[Bayonne] Accueil du président Sarkozy en bonne et dûe forme

On avait l’habitude, pour chaque venue de Sarkozy, de villes fermées à triple tour, transformées en no-man’s lands, quadrillées par des robocops – comme à Châtellerault ou plus récemment au Futuroscope. Le dispositif s’est manifestement relâché, aujourd’hui à Bayonne… On notera son « minorité de voyous », employé pour désigner les personnes qui ont reçu le président comme il se doit, et le « mépris pour la vie » dont il qualifie les indépendantistes basques.

Visite agitée pour Sarkozy à Bayonne, hué par des opposants

A 52 jours de la présidentielle, Nicolas Sarkozy a été accueilli jeudi dans le centre de Bayonne sous des huées et insultes d’opposants que Nathalie Kosciusko-Morizet a accusés d’être téléguidés par le Parti socialiste, ce que ce dernier a démenti.

Dès sa descente de voiture jeudi après-midi dans le centre de Bayonne, le président-candidat a été hué par plusieurs centaines de militants qui l’ont accueilli aux cris de « Sarko président des riches! », « Sarkozy dégage! », couvrant largement les « Sarkozy président » de partisans du chef de l’Etat, en moins grand nombre.

A une terrasse, des opposants ont déployé une banderole: « Sarkozy, travailler sept jours sur sept jusqu’à 77 ans. Y’a bon, y’a bon la croissance ». Des militants PS, dont certains brandissaient le programme de François Hollande, étaient aussi présents, sans participer à ces débordements.

La tension est ensuite montée d’un cran.

Au milieu d’une foule de partisans criant « Nicolas! Nicolas! » et de nombreux opposants criant « Nicolas kampora! » (« Nicolas dégage! », en langue basque), le chef de l’Etat s’est très difficilement frayé un passage dans les rues étroites du petit Bayonne jusqu’au bar du Palais, rue d’Espagne, sous une pluie de petits bulletins de vote de Batera, un collectif réclamant une collectivité territoriale pour le Pays basque.

M. Sarkozy est entré dans le bar vers 16H00. Des oeufs ont alors été jetés en direction du bar. Une foule compacte s’est formée devant le bar et des CRS ont été appelés en renfort pour se déployer devant l’établissement.

NKM charge le PS « Ici, nous sommes en France, sur le territoire de la République française, et le président de la République ira partout sur le territoire », a déclaré M. Sarkozy à des Journalistes qui l’ont rejoint dans le bar. « Et si ça ne plaît pas à une minorité de voyous, ils devront s’y faire », a-t-il mis en garde.

« Je n’ai pas en cinq ans cédé une fois à la pression de la rue, ce n’est certainement pas pour commencer ici devant les indépendantistes basques dont on sait le peu de respect qu’ils ont pour la vie, pour la démocratie et pour la République », a également fait valoir le président-candidat.

« J’ajoute que je suis désolé de voir que des militants socialistes de M. (François) Hollande s’associent à des indépendantistes dans des manifestations de violence pour terroriser les braves gens qui n’avaient qu’une seule envie: venir me rencontrer et parler avec moi », a ajouté M. Sarkozy, fustigeant des « comportements indignes d’un parti politique démocratique ».

M. Sarkozy, attendu jeudi soir à Bruxelles pour un Conseil européen, est finalement sorti du bar peu après 17H00, a constaté une journaliste de l’AFP.

La porte-parole du candidat UMP, Nathalie Kosciusko-Morizet, a immédiatement accusé auprès de l’AFP le Parti socialiste d’avoir organisé des « manifestations de rue » contre le président à Bayonne et de n’avoir « pas hésité à s’associer à des indépendantistes basques à cette occasion ».

Elle a invité à « respecter les règles du débat démocratique ». Le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, a demandé à M. Hollande de « condamner » ces débordements.

Manuel Valls, directeur de la communication, a répondu en condamnant « toute forme de violence ». Delphine Batho, une des porte-parole de M. Hollande, a assuré que le PS ne « cautionnait aucune violence » et demandé à l’équipe de Nicolas Sarkozy de ne pas « chercher à cacher son désarroi en manipulant la réalité ».

AFP, 1er mars 2012