Le chantier des maisons en bois stoppé
A Vendeuvre, six couples qui construisaient eux-mêmes leur maison sont aujourd’hui en plein désarroi à cause de désordres affectant leur fondation.
Faudra-t-il tout démolir ? Pour Charles Nicol, le président de Toit par toi, à cette solution extrême, d’autres existent comme les reprises en sous-œuvre.
Amertume, désarroi, colère, ces mots reviennent régulièrement dans la bouche des six couples et familles qui se sont lancés, en juillet dernier, dans l’aventure de l’accession à la propriété en construisant eux-mêmes leur maison en bois avec l’aide d’un animateur en auto-construction et l’appui de l’association Toit par toi, à l’origine du projet à Vendeuvre-du-Poitou.
Depuis le mois d’octobre, leur chantier est stoppé en effet à la suite de l’apparition d’un gros problème de fondation, la seule partie qui avait été confiée à une entreprise spécialisée.
« Je suis complètement solidaire avec les auto-constructeurs »
Regroupées au sein de l’association des auto-constructeurs de Vendeuvre, ils ont saisi le tribunal de grande instance de Poitiers en référé le 4 janvier dernier et intenté une action en responsabilité à l’encontre de l’entreprise. Le juge des référés de Poitiers a désigné vendredi un expert.
Le chantier avait démarré fin juillet 2011. Ils y avaient passé toutes leurs vacances, tous leurs week-ends. « J’ai trouvé le projet top ! C’était innovant, écologique et ça fait appel à l’entraide », confiait, il y a quelques mois l’un deux. La mise hors d’eau devait intervenir fin 2011. Or courant octobre, lors d’un contrôle qualité, l’organisme certificateur l’Apave, a émis un avis défavorable pour les fondations estimant qu’elles n’étaient pas en concordance. Les maisons se sont affaissées de quelques millimètres.
Tous déchantent aujourd’hui d’autant plus que c’est sur la partie seulement où un professionnel est intervenu (la réalisation de plots en béton sur lesquels ont été installées des dalles en bois) que le problème est apparu. « Il s’agit d’un terrain sableux et argileux », explique Charles Nicol, le président de l’association Toit par toi, lui aussi très en colère car cette affaire met en jeu sa crédibilité. « On revendique la paternité de ce concept, nous assurions conseil et assistance, on est nous aussi victime », poursuit-il en se déclarant « complètement solidaire avec les auto-constructeurs ». Il rappelle qu’une étude de sol réalisée par un bureau d’études expliquant les contraintes du terrain avait été réalisée.
Il ajoute que le recours à une entreprise spécialisée avait été un choix, puisqu’on pouvait ainsi compter sur la garantie d’un professionnel, et donc de la garantie décennale. Une longue bataille d’experts vient de s’engager.
Nouvelle République, Philippe Bruyère, 23 janvier 2012