[Saint-Savin] Aubade aux prud’hommes

Aubade aux prud’hommes : Chantal veut une bonne somme

66 ex-salariées d’Aubade ont contesté leur licenciement aux prud’hommes. Chantal Barrat, l’une d’elles, attend le délibéré de ce lundi avec impatience.

Chantal Barrat (au premier plan, au centre) lors d'une manifestation à Paris, en fin d'année 2009.

 

Chantal Barrat (au premier plan, au centre) lors d’une manifestation à Paris, en fin d’année 2009. – (Photo d’archives)

Elle a travaillé 27 ans chez Aubade, à Saint-Savin, où elle a occupé à peu près tous les postes : la coupe, la machine, la finition, l’expédition. Chantal Barrat, 47 ans, de Saint-Germain, n’est pas prête d’oublier ce 18 janvier 2010, le jour où « son » usine a fermé. Deux ans après, elle n’a toujours pas digéré : « Il y avait du travail, de l’argent dans cette boîte. On voit des entreprises qui coulent à cause d’un gros problème d’argent. Nous, c’était pas le cas… »

Comme 66 des 103 « petites mains » licenciées à cette époque, la mère de famille n’a eu aucun scrupule à porter l’affaire devant le conseil des prud’hommes de Poitiers, pour y dénoncer le motif « boursier », et non économique, de ce plan social.

«  Je n’ai pas l’intention de sauter d’un pont  »

Le jugement doit être rendu public ce lundi, 14 mois après l’audience. Chantal « espère que ça va aboutir ». Autrement dit que le conseil des prud’hommes va donner raison aux ex-salariées. « Ils (la direction d’Aubade, NDLR) peuvent payer, et ils le méritent. Je passe souvent devant l’usine, et à chaque fois, je vois ces grilles fermées, ça remue ! »
Ce qu’elle attend concrètement de ce jugement ? « Une bonne somme », sourit-elle, assurant ne plus se souvenir du montant exact réclamé par son avocat. Pour mémoire, à l’audience, fin 2010, des indemnités allant de 18 à 32 mois de salaires (soit des sommes allant de 22.000 à 40.000 €) avaient été réclamées.
Un chèque qui pourrait l’aider à boucler des fins de mois parfois difficiles. Et pour cause : depuis son licenciement, la quadragénaire a d’abord connu le chômage, puis six mois de formation d’auxiliaire de vie au Vigeant, suivis de six mois de remplacements à l’ADMR… Et, enfin, un retour à la case chômage le mois dernier.
« A la maison, le budget est serré, on calcule tout, et le moral n’y est pas toujours, explique-t-elle. Heureusement, je suis bien entourée : mon mari et mes enfants sont là, ils ont tous du travail – je touche du bois –, la maison est payée…. »
Chantal avoue que « l’avenir (lui) fait peur ». Mais elle n’est pas du genre à baisser les bras : « Il y a eu des moments difficiles, il y en aura encore Mais je n’ai pas l’intention de sauter d’un pont ! Il y a encore plein de belles choses à faire et à vivre. Mon nouveau métier me plaît bien. C’est physique, mais ce contact avec les personnes, j’aime bien. »
Elle espère « trouver du boulot rapidement », par exemple en maison de retraite. En cette période de vœux, c’est ce qu’on peut lui souhaiter de mieux !

Nouvelle République, Anthony Floc’h, 16 janvier 2012