Trois articles dans la Nouvelle République de ce mardi 21 février 2012, faisant la promotion du meurtre militaire ultratechnologique à la sauce Sagem. Des militaires exposent leur nouveau joujou nécrotechnologique avec un discours véritablement glaçant.
Il ne s’agit pas d’un équipement « du futur », puisque le bidasse sur la vidéo s’enorgueillit de le dire déjà opérationnel en Kapissa (Afghanistan), où s’accomplit la philanthropique besogne de l’Etat français. On goûtera la phrase suivante dudit bidasse : « [le Felin] améliore l’agressivité, avec les capacités de tir de jour et de nuit, de tir à toutes les armes… » Un autre de ses petits copains : « Ce système (…) nous permet véritablement d’augmenter à la fois nos capacités de détection ennemie, notre agressivité, puisque nous sommes en mesure de détecter l’ennemi à 800 mètres et de le traiter à 400 mètres avec beaucoup plus de facilité qu’avant ».
On apprendra aussi qu’une version de jumelles militaires, Vigilens, est développée pour équiper la police et la gendarmerie.
Et c’est dans une usine Sagem de Saint-Benoît, tout près de Poitiers, recrutant des prolos salarié-e-s et intérimaires, que se fabrique la partie optronique de cette horreur, destinée à être manipulée par d’autres prolos pour éliminer d’autres prolos, pour le plus grand profit de leurs maîtres communs.
En temps de crise, le capitalisme spécule sur le sang des hommes et des femmes.
Sabotage.
Pavillon Noir
Une compagnie de » Félin » dans la lande écossaise
Première sortie du 8 e RPIMa de Castres avec du matériel Félin de la Sagem, hors du territoire français, dont une partie est fabriquée à Saint-Benoît.
Une des jumelles Sword (infrarouges ou à intensité lumineuse) qui équipe un Famas. – (Photo Patrick Lavaud)
Qu’est-ce qui relie Saint-Benoît, Castres et Newcastle ? Le matériel de vision de la Sagem fabriqué à proximité de Poitiers et qui équipe le 8e Régiment de parachutistes d’infanterie de marine (8e RPIMa) basé à Castres, en exercice la semaine dernière sur le camp d’Otterburn à la frontière de l’Écosse et de l’Angleterre. Équipés du système Félin (Fantassin à équipements et liaison intégrés) développé par la Sagem Défense Sécurité, les 140 parachutistes ont manœuvré à tir réel de jour comme de nuit.
C’est dans l’optronique qu’intervient le site de Saint-Benoît
Commandé à 22.600 exemplaires par l’armée française, l’équipement est entré en service en 2010. Car communication, observation, protection et mobilité sont les atouts du fantassin du XXIe siècle. Fusil d’assaut Famas équipé d’une lunette jour nuit, gilet pare-balles et pare-éclats, radio individuelle, GPS, équipement optronique (électronique et optique réunies) : c’est dans ce domaine qu’intervient le site de Saint-Benoît où est fabriquée la gamme couvrant tous les besoins du combattant (lunettes de tir infrarouge et à intensification lumineuse, lunette pour des tirs de précision), les jumelles infrarouges multifonctions JIM et la caméra du casque OVD (optique à vision déportée). Tout ce matériel doit résister à l’environnement extrêmement sévère du combattant. Sagem Sécurité tient compte des retours d’expérience des soldats pour apporter des modifications à l’équipement (augmentation de l’autonomie des batteries et passage à la wifi). L’export reste un enjeu important, la Suisse vient d’ailleurs de sélectionner l’entreprise française. La concurrence israélienne, chinoise, américaine, coréenne, allemande et italienne, oblige l’entreprise à travailler la qualité des produits, à assurer la continuité du programme et à répondre à la demande précise de chaque pays. « On ne peut plus qualifier cet équipement du futur puisqu’il équipe actuellement en Kapissa (Afghanistan) le 1er régiment d’infanterie », faisait remarquer le général Hervé Charpentier commandant des Forces Terrestres, présent durant ces exercices.
> Le site de Sagem est implanté sur la commune de Saint-Benoit et appartient à la branche Défense Sécurité du groupe Safran.
> L’usine est spécialisée dans la fabrication de matériel optronique mélange d’optique et d’électronique et pilote l’approvisionnement de tout l’équipement Félin.
> 650 salariés dont une centaine d’intérimaires travaillent dans la Vienne. Saint-Benoit sous-traite une partie de l’activité pour d’autres usines du groupe (Dijon, Montluçon).
Les jumelles infrarouges JIM LR made in Saint-Benoît
La JIM LR en action de nuit dans le Nord de l’Angleterre. – (Photo Patrick Lavaud)
Fabriquée à Saint-Benoît, la jumelle JIM LR a été vendue à 2.000 exemplaires et équipe aussi l’armée des États-Unis, le Royaume-Uni, l’OTAN et plusieurs autres pays européens. L’appareil ergonomique et compact est bourré de technologie : vision de jour, vision thermique, télémètre, pointeur laser, GPS, compas magnétiques… des applications qui donnent à l’opérateur une localisation précise d’objectifs de jour comme de nuit. Elle est régulièrement utilisée en opérations extérieures. Il existe une seconde version qui s’appelle la JIM MR vendue à 4.500 unités. Une dernière version, Vigilens, existe pour équiper la police et la gendarmerie.
Nouvelle République, 21 février 2012
» La vie du soldat est facilitée «
« On n’a reçu Félin que depuis quelques mois mais déjà on commence à l’avoir en main. Ce n’est plus la même chose qu’avec notre ancien équipement. Nous y avons gagné en efficacité. On est tous équipé d’une radio-osthéophonie qui amplifie les vibrations osseuses du crâne, ce qui permet de communiquer tous ensemble. Le tout est parfaitement silencieux en émission et en écoute, inutile de parler fort pour se faire entendre : une plus grande sécurité sur le terrain. Le GPS intégré évite de se perdre et de retrouver facilement son chef d’équipe. Nous pouvons envoyer régulièrement l’état des munitions à notre chef de groupe. Grâce aux jumelles, la portée avec laquelle on peut traiter l’objectif, a augmenté. A partir du clavier du Famas, on a la possibilité d’utiliser la radio sans lâcher des mains le fusil. On peut aussi piloter la lunette pour faire des photos. Tout cet équipement nous facilite le travail, on s’habitue au poids (24 kg). En cas de panne, je peux continuer à utiliser mon arme et de travailler à l’ancienne. La vie du soldat est facilitée. »
Nouvelle République, 21 février 2012