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Octobre 2009 : de la rancoeur

Deux ans après le saccage de Poitiers, des commerçants pensent que le gouvernement n’a pas tenu ses promesses.

C’est l’un des événements les plus graves qu’ait connus la ville de Poitiers depuis la Libération: le 10 octobre 2009, 2 à 300 casseurs, manipulés par un groupuscule extrémiste, profitaient du festival des Expressifs pour saccager plusieurs vitrines et monuments du centre-ville.

A l’époque, les forces de police, mal renseignées par les services spécialisés sur ce qui se préparait depuis plusieurs jours à Poitiers, avaient été prises de court. Seuls quelques jeunes Poitevins, qui s’étaient sottement laissés entraîner dans cette aventure, avaient été interpellés et avaient découvert quelques jours durant les murs de la nouvelle prison de Vivonne contre laquelle ils étaient censés manifester.

« Bravo la mairie, bravo la police! »

Les organisateurs de l’émeute, des extrémistes du mouvement Black Bloc, n’ont semble-t-il jamais été identifiés ni a fortiori arrêtés. Depuis la fin de 2009, il est vrai, aucune émeute de cette nature n’a plus été signalée en France.
Deux ans après ces faits extrêmement traumatisants, les commerçants ont eu le temps de panser leurs plaies morales mais certains gardent un soupçon de rancoeur contre le ministre de l’Intérieur de l’époque. Brice Hortefeux était venu en hâte à Poitiers manifester la solidarité de l’État aux victimes et les assurer, face aux caméras, qu’en aucun cas les frais de remise en état de leurs boutiques ne resteraient à leur charge.
Dans les faits, confirme la Fédération des acteurs économiques de Poitiers, ceux des commerçants à qui leurs assureurs ont opposé une franchise de quelques centaines de francs, en ont été de leur poche. A la préfecture, on leur a expliqué qu’il n’y avait pas de ligne de crédit pour les indemniser.
Philippe de Bony, installé rue du Marché-Notre-Dame, est doublement concerné par ces événements. D’abord parce que sa propre vitrine a été défoncée par les casseurs; ensuite parce qu’il est agent général de la Mutuelle de Poitiers et qu’il n’a d’ailleurs lui-même pas imposé de franchise à ses clients et voisins.
C’est Philippe de Bony qui avait reçu Brice Hortefeux dans sa boutique. Il n’en est pas moins critique vis-à-vis de l’ancien ministre: « Je suis déçu, en tant que seul assureur de la rue, de savoir que les promesses à mes collègues commerçants n’ont pas été tenues ».
Philippe de Bony – qui espère que si des événements semblables devaient se reproduire des précautions seraient prises – n’en est pas moins très indulgent pour les acteurs locaux de la sécurité. « On a eu une équipe municipale qui s’est réellement mobilisée pour nous protéger aussitôt après les faits. Et je constate que, depuis deux ans, des choses ont été faites pour gérer le problème des marginaux de Poitiers. Je dis: bravo la mairie, bravo la police! »

Vincent Buche, Centre Presse, 10/10/2011