Espagne: lycéens et étudiants manifestent contre la rigueur
« Moins de coupes, plus d’éducation »: à Madrid comme dans toute l’Espagne, lycéens et étudiants ont organisé des marches mercredi, qui ont été émaillées d’incidents à Barcelone, contre les coupes budgétaires dans l’éducation et les violences policières.
A Barcelone, entre 25.000 manifestants, selon la police, et 70.000 selon les organisateurs, se sont mobilisés pour dénoncer « l’escroquerie sociale » des coupes budgétaires.
« Nous ne paierons pas pour leur escroquerie. Sauvons l’université publique », proclamait la banderole en tête de cortège.
Arrivés à la hauteur de la Bourse, certains manifestants ont commencé à siffler puis à lancer des « objets contondants » contre la façade du bâtiment, selon la police qui a chargé à coups de matraques pour les disperser et a interpellé plusieurs personnes.
Des vitrines d’une succursale de banque ont été brisées par des manifestants dont certains étaient encagoulés ou dissimulaient leurs visages sous des écharpes. Des poubelles, des scooters de la police et du mobilier urbain ont été incendiés.
Par précaution, l’entrée principale du Congrès mondial de la téléphonie Mobile à Barcelone a été bloquée par la police, a rapporté une journaliste de l’AFP.
Les étudiants manifestaient aussi contre les violences policières qui avaient eu lieu lors de précédentes manifestations à Valence le 20 février.
Un rassemblement de lycéens avait dégénéré dans cette ville de l’est de l’Espagne et les scènes montrant des policiers casqués, frappant à coups de matraque ou traînant à terre de jeunes manifestants, certains le visage en sang, avaient suscité l’indignation dans tout le pays.
Pour redresser les comptes de la région de Valence, la plus endettée du pays, le gouvernement régional a annoncé le 5 janvier des augmentations d’impôts et des coupes dans les entreprises publiques, les dépenses sanitaires et le secteur de l’éducation, pour 1,1 milliard d’euros.
« Ils coupent dans l’école publique. Ils ne nous donnent pas de travail et quand nous protestons démocratiquement, ils nous frappent en totale impunité », a dénoncé le secrétaire général du syndicat national des étudiants, Tohil Delgado, précisant que dans la région « plus de 65 établissements scolaires ont été frappés par des coupures de chauffage et d’électricité ».
« Nous n’avons pas créé cette crise mais nous la payons dans tous les sens du mot », a-t-il lancé.
Des marches étaient prévues dans environ 40 villes du pays, visant à dénoncer la cure d’austérité imposée par le gouvernement de droite pour juguler un déficit qui a atteint 8,51% du PIB en 2011, bien au-delà des 6% prévus.
Les étudiants fustigent également la réforme du travail annoncée pour tenter de relancer l’emploi dans un pays qui souffre d’un chômage record de 22,85%.
Mercredi, les syndicats espagnols avaient eux aussi appelé à la mobilisation dans tout le pays, dans le cadre d’une journée européenne contre l’austérité.
« Toutes les coupes et les réformes du travail rendent difficile l’entrée des jeunes dans la vie active. L’avenir, je le vois en noir après mes études », s’indigne Diego Parejo, un étudiant de 21 ans venu manifester devant le ministère de l’Education à Madrid.
Pour lui, « le travail précaire va être la norme pour des milliers de jeunes. Comment je vais louer un appartement à Madrid avec 400 euros par mois ? », se lamente-t-il.
Avec lui, des centaines d’étudiants manifestaient derrière une grande banderole barrée d’un message ironique: « Bienvenue dans le marché du travail. Le travail nous rend libres », faisant référence à un taux de chômage qui touche près d’un jeune actif sur deux.
Auparavant, une centaine d’étudiants avaient occupé dans la nuit l’université de Philosophie et de Lettres à Madrid. A Barcelone, des étudiants ont occupé cinq facultés.
AFP, 29 février 2012