Il part en prison, sa mère pousse un coup de gueule
Mehdi, un Châtelleraudais de 23 ans, était convoqué jeudi dernier au commissariat de police de Châtellerault. Il n’en est pas ressorti libre. Il a été directement emmené, à la prison de Vivonne. Motif : il n’a pas effectué un TIG (Travail d’intérêt général), après une condamnation en 2009 pour des faits de petite délinquance. Or, selon sa mère, Nadira, qui a poussé la porte de la rédaction pour pousser « un coup de gueule », non seulement il est, affirme-t-elle, « allé à tous ses rendez-vous du SPIP (Service pénitentiaire d’insertion et de probation) », chargé du suivi des personnes condamnées, mais également « nous avons contacté la personne chargée du dossier et pour savoir si elle avait trouvé un lieu d’accueil pour que Mehdi effectue son TIG ». Sans résultat. Et le TIG s’est transformé en prison. Trois mois.
« Nous sommes choqués »
Une situation intolérable pour sa mère qui a pris sa plume pour interpeller le procureur de la République : « Nous sommes très choqués et surpris du déroulement de cette procédure, étant donné qu’aucun appel téléphonique ni courrier n’ont précédé cette incarcération. Nous étions complètement d’accord pour que Mehdi soit condamné pour les bêtises qu’il a faites. Mais là, nous avons l’impression qu’il est victime de traitement injuste. »
D’autant qu’en 2010, poursuit sa mère, Mehdi, condamné dans une autre affaire, a purgé une peine d’un an de prison. « Cette incarcération concernait plusieurs petits délits. On pouvait penser que cette peine remplaçait les TIG. »
Elle saisit le procureur
Nadira craint que cette nouvelle incarcération « brutale » ne le « déconstruise » car il a été « traumatisé lors de son incarcération en 2010 et un suivi psychologique a été nécessaire pour qu’il aille mieux ».
La mère de Mehdi, qui invite le procureur de la République à « revoir ce dossier », aimerait « comprendre le déroulement de tous ces événements afin de mieux les vivre et d’aider Mehdi à se construire sa vie d’adulte ». Mehdi est en prison jusqu’au 15 mars.
Au parquet de Poitiers, on explique que lorsqu’un TIG n’est pas exécuté, la justice peut être amenée à prendre une nouvelle décision judiciaire et condamner le prévenu à une peine de prison ferme. Ce dernier fait alors l’objet d’une « fiche d’écrou » et est recherché par la police pour être conduit en prison.
Nouvelle République, D.F., 10 janvier 2012