Lejaby: des salariés passent la nuit dans leur usine menacée
Les quelque 90 salariés du fabricant de lingerie Lejaby à Yssingeaux (Haute-Loire) passe la nuit dans leur usine d’assemblage, la dernière de la marque en France, menacée de fermeture, avant l’audience mardi à Lyon devant le tribunal de commerce, a-t-on appris lundi de source syndicale.
« Avant la décision du tribunal sur un repreneur, nous voulons dire que l’on n’est pas d’accord pour délocaliser », a déclaré à l’AFP Bernadette Pessemesse, déléguée CGT.
Dans la matinée lundi, entre 70 et 80 des 93 salariés de l’usine, selon les gendarmes ou les organisateurs, ont manifesté dans les rues d’Yssingeaux.
Pour la nuit, les salariés ont apporté matelas et sacs de couchage pour s’installer dans le réfectoire. La direction du site ne s’y est pas opposée.
Mardi matin, ils rendront en cars à Lyon où une action est prévue à midi sur les pentes de la Croix-Rousse, avant l’audience qui doit débuter à 14H30 concernant le sort de Lejaby, qui emploie 450 personnes en France et est en liquidation depuis le 22 décembre.
« Selon ce que dira le tribunal, nous envisagerons la suite », a ajouté la déléguée CGT.
L’un des repreneurs potentiels, Alain Prost, entend fermer l’atelier, dont la distance avec le siège de Rillieux (Rhône) induit de lourds frais de port. 194 personnes seraient conservées à Rillieux, où « une petite équipe de production » serait cependant constituée.
L’autre offre, celle de la PME Canat, spécialiste de la lingerie de nuit basé à Millau (Aveyron), prévoit de garder la moitié des effectifs d’Yssingeaux, ainsi qu’une centaine de salariés à Rillieux, soit 170 personnes au total.
La fédération textile-habillement-cuir de la CGT craint que le repreneur ne vise qu’à « reprendre la marque » et « licencie les infrastructures productives ».
« Nous voulons sauvegarder l’emploi en France », martèle la fédération dans un communiqué. « Le président de la République et le gouvernement font beaucoup de tapage électoral contre les délocalisations à l’étranger, mais tout cela n’est que poudre aux yeux. En fait, en catimini, ils encouragent les repreneurs qui cassent l’emploi en France », estime-t-elle.
AFP, 17 janvier 2012