Une quarantaine de postiers ont manifesté jeudi devant la direction de l’Enseigne ouest Bretagne pour dénoncer la réorganisation de La Poste, « machine à broyer », responsable selon les syndicats du suicide d’un cadre dimanche à Trégunc (Finistère), a constaté l’AFP.
Les manifestants, qui n’avaient pas déposé de préavis de grève en dehors du mouvement de grève national pour dénoncer notamment les suppressions de postes à La Poste, « une machine à broyer », se sont regroupés dans le calme devant la direction de l’Enseigne (les guichets) ouest Bretagne du groupe.
« Nous sommes là pour dénoncer des méthodes managériales cruelles qui détruisent l’employé et mettent leur vie en danger! », a déclaré le secrétaire général de la CGT FAPT (fédération des activités de La Poste et des Télécommunications) du Finistère, Alain Le Berre.
Le cadre, âgé de 43 ans et père de deux enfants de 5 et 7 ans, en arrêt maladie depuis le 9 décembre 2011, a été retrouvé pendu dimanche à la plate-forme courrier de Trégunc (Finistère), dix jours après le suicide d’un autre cadre qui s’est défenestré en plein centre-ville à Rennes.
« On est triste et en colère (…). On veut valoriser l’investissement de l’employé. Il y a eu 32 suicides à France Télécom, 2 à La Poste en 2012 (3 depuis 2011, ndlr), c’est trop », a dénoncé M. Le Berre.
SUD-PTT a décidé de « porter plainte au pénal pour homicide involontaire », selon son délégué Patrice Campion, décidé à nommer « les responsables hiérarchiques » du cadre jusqu’au « PDG Jean-Paul Bailly ».
« Ils (la hiérarchie) avaient parfaitement conscience que cette stratégie pour supprimer des emplois était mortifère », a affirmé M. Campion, en soulignent que « la même méthode avait été utilisée à France Télécom.
Les postiers ont respecté les volontés de leur collègue, enterré en toute intimité mercredi en présence de la famille proche, en se réunissant sans banderoles, ni drapeaux, ni porte-voix.
A Rennes, une quarantaine de postiers du service « Enseigne » (guichet) se sont également réunis pour protester contre le mal-être au travail.
« La situation à l’enseigne est inquiétante et urgente », a considéré Valérie Kerauffret, secrétaire départementale de la CGT pour la branche Enseigne de La Poste.
Si les récents suicides ont touché le service courrier à La Poste, a-t-elle affirmé, « aucun métier n’est épargné » par les réorganisations et le mal-être.
Mme Kerauffret a évoqué des situations de « repli sur soi, troubles du sommeil » vécus par les agents, parfois jusqu’au « suicide », comme deux cas récents au service courrier en Bretagne.
Les syndicats vont lancer une pétition pour « réclamer l’arrêt des réorganisations et ouvrir des négociations sur l’organisation du travail » qu’ils veulent déposer à la direction le 23 mars, date d’un rassemblement auquel sont appelés tous les métiers de La Poste à l’occasion d’une réunion entre direction courrier territorial et syndicats à Rennes.
AFP, 15 mars 2012