Echos nuc par Francesca
l’espace Mendès-France a fait un grand coup d’esbroufe en organisant un forum énergie éparpillé du 17 au 27 novembre : peu de succès auprès du public . Les témoignages sur Tchernobyl et Fukushima, “sujet d’étude très intéressant”, ont choqué par leur approche déshumanisée et par la partialité du regard porté sur la France où “tout va bien !”.
Dans ce contexte un physicien honnête crée la surprise : c’est le cas de Raymond Séné, physicien nucléaire co-fondateur du GSIEN ( groupement des scientifiques pour l’information sur le nucléaire) connu pour sa liberté de parole. L’Espace MF lui a réservé à un accueil des plus modestes : dans un passage mal éclairé, on a posé pour lui un bout de table, on lui a bricolé un branchement d’ordinateur très aléatoire ( pourtant l’espace Mendès-France se vante d’être au carrefour des média de pointe)… !
Cela n’a pas empêché les quelques courageux auditeurs de recueillir avec la plus grande attention les précieuses mises en garde de ce vieux routier. Ex, sur le prétendu traitement des déchets : pour détruire les éléments radioactifs, on les bombarde du rayonnement d’autres éléments et ce faisant on imite l’illustre Sapeur Camembert qui creuse un trou pour enterrer ses déchets… et un second trou pour enterrer la terre du premier !
Les constructeurs de la centrale de Civaux et de Chooz n’ont pas manqué eux non plus de s’inspirer du Sapeur de génie, et des Shadocks : la tuyauterie comportait un coude et le génial projet, approuvé par toute la hiérarchie des contrôleurs n’avait pas prévu que ce coude serait fragilisé par les forts écarts de température. Il y a eu fuite… D’une façon générale, ces ingénieurs géniaux ignorent superbement les plus élémentaires lois de la physique des fluides. Quotidiennement, ils calculent en dépit du bon sens le réchauffement des eaux servant à refroidir leurs installations. Comme il est pratiquement impossible de prendre des mesures directes, ils se contentent de calculer le réchauffement théorique correspondant à leur production. SAUF que ( comme plus haut dans les canalisations), l’eau chaude et l’eau froide mettent longtemps à se mélanger (c’est pour cela que le Gulf Stream peut venir jusqu’à nous) et la faune aquatique, amibes ou poissons, se cale sur un seul courant, trop chaud pour nos climats. (Dans le même ordre, au Blayais, ils n’avaient pas prévu l’effet de “succion” provoqué par un tsunami).
Méfions nous des calculs sur les “périodes” : une radioactivité réduite mille fois en 3 siècles, ça peut paraître rassurant mais n’oublions pas que les ordres de grandeurs de l’énergie atomique et sa toxicité défient la mesure humaine. Une illustration côté production : sur 3 gigawatts produits, 1 seul est utilisé, 2 sont à évacuer ( pollution thermique)
Perspective ITER – l’énergie du futur (qui le restera) – : si on voulait doter d’une enceinte étanche le tore où est censée s’effectuer la fusion, il faudrait employer pour cela TOUTES les réserves de terres rares de la planète. Et même avec ça, il n’y aurait aucune garantie que ça marche. Ce qui marche par contre c’est la pompe à fric… !
A propos cette fois-ci de la mémoire de l’industrie nucléaire.
À la Hague, haut lieu d’entreposage et de transit des déchets, les zingénieux zingénieurs étaient tout fiers d’avoir numérisé tout un paquet de données sur les produits qu’ils léguaient religieusement à nos descendants. Il a fallu que ces troublions du GSIEN leur fassent remarquer que les logiciels étant soumis à une forte obsolescence, il y avait peu de chance qu’on puisse déchiffrer ces données au delà de qq dizaines d’années. Qui est encore capable de lire les cartes perforées ? Omécévrèça ! dirent les zing’- zing’ en se grattant le crâne. Aux dernières nouvelles, ils sont à la recherche d’un bon papier Canson pour y coucher leurs recommandations qu’ils déposerons déposer à la Bibliothèque Nationale…
Raymond Séné a aussi décrypté la réalité des déchets cachés sous le sigle HAVL : Haute Activité, Vie Longue, tout pour plaire ! Pour l’occasion je suis allée voir Wikipedia et j’ai relevé cette phrase : “Un déchet radioactif est une matière radioactive pour laquelle aucun usage n’est prévu”. Définition taillée sur mesure : le plutonium, infernale saloperie, n’est PAS un déchet puisqu’il sert, soit à fabriquer des bombes, soit à redonner une seconde vie ( plus excitante encore que la première ) à l’uranium “appauvri” auquel on le mélange sous le nom de MOX !
”On” essaie donc de convaincre que faire sauter la planète 10 fois ça suffit pas, que pour faire sérieux et vraiment peur, il faut pouvoir la faire sauter des centaines de fois et “on” fait le forcing pour caser le MOX… Dommage que, depuis Fuku, c’est plus difficile et, comme ça, la France se retrouve avec des étagères pleines de ce non-déchet…
En plus, Raymond Séné a répondu à ma question sur le CEA qui s’est vanté de “recréer des obsidiennes”: on imagine le verre incorruptible or, même les vitraux de la cathédrale de Chartres souffrent des intempéries et du rayonnement solaire. Je lis, là encore Wikipedia :”Les obsidiennes sont le plus souvent datées du Pliocène (2 à 4 millions d’années) ; aucune n’est antérieure au Trias : en effet, cette roche se dévitrifie avec le temps” Elle ne servira pas longtemps de rempart…
– Civaux : H. et J. ont envoyé une lettre à la CLI pour dire leur inquiétude à propos des erreurs sur la mesure des débits et de la température. Nous attendons la réponse et nous réagirons collectivement. H. fait aussi remarquer que le SAGE, schéma de gestion de l’eau, à peine – enfin- mis en place pour la Vienne et le Clain, voit déjà sa composition renouvelée… ce qui repousse les réunions sine die. De toutes façons, le Préfet refusait d’inscrire les problèmes de Civaux dans le schéma…
– préparation de la soirée du mercredi 25 janvier, 20h 30.
Nucléaire : une démocratie oubliée
Quels problèmes démocratiques soulève le nucléaire?
Quelles informations sont transmises aux populations?
Comment les populations peuvent-elles se réapproprier leur pouvoir de décision ?
Témoignages et débat proposés par la coordination pour la sortie du nucléaire .
Nous avons listé ces thèmes :
– le poids international, le lobby et l’OMS
– la centralisation (moins forte en Allemagne)
– les financements
– les médias
– le local : la CLI, une info superficielle. Comment résister ?
– autres actions : H. propose de sillonner Poitiers en vélo pour distribuer des tracts… après les fêtes !
Pendant ce temps-là, les réacteurs évaporent 1m3 d’eau par seconde mais, pas de panique puisque les autorités vont être en mesure d’arrêter non pas le gaspillage d’eau ni la radioactivité mais au moins les terroristes écolos : une “force d’intervention rapide” (sic) sera opérationnelle dès … 2013 !
Francesca, vu sur Démocratie réelle Maintenant 86, 20 décembre 2011