Trois ex-détenus français témoignent des tortures subies à Guantanamo

Guantanamo: trois Français dénoncent des mauvais traitements et humiliations

La juge d’instruction Sophie Clément, dans sa demande d’enquête adressée aux autorités américaines sur d’éventuels actes de torture commis sur trois Français à Guantanamo, relate textuellement les accusations de mauvais traitements et humiliations énoncées par ces hommes.

Un détenu dans l'enceinte de la prison américaine de Guantanamo en octobre 2009. Image contrôlée par l'armée américaine avant transmission.

Un détenu dans l’enceinte de la prison américaine de Guantanamo en octobre 2009. Image contrôlée par l’armée américaine avant transmission.
 

 

Saisie de plaintes de ces trois ex-détenus revenus en France en 2004 et 2005, la juge cherche à vérifier ces déclarations, déjà partiellement relatées dans les médias, et à identifier d’éventuels responsables.

Selon Mourad Benchellali, dès la détention à Kandahar (Afghanistan), « nous avons été frappés, déshabillés, humiliés. Ils nous empilaient les uns sur les autres alors que nous étions nus et ils prenaient des photos ».

« Ils nous menottaient dans des positions douloureuses comme par exemple attachés à une barre au-dessus de notre tête ou bas dans notre dos ».

Khaled Ben Mustapha a « par ailleurs décrit des violences sexuelles qu’il aurait subies à Kandahar, qu’il désignait comme des +attouchements+ mais qui seraient susceptibles de constituer des viols », écrit la juge.

A Guantanamo, « là aussi côté hygiène c’était terrible. Ils mélangeaient les seaux d’excréments avec les seaux d’eau au moment où ils les vidaient et les remplissaient », assure Khaled Ben Mustapha.

Les trois ex-détenus ont aussi relaté les conditions d’interrogatoires qu’ils disent avoir subis.

« On était tout le temps traînés, battus, interrogés. Pour faire souffrir quelqu’un, ils le mettaient par exemple dans une pièce où il y avait des baffles et ils mettaient plusieurs musiques en même temps à fond et ils l’empêchaient de dormir », a relaté Nizar Sassi.

Khaled Ben Mustapha a par ailleurs relaté « des provocations » écrit la juge. « Pour certains interrogatoires quand on ne voulait pas parler, ils prenaient le Coran et le piétinaient, sachant très bien qu’on avait ces valeurs-là. C’était très fréquent qu’il prennent le Coran, qu’ils le jettent dans les seaux où il y avait les excréments, par provocation », a dit Khaled Ben Mustapha.

Les trois hommes ont aussi affirmé avoir subi une administration forcée de médicaments.

« Ils nous faisaient prendre des médicaments. Il y avait des vaccins obligatoires ou des pilules qui nous donnaient des Maux de tête. Après certains médicaments, les médecins venaient pour savoir comment ils avaient agi et comment on se sentait. On a eu l’impression qu’ils faisaient des expériences sur nous », a dit Mourad Benchellali.

AFP, 17 janvier 2012

ndPN : notons qu’Obama n’a toujours pas fait fermer Guantanamo, où l’immense majorité des détenus n’étaient même pas, de l’aveu de l’administration américaine, impliqués dans des actes de « terrorisme » au moment de leur rafle par l’armée…  Ajoutons aussi que la France, concernant les trois personnes dont l’article ci-dessus rapporte les témoignages, a poursuivi la répression :

[…]A leur retour en France, les trois plaignants avaient effectué entre 11 et 17 mois de détention. Ils ont été condamnés à un an de prison ferme pour terrorisme en 2011 mais ont annoncé vouloir se pourvoir en cassation.[…]

AFP, 17 janvier 2012