[Civaux] Nucléaire : nous voilà bien rassurés…

Les leçons de Fukushima à la centrale de Civaux

Des travaux seront réalisés pour assurer le refroidissement des réacteurs en cas de catastrophe, comme le préconise le rapport de l’Autorité de sûreté.

L'annonce des mesures de renforcement des installations a été faite à la CLI, hier.

 

L’annonce des mesures de renforcement des installations a été faite à la CLI, hier. – (Photo Laurent Favreuille)

 

A l’échelle de la vallée Vienne, la rupture du barrage du lac de Vassivière provoquerait l’équivalent d’un tsunami qui déferlerait sur Civaux. Cette condition extrême, comme d’autres liées à un violent séisme ou à une rupture de l’alimentation électrique, a été envisagée par l’Autorité de sûreté nucléaire qui vient de rendre un rapport sur les évaluations complémentaires conduites après l’accident nucléaire de la centrale de Fukushima Dai-ichi pour tirer les premiers enseignements de la catastrophe.

Sa déclinaison poitevine a été présentée, hier, aux membres de la commission locale d’information (CLI) de la centrale nucléaire de Civaux. Des travaux de mise en conformité devront être réalisés sur le site ; ils consistent essentiellement à doter chaque réacteur d’un groupe électrogène diesel et d’une pompe autonome pour assurer leur refroidissement en cas d’accident majeur.

«  Ne pas céder à la panique  »

« On nous demande aussi de garantir le refroidissement du combustible dans la piscine ; on doit être en permanence en capacité de l’alimenter en eau et cela demandera des moyens complémentaires », explique Jean-Paul Joly, le directeur de la centrale de Civaux. « On avait déjà prévu d’investir 500 millions d’euros dans chaque centrale pour prolonger leur durée de vie, il faudra ajouter en moyenne 100 millions par site pour tenir compte de ce rapport. » Avant l’été prochain, la direction d’EDF devra définir les priorités pour le « noyau dur » du site. Les études seront menées au cours de cette année et tous les travaux devront avoir été réalisés avant 2018. Un chantier relativement modeste : « Notre centrale se trouve déjà à l’abri d’inondations exceptionnelles sur la base d’un effacement du lac de Vassivière avec un débit de la Vienne de 3.500 m3 par seconde », ajoute Jean-Paul Joly. « Elle fait aussi partie des dernières centrales à avoir été conçues et bénéficie de nombreuses améliorations par rapport aux précédentes ; elle utilise notamment beaucoup moins d’eau. »
Peut-on considérer que les leçons de Fukushima ont été tirées ? « Non, il faudra des années pour tirer tous les enseignements », répond le représentant d’EDF. « Cette catastrophe a éveillé les vigilances dans un domaine extrêmement important », estime Roger Gil, le président de la CLI. « Il ne faut pas céder à la panique mais se dire qu’elle est une source pour l’action. » Neuf mois après, le chantier est engagé.

Nouvelle République, Baptiste Bize, 13 janvier 2012

Une force d’action rapide de 60 à 80 membres

La création d’une Force d’action rapide nucléaire (FARN) figurait parmi les mesures annoncées au début du mois lors de la publication du rapport de l’Autorité de sûreté nucléaire sur les évaluations post-Fukushima. La direction d’EDF a confirmé, hier, qu’une des quatre équipes de cette force serait basée sur le site de Civaux pour, en cas de catastrophe, intervenir en urgence dans les centrales de la vallée de la Loire et du Sud-Ouest et en renfort sur tout le territoire national.
Cela se traduira par la création de 60 à 80 postes dans la Vienne avant fin 2013. « Nous allons recruter une trentaine de personnes dès cette année : des ingénieurs, des mécaniciens, des robinetiers, des électriciens et des radioprotectionnistes, des spécialistes de télécommunications », précise Jean-Paul Joly, le directeur de la centrale locale qui emploie déjà près de 700 personnes résidant dans un rayon de 10 km.

Nouvelle République, 13 janvier 2012