[Poitiers] Conférence-débat avec les faucheurs d’OGM

 Les faucheurs font leur show à la veille de leur procès

Sept des prévenus, leurs avocats et témoins ont animé un débat public hier à la veille de leur comparution devant la cour d’appel.

Prévenus et fiers de l'être : faucheurs volontaires et avocats avant la conférence débat sur le danger des OGM.

 Prévenus et fiers de l’être : faucheurs volontaires et avocats avant la conférence débat sur le danger des OGM.

Six mois après leur relaxe par le tribunal correctionnel de Poitiers, huit faucheurs volontaires de maïs transgénique sont cités ce matin, sur appel du parquet, devant la cour d’appel. Six d’entre eux sont des militants anonymes ; le septième, François Dufour, est vice-président du conseil régional de Basse-Normandie. Le dernier enfin, et leur porte-parole naturel, n’est autre que le député européen vert et militant paysan José Bové.

Dès hier, les prévenus, leurs avocats et leurs témoins (les professeurs de biologie Jacques Testart et Pierre-Henri Gouyon) ont animé une conférence débat à Poitiers autour des OGM et des risques qu’ils représenteraient. En fin d’après-midi, les mêmes ont présenté le contexte de ce procès en appel : « C’est clair que le parquet a fait appel sur ordre de la Chancellerie, a notamment martelé José Bové. D’un côté, on a un ministre de la Justice qui s’acharne et de l’autre une ministre de l’Environnement et un président de la République qui annoncent qu’ils vont prendre un nouvel arrêté pour interdire les OGM ! »
Aujourd’hui, les prévenus, tout en revendiquant leur action du 15 août 2008 à Civaux et Valdivienne, vont plaider la relaxe : « On revendique une action mais pas d’être condamnés ! s’amuse le député européen. C’est le choix du parquet de nous poursuivre. Il se plante : c’est son problème. »
Les avocats, Marie-Christine Etelin et Nicolas Gallon, au cours de ce procès prévu sur une journée, s’appesantiront cependant sur le fond du dossier en plaidant « l’état de nécessité ». Leur thèse : les essais de Monsanto étaient illégaux (ils ont d’ailleurs été annulés après leur destruction par le Conseil d’État). Il fallait donc empêcher la récolte d’avoir lieu : « En fauchant des parcelles illégales, nous nous sommes faits des auxiliaires de justice », avance José Bové.
Le député vert a par ailleurs annoncé une vaste mobilisation de « milliers de faucheurs volontaires » au mois d’avril si de nouveaux champs étaient ensemencés de maïs transgénique faute d’arrêté ministériel les interdisant.

Nouvelle République, Vincent Buche, 13 janvier 2012