Fuite radioactive à Civaux : des » défaillances » pointées
Les communiqués apaisants d’EDF après la fuite de tritium se heurtent au constat sévère de l’Autorité de sûreté nucléaire, qui pourrait saisir le parquet.
Selon le Journal du Dimanche daté d’hier, l’Autorité de sûreté nucléaire n’écarterait pas la possibilité de saisir le parquet, après la fuite importante de tritium radioactif dans la nappe phréatique découverte le 13 janvier à Civaux.
Une mission d’inspection de l’ASN s’est rendue mardi dernier sur le site pour vérifier l’état des bassins de rétention. Selon Anne-Cécile Rigail, chef de la division ASN Sud-Ouest à Bordeaux, citée par le JDD, le revêtement du bassin de rétention en résine est fissuré et craquelé, ce qui caractérise des défaillances notables et une mauvaise application de la réglementation.
Poursuites pénales ?
Celle-ci exige de l’exploitant de la centrale, en l’occurrence EDF, qu’il inspecte ses bassins de rétention. Si la dernière inspection officielle a eu lieu il y a seulement trois ans, les agents d’EDF auraient dû, estime l’ASN, constater visuellement la dégradation des bassins.
Le « gendarme du nucléaire » va poursuivre la procédure prévue en cas d’incident. Il y aura tout d’abord une « lettre de suite » qui sera rendue publique : celle-ci fixera les obligations spécifiques imposées à EDF pour éviter le renouvellement d’une telle fuite.
Mais l’ASN peut ne pas s’en tenir là. Si l’Autorité estime que l’exploitant a failli, elle a la possibilité, comme tout organisme chargé de contrôles officiels, de dresser un procès-verbal et de le transmettre au Procureur de la République de Poitiers, à charge pour lui d’engager ou non des poursuites pénales visant la personne morale (EDF), voire les responsables de la centrale de Civaux.
Le 13 janvier, des analyses réalisées par EDF dans la nappe phréatique située sous la centrale nucléaire de Civaux ont révélé une concentration inhabituelle de tritium, rappelle Arnaud Clairand, porte-parole du groupe local EELV de Poitiers Sud-Vienne. Cette information n’a été reconnue que le 18 janvier dernier, qui plus est avec discrétion, sur le site Internet d’EDF, accompagnée de précisions rassurantes : « L’eau de cette nappe phréatique ne fait l’objet d’aucun usage direct, ni pour l’eau potable ni pour les besoins agricoles ». Or, n’importe quel hydrogéologue sait qu’une nappe phréatique peut présenter des résurgences et qu’elles participent à alimenter nos cours d’eau ou bien d’autres nappes phréatiques.
Nouvelle République, 23 janvier 2012