Roumanie : 7.000 manifestants appellent à la démission du président
Quelque 7.000 personnes, selon la gendarmerie, ont défilé jeudi à Bucarest à l’appel de l’opposition pour demander la démission du président roumain Traian Basescu, a constaté une journaliste de l’AFP.
Par ailleurs, des rassemblements ont eu lieu jeudi soir pour le septième jour consécutif afin de dénoncer pêle-mêle les mesures d’austérité, la « dictature du FMI » et la « corruption » de la classe politique, majorité et opposition confondues.
Dans l’après-midi, des militants et des sympathisants de l’opposition venus de tous les départements du pays, ont défilé près du palais du gouvernement à Bucarest en scandant « A Bas Basescu ! », « Démission ! » ou encore « N’ayez pas peur, Basescu chutera ! ».
« Les gens sont en colère car ils ont perdu leur emploi, on a réduit leur retraite, ils se sont sentis humiliés », a lancé à la foule l’un des deux coprésidents de l’Union sociale-libérale (USL, opposition), Victor Ponta.
« Ce qui nous unit tous, c’est que nous crions +Jos Basescu !+ (A bas Basescu ! ndlr), mais nous devons aller au-delà et proposer des solutions pour ce pays », a-t-il ajouté.
« Basescu nous a appauvris, tandis que son parti démocrate-libéral (PDL) s’est enrichi. Nous devons tous descendre dans la rue pour protester », a déclaré à l’AFP Sorin Mateescu, un fonctionnaire du département d’Ilfov (voisin de Bucarest) âgé de 53 ans.
« Nous sommes ici pour dénoncer la corruption et l’incompétence des gouvernants », a expliqué un diplômé en stomatologie et mathématiques, actuellement au chômage, Victor Rusinaru.
La manifestation de l’opposition était organisée une semaine après le début d’un vaste mouvement de protestation provoqué par la démission forcée du fondateur du service des urgences, Raed Arafat, après un conflit avec M. Basescu sur un projet controversé de réforme de la santé.
Ces rassemblements qui ont lieu tous les soirs dans plusieurs villes du pays depuis sept jours réunissent des manifestants exprimant un mécontentement général à travers des revendications diverses : fin de l’austérité, opposition à un projet controversé de mine d’or, démission du président Basescu, critiques à l’encontre de l’opposition.
Le Premier ministre Emil Boc ainsi que des analystes ont ainsi évoqué des manifestations « contre le système ».
Jeudi soir à Bucarest, environ 1.500 personnes ont bloqué la circulation sur la place de l’Université, haut lieu de la contestation au moment de la chute du régime communiste en 1989.
Outre les « A bas Basescu ! », des manifestants ont scandé des slogans tels que : « PDL (parti au pouvoir), USL (opposition), même misère ! », « PDL-USL, corruption ! ».
« Nous sommes venues manifester car nous en avons marre de l’actuelle classe politique, je devrais même dire caste politique, que ce soit l’opposition ou le pouvoir », a déclaré à l’AFP Maria Alexandru, 27 ans diplômée de la faculté de lettres.
« Ce sont toujours les mêmes gens depuis 22 ans. Il faut un changement de mentalité », a-t-elle ajouté.
AFP, 19 janvier 2012