Deux policiers visés par la justice après une interpellation « musclée » à Clermont
Deux policiers sont visés par une information judiciaire pour coups et blessures volontaires, après l’interpellation « musclée » à Clermont-Ferrand la nuit du réveillon d’un homme de 30 ans, dans le coma depuis, pour lequel plus de 500 personnes ont réclamé justice samedi.
« Il y a eu une interpellation avec une force certaine en raison du comportement désordonné de l’intéressé », a indiqué le procureur de la République par intérim à Clermont, Gérard Davergne. Il a ouvert vendredi une information judiciaire pour « coups et blessures volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique ».
Wissam El-Yamni était sous l’emprise de l’alcool, du cannabis et de la cocaïne au moment des faits.Il a été arrêté vers 2H30 dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, près d’un centre commercial dans le quartier de la Gauthière, alors qu’il était très excité, d’après les forces de l’ordre, et s’en était pris aux policiers, lançant des projectiles sur leur véhicule.
Après une course-poursuite, il a été plaqué au sol, menotté puis conduit au commissariat. Il est tombé dans le coma après un malaise cardiaque durant son transport. Il n’avait pas d’antécédents médicaux.
Il présentait des fractures et des lésions au cou lors de l’arrivée des secours.
L’information judiciaire devra déterminer si l’interpellation, que le procureur qualifie lui-même de « musclée », était « nécessaire ou illégitime » compte tenu « de l’état de la victime ».
M. Davergne s’est appuyé sur l’enquête menée sur place cette semaine par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) de Lyon pour désigner les deux fonctionnaires qui ne sont pas suspendus à ce stade de l’enquête.
Selon l’avocat des proches de M. El-Yamni, Me Jean-François Canis, « la famille est déçue que l’information ne concerne que deux policiers » alors qu' »une dizaine de voitures de police étaient présentes lors de l’interpellation », d’après les éléments qu’elle a recueillis. Ce chiffre est contesté par le procureur, qui évoque au maximum trois véhicules.
La famille doit se constituer partie civile lundi.
Environ 500 à 600 personnes ont défilé silencieusement samedi après-midi à Clermont-Ferrand pour réclamer justice.
Les participants, des jeunes gens issus des quartiers populaires de la ville pour l’essentiel, se sont rendus devant le commissariat pour un rassemblement Assis, derrière une banderole sur laquelle était inscrit « Personne au-dessus des lois, stop bavure, on est tous avec toi Wissam ».
Depuis son interpellation, une tension palpable est perceptible à Clermont-Ferrand. Au cours des deux dernières NUITS, une trentaine de véhicules au total ont brûlé dans différents quartiers de la ville. « Ce soir pas de violence, aucune voiture brûlée, aucune vitre cassée », a exhorté un des organisateurs de la protestation silencieuse, ami de la victime.
Le préfet du Puy-de-Dôme Francis Lamy a affirmé lors d’une conférence de presse qu’il « ne laisserai(t) pas s’installer de zone de non-droit à Clermont-Ferrand ». Environ 200 policiers, dont deux compagnies de CRS, ont été mobilisés pour la nuit de samedi à dimanche.
« Chaque personne qui sera en situation d’être interpellée le sera », a ajouté le représentant de l’Etat.
AFP, 7 janvier 2012