[Civaux] Le directeur de la centrale en correctionnelle

Le directeur de la centrale de Civaux en correctionnelle

Sept salariés de la centrale de Chooz accusent Jean-Paul Joly, leur ancien directeur, de harcèlement. Il sera jugé mercredi dans les Ardennes.

Jean-Paul Joly dirige la centrale EDF de Civaux depuis 2008.

 

Jean-Paul Joly dirige la centrale EDF de Civaux depuis 2008.

Les plaignants qui s’expriment dans les colonnes du journal L’Ardennais dressent le portrait d’un tyran. « Un adepte du management par la terreur qui a causé des dégâts énormes », ajoute Marie-Pierre Lavandier, du syndicat CFE-CGC. Jean-Paul Joly, directeur de la centrale nucléaire de Chooz de 2001 à 2008, est accusé de harcèlement par sept salariés du site des Ardennes.

Sur la base d’un rapport de l’inspection du travail qui avait été interpellée dès 2007, le parquet de Charleville-Mézières a renvoyé l’actuel directeur de la centrale de Civaux en correctionnelle pour des faits qui remontent à la période 2005-2008. L’audience a été fixée au 18 janvier prochain.
Dans la Vienne, où Jean-Paul Joly est en poste depuis plus de trois ans, ces accusations étonnent. Selon un représentant du personnel, les agents qui ont connu le directeur à Chooz et à Civaux indiquent en effet qu’il a changé de comportement, le jugeant plus « docile ». Tout juste lui est-il reproché, ici, son manque de respect pour les instances syndicales.

 » C’est une usine pas comme les autres  »

« Au-delà des cas particuliers, il y avait véritablement un problème à Chooz », assure l’animatrice de la fédération CFE-CGC de Champagne-Ardenne. « C’était une méthode de direction, une pratique du personnage, sa manière d’être, sa façon de s’adresser aux agents, de mener les affaires… Croyez-vous que l’inspection du travail aurait fait un signalement s’il n’y avait pas eu de problème ? »
Pour la défense de Jean-Paul Joly, Me Jean-Pierre Mignard assure pourtant qu’il ne s’agit que de « divergences sur des choix d’orientation entre la direction et un petit groupe de personnes ». « Nous ne nions pas l’existence d’un conflit mais en renvoyant M. Joly en correctionnelle, c’est une violence à la loi pénale que l’on fait ; la loi pénale est torturée pour infliger une leçon à M. Joly », insiste le célèbre avocat du barreau de Paris. « Nous contestons donc les faits de harcèlement, l’infraction est d’ailleurs extrêmement difficile à établir. »
A la fédération CGT Mines Énergies, Laurent Langlard observe que le conflit intervient dans un cadre très particulier : « Une centrale, c’est une usine pas comme les autres dans laquelle on travaille en vase clos. Tout y est extrêmement sensible. » A commencer par les rapports humains.

Nouvelle République, Baptiste Bize, 16 janvier 2012