Fonderie Aluminium : » Il y aurait trois repreneurs «
L’avocate du CE de la Fonderie Alu, M e Malika Ménard, évoque le dossier à six jours d’une audience déterminante au tribunal de commerce de Nanterre.
Me Malika Ménard : « C’est plutôt rassurant de savoir que le mandataire a trois projets de reprise ». –
La prochaine audience de tribunal de Nanterre approche (*). Où en est le dossier de la Fonderie Alu ?
« Officieusement, il y aurait trois repreneurs (voir par ailleurs). On entend dire que le 3e projet de reprise, ce serait un plan de continuation de Montupet. Ce serait une grosse surprise ! »
Vous êtes plutôt confiante ?
« C’est plutôt rassurant de savoir que le mandataire a trois projets de reprise. Ça veut dire que des gens ont envie de continuer avec nous. Mais je le répète : je suis très surprise de l’éventuel revirement de Montupet. Ça me scotche un peu.
« Je suis très surprise du revirementde Montupet »
Je ne comprends pas pourquoi ils changeraient de comportement alors qu’ils affirmaient que l’usine n’était pas viable sans leur plan de compétitivité. »
Mais l’espoir revient quand même…
« On est là parce que depuis le départ on y croit ! Sinon, on n’aurait pas accepté la liquidation depuis novembre. Il y a une vraie spécificité de cette entreprise avec une compétence particulière des salariés […] C’est une belle boîte avec une vraie optique de développement. C’est une entreprise qui ne doit pas avoir de difficulté économique si on lui donne suffisamment d’activité. »
Vous jugez comment l’attitude du gouvernement dans cette affaire ?
« Pour l’instant, ce ne sont que des paroles. Mais tous les soutiens d’où qu’ils viennent sont les bienvenus, vous savez. Après le changement de position de Renault, en fin d’année, on peut croire qu’il y a eu une intervention réelle de la part du gouvernement. »
Vous exigez quoi des projets de reprise ? Que tous les emplois soient sauvés ?
« Oui, on se battra sur le nombre de salariés repris et sur la pérennité de l’entreprise. Il faut un vrai projet industriel. On doit se poser pour des années. On ne veut pas d’un repreneur qui vient pour pomper des savoir-faire et de l’argent. »
Vous connaissez d’autres cas où ce type de chantage aux salaires s’est produit ?
« Il y a des entreprises dans la région où ça s’est fait. Même si ce n’est pas du niveau de Montupet. Pour la fonderie, la seule chance c’est que c’est une boite structurée où il y a une forte tradition syndicale. Les gens se sont battus tout de suite. Ailleurs, où il n’y a pas de vraie représentation, les salariés baissent les bras. Le problème, c’est qu’on n’a pas de cadre juridique pour empêcher ça »
Plus globalement, vous constatez une dégradation du climat social avec la crise ?
« Oui, ça s’est considérablement dégradé. On a des entreprises qui font de l’argent mais il n’y a pas de hausse de salaires et il n’y a plus de dialogue social. C’est devenu très difficile ! »
(*) L’audience est prévue mercredi prochain mais une demande de report au 25 janvier a été déposé par l’administrateur judiciaire.
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Probable visite d’Eric Besson à la fonderie, lundi
De source syndicale, le fondeur français Arche (1.200 salariés, six sites de production) et Aiken, un investisseur américain, serait sur les rangs pour la reprise de la fonderie. Montupet aurait donc aussi déposé un dossier de continuation d’activité. Une demande de report d’une semaine de l’audience du 18 janvier à Nanterre, a été déposée par ailleurs par l’administrateur judiciaire, selon Éric Bailly de la CGT Fonderie. Ce délai permettrait de parfaire les dossiers des repreneurs et de laisser passer une nouvelle réunion sur le sujet avec Renault, prévue le 20 janvier. Enfin, on a appris, hier, qu’un membre du gouvernement, en l’occurrence le ministre de l’Industrie Eric Besson, devrait se déplacer à Ingrandes dans les tout prochains jours, probablement lundi.
Nouvelle République, recueilli par Franck Bastard, 12 janvier 2012