[Beauvais] Brutalités policières contre un habitant du quartier Saint-Jean

Intervention policière musclée à Beauvais : «J’ai été menotté comme un criminel»

La vidéo de l’intervention des policiers municipaux ne montrait pas tout. Si la victime, Bilaly Dembele, maintient sa version, une policière municipale, le visage encore tuméfiée, explique avoir été frappée par «un jeune non identifié».


BEAUVAIS, RUE BALZAC, HIER. Bilaly Dembele a porté plainte contre la police municipale pour « violences volontaires en réunion » et « coups et blessures ».

BEAUVAIS, RUE BALZAC, HIER. Bilaly Dembele a porté plainte contre la police municipale pour « violences volontaires en réunion » et « coups et blessures ».(LP/O. ARANDEL.)

Vingt-quatre heures après les faits, Bilaly Dembele reste fortement marqué par les violences dont il a été victime juste devant son domicile, rue Balzac, dans le quartier Saint-Jean à Beauvais. « J’ai été emmené menotté comme un criminel devant tout le quartier, raconte-t-il. J’ai été tabassé alors que je n’avais rien fait.» Hier matin, il a porté plainte contre la police municipale pour « violences volontaires en réunion » et « coups et blessures ».

Retour sur les faits : balayeur à la gare SNCF de Beauvais, Bilaly Dembele, 62 ans, est appelé d’urgence jeudi matin. « J’étais au travail et on m’a dit que des policiers voulaient enlever la voiture de mon fils, précise-t-il. J’ai tenté de les en empêcher, ils ont refusé. C’est vrai que le ton est monté. Je me suis mis devant le véhicule, ils m’ont déplacé. Mon fils est descendu mais je l’ai calmé. Le gardien de l’immeuble est intervenu et a réussi à convaincre les policiers de me laisser reprendre ma voiture. »

Selon Bilaly Dembele, l’affaire était réglée. « Je suis revenu avec les clés de la voiture mais d’autres policiers étaient arrivés entre-temps, raconte-t-il. Je ne pouvais plus reprendre l’automobile. Des insultes ont fusé contre ma fille et une voisine. J’étais au téléphone avec ma femme pour lui demander les papiers de la voiture quand un policier m’a attrapé. Je voulais qu’il me lâche le bras mais j’ai reçu un coup derrière l’oreille et je me suis retrouvé à terre. » C’est alors que l’intervention dégénère. « Ils m’ont frappé à plusieurs reprises, explique la victime. Il y avait le chien qui était là à me donner des coups et le policier qui disait : Bouffe-le. Un autre policier est venu sur moi et m’a étranglé avec son bâton. J’ai perdu connaissance. Je sais que j’ai été gazé mais pas par qui. Quand j’ai repris mes esprits, la police nationale me menottait. »

Trois heures dans une cellule

Bilaly Dembele est alors placé en garde à vue. « J’ai passé trois heures dans une cellule, précise-t-il. Au départ, ils m’ont dit que j’avais tapé les policiers. J’avais très mal au bras et au cou. En début d’après-midi, on m’a expliqué qu’une vidéo m’innocentait. Je n’étais plus coupable. »

L’enquête devra déterminer plus précisément ce qui s’est réellement passé jeudi matin rue Balzac. Les attentes de la famille Dembele sont très importantes. « On espère que justice sera faite, clame une de ses filles. Mon père se lève tous les jours à 5 heures pour travailler et on l’a traité comme un délinquant. »

Du côté de la ville, on rappelle que « porter atteinte à l’uniforme et agresser sauvagement un agent dans l’exercice de ses fonctions est un fait particulièrement grave qui ne saurait rester impuni ».

VIDEO. «Il a essayé de m’étrangler avec son bâton»

VIDEO. Un policier municipal suspendu après avoir frappé un automobiliste

Le Parisien,25 février 2012