Éclairer ce qui a vraiment besoin d’être éclairé
Une association milite pour une utilisation rationnelle de l’éclairage public. Elle n’a décerné le label » Village étoilé » qu’à une commune du département.
L’A.N.P.C.E.N. (association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturne) est née à l’aube du troisième millénaire, à l’initiative d’astronomes amateurs, alors opposés à la pollution lumineuse générée par l’émission de lumières artificielles dans l’environnement.
Économiser l’énergie, protéger l’environnement
Elle fédère aujourd’hui plus largement tous ceux qui s’interrogent sur la pertinence de l’éclairage en choisissant le bon équipement, en adaptant la puissance de l’ampoule et la durée de l’éclairage en fonction des besoins.
Jean-François Tribot, correspondant départemental de cette association, est parfois sollicité par les élus. En janvier 2011, il a par exemple remis à la commune de Bignoux, près de Poitiers, le label « Village étoilé » qui récompense les efforts consentis en faveur de l’environnement par sa politique de gestion de l’éclairage public. « Nous faisons de la sensibilisation, du conseil. L’intérêt pour une commune, c’est d’éclairer ce qui a besoin d’être éclairé, et dans la bonne direction, vers le sol et pas vers le ciel, avec l’intensité qui convient. » La mise en lumière de la nuit modifie le milieu naturel, engendre sur la faune et la flore des dérèglements. Pour les humains aussi, les conséquences existent : éblouissement, etc.
Idées reçues
Autre idée reçue, l’éclairage n’est pas un gage de sécurité. Tout le monde s’accorde aujourd’hui à dire que la majorité des cambriolages, vols et agressions se font en plein jour. Enfin, côté économie, là encore, une bonne gestion de l’éclairage public peut s’avérer payante. En France, ce dernier représente 23 % de la facture globale d’énergie d’une commune (*) et 48 % de sa facture d’électricité…
* Source ADEME
Contacts : www.anpcen.fr ou 05.49.56.46.31.
14.000 C’est le nombre de points lumineux dénombrés dans la ville actuellement. 47 € sont dépensés par point lumineux et par an ce qui fait un total de 640.000 € en 2011. En 2005, année du début de la campagne Éclairez juste, 694.000 € avaient été dépensés pour 11.500 points liminaux. 2.500 points lumineux supplémentaires ont été implantés depuis l’année 2005, or la dépense de 2011 sera inférieure à celle de 2005.
Les incontournables illuminations de Noël
Les économies touchent également les illuminations de Noël équipées de Led. « Cette année, le budget a diminué de 30 % », insiste Éliane Rousseau, élue de Poitiers. Elle souligne l’attachement des habitants à ces décors de fêtes. 177.000 € sont dépensés pour un mois d’éclairage, pose, maintenance et dépose comprises. Des motifs lumineux ont été achetés pour le parc de Blossac, les autres sont loués pour trois ans. Les illuminations sont éteintes à 23 h, sauf dans la nuit des 24 et 31 décembre.
Les globes en voie d’extinction
A Poitiers (Beaulieu et Trois-Cités) ou Buxerolles, des boules éclairent le ciel. Un gaspillage qui n’est plus d’époque. Elles seront remplacées.
Dans l’agglo: des communes allumées ou pas
Sur douze communes de l’agglomération de Grand-Poitiers, cinq éteignent les lampadaires la nuit de 23 h ou 24 h à 5 ou 6 h du matin. Mais une sixième : Biard, les rejoindra en avril 2012. Un argument identique peut être mis en avant pour justifier l’éclairage ou l’absence d’éclairage la nuit. C’est le cas des communes de Chasseneuil-du Poitou (éclairée la nuit) et de Croutelle (éteinte la nuit). Ainsi, le maire de Croutelle, Jean-Charles Boulanger considère que l’éclairage « est favorable aux mauvais coups ». Les auteurs de ces mauvais coups sont davantage repérables dans l’obscurité dans la mesure où ils s’éclairent pour se déplacer. A Chasseneuil-du-Poitou, Joël Fricot, responsable de la maintenance voirie et bâtiment admet qu’un débat s’est instauré autour de l’extinction de l’éclairage de 23 h ou 24 h à 6 h du matin. « Mais les gendarmes ne nous ont pas incités à aller dans ce sens car nous avons une zone industrielle et commerciale importante. Mais la discussion n’est pas tranchée. »
Les forces de l’ordre préconisent effectivement la présence de lumières. « Il est plus sécurisant d’avoir des zones éclairées que des zones d’ombre », commente-t-on au commissariat. Il reste que le gros des effractions est commis dans la journée.
Nouvelle République, 16 décembre 2011