[Grasse] En mémoire d’Abdelhakim : « Nous sommes tous des victimes potentielles »

Manifestation à Grasse en mémoire d’un jeune homme mort lors d’une interpellation

Deux cents personnes se sont rassemblées samedi à Grasse en mémoire du jeune Abdelhakim Ajimi, mort au cours d’une interpellation mouvementée en 2008, alors que sept policiers devront s’en expliquer devant la justice du 16 au 20 janvier.

Les parents (G et D), les frères et la soeur (C) de Abdelhakim Ajimi, mort au cours d'une interpellation mouvementée, participent à un rassemblement, le 07 janvier 2012 à Grasse

Les parents (G et D), les frères et la soeur (C) de Abdelhakim Ajimi, mort au cours d’une interpellation mouvementée, participent à un rassemblement, le 07 janvier 2012 à Grasse

« Cela fait quatre ans qu’on se bat pour ce procès, affirme Boubaker Ajimi, le père de la victime. C’est un combat dur, on a perdu un enfant de 22 ans, ce n’est pas facile ».

« Ce n’est pas un procès contre la police, mais contre des policiers qui doivent être jugés comme des citoyens », précise à l’AFP l’homme, qui a toujours appelé les jeunes de Grasse à « rester calmes » face à l’affaire.

Deux fonctionnaires de la brigade anti-criminalité (Bac) seront jugés dans une semaine pour « homicide involontaire » et « non-assistance à personne en danger » devant le tribunal correctionnel de Grasse. Les cinq autres sont poursuivis pour « non-assistance à personne en danger ».

A bout, Lasse de croiser ces policiers, la famille Ajimi a fini par déménager de Grasse il y a deux ans. « Ils tournent la tête, je ne parle pas à des gens inhumains », dit Boubaker Ajimi.

Pour leur ancien voisin de palier Walid Klai, « Hakim » Ajimi, arrivé de Tunisie à 16 ans, était un jeune homme « beau et bien intégré ». Après une altercation dans une agence bancaire, il avait été interpellé par la police en rentrant chez lui, puis menotté et plaqué au sol dans la rue.

Nora Benameur, militante d’une association venue spécialement d’Avignon dans un autocar d’une cinquantaine de personnes, s’est déplacée « par solidarité envers la famille », a-t-elle dit à l’AFP.

Plus généralement, elle entend aussi dénoncer « des crimes similaires qui sont perpétrés en France », des actions policières qui « ciblent les quartiers populaires, notamment les Noirs et les Arabes ». « Nous sommes tous des victimes potentielles », affirme-t-elle.

Après divers épisodes judiciaires, la Cour d’appel d’Aix-en-Provence avait infirmé en 2010 une ordonnance de non-lieu rendue par un juge d’instruction de Grasse.

Les rapports d’expertise médicale ont conclu que la mort du jeune homme était due à une asphyxie mécanique, résultat d’une compression thoracique et d’une clef de Bras pratiquées par les policiers avec trop de force et durant trop longtemps.

Selon Me Gérard Baudoux, qui défend les deux policiers de la Bac, ses clients risquent un maximum de 3 années de prison. « Je ne vois pas ce que l’on peut reprocher à l’un ou à l’autre, il n’ont fait qu’appliquer ce qu’on leur apprend à l’école de police », plaidera-t-il.

AFP, 7 janvier 2012