Front syndical inédit contre la répression du droit de grève

Aérien: retards et annulations « à chaud » au 1er jour du conflit sur le droit de grève

Retards et annulations « à chaud » étaient enregistrés lundi dans les aéroports français, mais sans engorgement, au premier jour d’un conflit inédit rassemblant tous les syndicats de l’aérien déterminés à s’opposer à un texte encadrant davantage le droit de grève.

Le ministre des Transports Thierry Mariani a réaffirmé lundi sa « volonté d’aller jusqu’au bout » de la proposition de loi votée fin janvier en première lecture par les députés.

A Roissy, outre les vols déjà annulés préventivement par Air France, quelques annulations « à chaud » étaient enregistrées notamment vers Genève, Naples, Istanbul ou Rio, a constaté une journaliste de l’AFP. EasyJet a également annulé cinq départs ce matin au départ de Charles-de-Gaulle.

Selon une source aéroportuaire, « 126 annulations ont été programmées dès dimanche soir sur 1.190 mouvements (décollages et atterrissages) prévus lundi » à Roissy et Orly, mais « il va falloir tenir compte des annulations à chaud ».

Air France, qui attend 120.000 passagers à Roissy ce lundi, a annoncé pouvoir assurer 80% de ses vols court et moyen courrier et 85% des vols long courrier. Des prévisions jugées optimistes par certains responsables syndicaux de la compagnie.

A Toulouse, on notait beaucoup de retards supérieurs à une heure, mais « il y a peu de monde à l’aéroport, ce n’est pas la cohue », a indiqué un porte-parole de la plateforme. Du fait de la grève et aussi de la neige, on comptait avant midi 15 vols annulés au départ (sur Air France et six autres compagnies) et six à l’arrivée.

A Nantes, 11 vols ont été annulés à l’arrivée et 10 au départ, mais la plupart des voyageurs, informés à l’avance par leur compagnie, ne se sont pas déplacés.

Idem à Marseille, Montpellier ou Nice, où malgré des annulations, il n’y a avait pas de file d’attente.

A Lyon, sur 13 annulations, 4 étaient imputables aux mauvaises conditions météorologiques.

Les compagnies ont informé leurs clients, via internet ou SMS, d’annulations préventives. Elles ont aussi prévu davantage de personnel navigant « en réserve » pour pallier des absences imprévues, mobilisent leurs cadres et essaient de basculer des passagers sur des vols assurés parfois par d’autres compagnies (sur les long-courriers notamment).

Air France invite aussi ses passagers à différer leur voyage, la modification des billets étant facilitée.

La quasi-totalité des syndicats de pilotes – le très majoritaire SNPL, ainsi que le Spaf, l’UNPL et Alter – ont appelé à cesser le travail de lundi à jeudi soir, ainsi que les hôtesses et stewards et les personnels au sol, dont les prestataires des compagnies (bagagistes, avitailleurs, agents de piste, mécaniciens, etc.).

Une source aéroportuaire a indiqué à l’AFP que « le mouvement est peu suivi au sol chez Air France, mais la mobilisation plus forte chez les navigants ».

Ce front syndical inédit s’est construit contre le projet du gouvernement, via une proposition de loi, d’encadrer le droit de grève dans l’aérien, sur le modèle du dispositif introduit en 2007 dans les transports terrestres, à la SNCF et à la RATP notamment.

Le texte du député UMP Eric Diard impose notamment aux grévistes, sous peine de sanction, de se déclarer individuellement 48 heures à l’avance. Chaque gréviste devra aussi dire sa volonté de reprendre le travail 24 heures à l’avance. Le texte impose aux compagnies de communiquer des prévisions de trafic 24 heures en amont.

Pour les syndicats, ce texte vise « à limiter le droit de grève » et ils dénoncent, à l’instar du principal syndicat d’hôtesses et de stewards Unac, « l’absence de concertation préalable pourtant prévue par le Code du travail ».

AFP, 6 février 2012

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