Fonderie Alu: le recours du comité d’entreprise rejeté

Le jugement du tribunal, rendu hier, considère que la procédure de la direction concernant son projet de plan de compétitivité n’a pas de caractère irrégulier.

 

M Ménard, l'avocate du comité d'entreprise de la Fonderie Alu, ne baisse pas les bras malgré un délibéré défavorable. jfrullier

Dans la foulée de l’audience du 24 août, le jugement du Tribunal de Grande Instance de Poitiers est tombé hier matin. Il ne conteste pas, sur la forme, la régularité de la procédure de la Fonderie Aluminium du Poitou (FDPA) concernant son projet de plan de compétitivité dévoilé le 13 juillet.

« Il nous faut plus d’éléments d’information »

Selon le juge, les convocations au comité d’entreprise et l’ordre du jour « ont été faits comme il faut » et « l’information donnée était suffisante ». Le CE de la Fonderie Alu avait assigné sa direction en référé pour « entrave et défaut dans l’information consultation ».

Ce mercredi, aucun représentant syndical n’était présent. « Tout le monde a repris le boulot lundi et ils ne vont pas faire deux heures de route pour cinq minutes de délibéré », soulignait M Malika Ménard, l’avocate du CE, déçue par la décision. « Le juge a dû estimer que nous disposions d’assez d’informations à ce stade du projet. »
Une réunion extraordinaire du CE est programmée vendredi, au cours duquel quatre mesures seront discutées selon M Ménard . « Ce jour-là, il nous faudra plus d’éléments d’information que le document de 12 pages à notre disposition pour défendre les intérêts des salariés et faire valoir notre point de vue. » Pour elle, les salariés, qui subiront un avenant à leur contrat de travail si le plan est validé, doivent pouvoir décider « en toute connaissance de cause » d’accepter ou non la proposition qui leur sera faite.

M Ménard estime que le personnel de l’usine est « très remonté » à Ingrandes-sur-Vienne: « Comment accepter une diminution de salaire alors que le groupe n’a aucune difficulté financière? » interroge-t-elle.

A l’inverse, c’est parce que les responsables jugent la situation économique du site châtelleraudais alarmante que le groupe Montupet veut prendre ce train de mesures. Pour le mettre en route, il devra prouver que l’avenir de l’entreprise est en péril. Quitte à se voir mettre des bâtons dans les roues. « Si le plan est adopté, nous demanderons son annulation », anticipe déjà M Ménard.

(1) Diminution de 15% des salaires et passage du temps de travail de 38h30 à 35h pour le premier collège; suppression de 14 jours de RTT et 50 salariés volontaires pour travailler selon les besoins dans les différentes unités du groupe pour le deuxième collège.

Patrice Mochon, délégué syndical CGT de la Fonderie Alu.
en savoir plusPatrice Mochon (CGT): « On va continuer à se battre »Au local du comité d’entreprise de la Fonderie Alu, Patrice Mochon, délégué syndical CGT, jongle avec les téléphones après le jugement du TGI de Poitiers. « Il n’est pas dans nos intentions de discuter une décision de justice, indique-t-il entre deux coups de fil. Celle-ci a plutôt tendance à inciter les salariés à continuer à se battre davantage encore ».
Après la forme, place au fond du dossier maintenant. « Ce que l’on conteste, c’est la volonté du groupe Montupet à vouloir baisser les salaires au niveau du Smic pour réaliser une plus-value supérieure sur la revente des pièces à Renault, poursuit Patrice Mochon. Et on se demande ce qu’ils ont derrière la tête à moyen terme alors que l’entreprise a réalisé des bénéfices l’année dernière avec un gain de productivité de 10%. Qu’est-ce qu’il leur faut? Pour eux, c’était une aubaine de mettre la main sur un concurrent comme nous qui fournissons Renault. Et nous sommes compétitifs dans la novation moteur qui s’annonce. Simplement, l’actionnaire doit se décider à investir. »

Jean-François Rullier, Centre Presse, 01/09/2011