Ils ne seront pas expulsés
Le tribunal administratif vient d’annuler cinq décisions prises dernièrement par la préfecture de la Vienne visant à expulser du territoire national des personnes dont la situation était jugée irrégulière. Au terme de l’examen effectué par les magistrats administratifs, ce sont les méthodes et/ou les arguments employés par la préfecture qui ont été jugés illégaux.
> Médical. – Isoken bénéficie d’un titre de séjour pour étranger malade. La préfecture voudrait la voir rentrer au Nigeria. Dans un premier temps, l’inspecteur général de la santé venu examiner son cas a rendu deux décisions contradictoires à un mois d’intervalle. La deuxième était défavorable à la malade. Elle s’est vu refuser un titre de séjour et délivrer une obligation de quitter la France (OQTF). Les juges ont estimé que la préfecture n’a pas émis son propre avis et s’est seulement rangée à celui du médecin. La préfecture dispose d’un mois pour réexaminer son cas.
> Familial. – Charly s’est vu refuser un titre de séjour vie privée familiale. Célibataire sans enfant, la préfecture estimait qu’il ne devait donc pas en bénéficier. Lui relève que toute sa famille vit en France. Il veut y rester. La préfecture a refusé et délivré une OQTF. Le tribunal administratif juge que c’est « une atteinte excessive au droit au respect de sa vie privée et familiale ». Il enjoint la préfecture de lui délivrer une autorisation de séjour temporaire expirant en décembre prochain.
> Professionnel. – Mamadou était sacrificateur dans un abattoir quand la préfecture s’est intéressée à son cas. Elle lui a signifié un refus de titre de séjour en lui délivrant une obligation de quitter le territoire. Le tribunal estime que la préfecture ne pouvait pas se contenter de se référer à la liste des métiers en tension édictée par le ministère de l’Intérieur mais aurait dû examiner la situation de l’emploi dans la profession et dans la zone géographique concernées. Elle enjoint donc le préfet de réexaminer la situation de Mamadou dans un délai de deux mois.
> Fichier. – Alain s’est retrouvé dans un gigantesque fichier fourre-tout de la police, le STIC. La préfecture de Niort le soulève pour mettre en doute son intégration. Lui oppose un casier judiciaire vierge. Le tribunal note que le fait que le nom d’Alain apparaisse dans le fichier traitant les informations constatées « ne suffit pas à établir qu’il ne remplissait pas les conditions ». La préfecture doit réexaminer sa situation d’ici à un mois.
> Éducatif. – Un couple arménien était menacé d’expulsion après un refus de titre de séjour et la délivrance d’une OQTF. Leur fille, scolarisée en Première au Lycée pilote innovant, se retrouverait seule alors qu’elle attend de connaître le sort réservé à sa demande de droit d’asile. La préfecture dispose d’un mois pour réexaminer la situation du couple et doit leur délivrer une autorisation provisoire.
à chaud
Il refuse deux fois d’embarquer
Pour la deuxième fois, jeudi, un Guinéen de Poitiers a refusé d’embarquer à Roissy dans l’avion qui devait le ramener chez lui en application d’une procédure lancée par la préfecture. Il se trouve toujours en rétention administration, prolongée jusqu’au 16 mars. A tout moment, la préfecture peut demander que des poursuites soient engagées contre lui pour ce double refus d’embarquer.
Sa femme, qui se trouve à Poitiers en situation régulière, est sur le point d’accoucher de leur nouvel enfant. La préfecture avait refusé à son compagnon un titre de séjour, estimant que les conditions de la vie de couple n’étaient pas réunies. Ce qu’il contestait.
Nouvelle République, E.C., 3 mars 2012
L’horreur
Un guinéen de Poitiers est en rétention depuis huit jours (après confirmation par le JLD), il est père de deux enfants, dont un scolarisé en CP à l’école Tony Lainé, sa compagne est en situation régulière (car elle est mère d’enfant français issu d’une autre union) et doit accoucher dans quelques jours de leur troisième enfant. Il a une Obligation de Quitter le Territoire Français car la préfecture de la Vienne conteste la réalité de la vie commune. Hier matin Monsieur D. a été amené à l’avion qui devait l’expulser en Guinée. Il a refusé pour la deuxième fois de partir. (il avait été une première fois présenté la semaine dernière après son interpellation à Poitiers et son transfert au CRA du Mesnil-Amelot). Il risque une condamnation pénale et une interdiction du territoire pour se double refus.
LACHA G., père de famille géorgien installé en France depuis 10 ans a été arrêté à Limoges au moment de son transfert vers un lieu plus sûr. Lui, sa femme et ses quatre enfants en bas âges étaient cachés depuis des mois par les réseaux SôS et RESF 86. Alors que des personnes solidaires chargeaient les bagages de la famille dans les voitures avec Lacha «la bac de Limoges a débarqué pour un contrôle d’identité inopiné». Seul Lacha a été contrôlé puis embarqué …
Nous dénonçons l’acharnement de l’Etat contre ces familles et exigeons la libération immédiate de ces deux pères de famille.
Nous appelons à un rassemblement samedi 3 mars 15h devant le palais de justice, à Poitiers
SôS, RESF 86, Collectif contre les expulsions et pour le droit de vivre en France, Groupe Cimade Poitiers, LDH-Poitiers, Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux, Démocratie réelle maintenant – Poitiers
Pour mémoire SôS appelle à se rassembler simultanément dans les villes où la famille géorgienne a vécu pour exiger la libération immédiate de Lacha :
– Samedi 15h à Blois devant la préfecture place de la République.
– Samedi 15h à Poitiers
– Samedi 15h à Limoges devant le commissariat au 84, avenue Emile Labussière
– Samedi à partir de 11h, la marche mensuelle de l’espoir de Colomiers seras dédiée à Lacha G. et des actions de solidarité auront lieu toute la journée à Toulouse et au CRA.
ndPN : une marche anticolonialiste et antiraciste est appelée pour samedi 17 mars à Poitiers, place d’armes (devant l’hôtel de ville) à 14H.