour le peuple une émancipation réelle.
Groupe Quartier Pirate, Fédération Anarchiste, 29 novembre 2011