Roumanie: démission du gouvernement sur fond de mécontentement social
Applaudi par le FMI et Bruxelles pour ses réformes économiques mais confronté à une vague de ras-le-bol de la population face à l’austérité, le Premier ministre roumain Emil Boc a présenté lundi la démission de son gouvernement de centre-droit.
« J’ai pris la décision de présenter la démission du gouvernement », a annoncé le Premier ministre lors d’un conseil des ministres diffusé en direct sur les télévisions, motivant sa décision par la volonté de « détendre la situation politique et sociale du pays ».
« Je sais que nous avons pris des mesures douloureuses mais déjà nous commençons à en recueillir les fruits », a-t-il ajouté en référence à la cure draconienne d’austérité appliquée depuis 2010.
M. Boc a appelé le Parlement à accorder au plus vite sa confiance à un nouveau gouvernement afin de ne pas mettre en danger la stabilité du pays.
Il appartient désormais au président Traian Basescu de nommer un nouveau Permier ministre.
Des consultations entre le président et les partis politiques parlementaires sont prévues dans l’après-midi.
Selon les analystes, M. Basescu pourrait charger un technocrate de former un nouveau gouvernement qui gère le pays jusqu’à l’organisation d’élections législatives, prévues en novembre.
M. Boc, 45 ans, qui occupait ce poste depuis la fin 2008, était de plus en plus contesté au sein de son Parti démocrate-libéral (PDL, au pouvoir), alors que la cote de confiance du gouvernement s’était effondrée.
Il était également confronté à une vague de contestation croissante dans la rue, avec des manifestations organisées pendant une quinzaine de jours à travers le pays jusqu’à la fin janvier.
Son départ intervient au lendemain de la fin d’un mission du Fonds monétaire international FMI) et de l’Union européenne, qui a donné son satisfécit aux réformes menées par le gouvernement Boc ces derniers mois.
Malgré une révision à la baisse de leur prévision de croissance pour 2012, à 1,5%-2%, en raison des turbulences dans la zone euro, le FMI et l’UE ont estimé que la Roumanie était « mieux munie que d’autres pays de l’UE pour affronter la tempête financière ».
« Les autorités ont fait de bons progrès dans la mise en oeuvre des politiques convenues, dans un climat international très difficile », ont souligné les deux bailleurs de fonds.
La Roumanie avait conclu en mars 2011 un accord de type préventif, portant sur une ligne de crédit de 5 milliards d’euros.
Un premier plan de sauvetage, adopté en 2009 et assorti d’un prêt de 20 milliards d’euros, avait poussé Bucarest à réduire de 25% des salaires du secteur public et à geler les retraites, provoquant une chute dramatique du niveau de vie. Des milliers de postes avaient également été supprimés dans le secteur public. Des mesures similaires sont ajourd’hui suggérées à la Grèce par le FMI et l’UE pour sauver le pays de la faillite.
Après avoir entamé la semaine dernière une grève parlementaire, l’opposition roumaine réunie au sein de l’Union social-démocrate (USL) a indiqué lundi qu’elle continuerait à insister pour l’organisation d’élections anticipées.
« Nous sommes ouverts à toute formule responsable pour aboutir à des élections anticipées, sans toutefois entraîner une détérioration encore plus grave de la situation », a déclaré l’un des vice-présidents de l’USL, Victor Ponta, aussitôt après l’annonce de la démission du gouvernement.
AFP, 6 février 2012