[Nantes] Répression suite à la manif contre le projet d’aéroport
D’après la presse policière, les flics auraient interpellé 6 ou 7 personnes, 3 à 5 se trouveraient actuellement en garde à vue…
Nantes : des incidents en marge de la manifestation contre le futur aéroport
Au terme d’un rassemblement important et bon enfant contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-Des-Landes, quelques centaines de jeunes ont fait du grabuge.
En termes d’affluence, avec de 3.000 participants selon la préfecture à 10.000 selon les organisateurs, la manifestation du samedi 24 mars, à Nantes, contre le futur aéroport a été un succès, mais comme redouté, elle a quelque peu été entachée par les débordements d’une poignée d’anarchistes français et européens.
Des « anti-capitalistes » s’invitent à la « fête »…
À l’appel à manifester des associations hostiles au chantier, ainsi que de formations politiques et de syndicats, d’Europe Écologie au Parti de gauche, et d’Attac à la Confédération paysanne, est venu se greffer celui, largement relayé sur Internet, à former un « cortège anti-capitaliste » à cette occasion.
Vu la présence de plusieurs centaines de ces militants, pas vraiment désirée par les organisateurs, anticipant des débordements, la préfecture avait prévu un important dispositif policier, avec un quadrillage du parcours par un millier d’hommes, un hélicoptère et des canons à eaux prêts à intervenir. Rien n’y a fait.
Déjà dans le cortège, un agent en civil avait été pris à partie par des jeunes encagoulés, et l’on a pu assister à des jets de peinture et au badigeonnage en règle de commerces du centre-ville. Comme souvent, c’est surtout au point d’arrivée de la manifestation, après la dispersion du gros du cortège, qu’ont eu lieu des échauffourées, des centaines de jeunes mettant le feu à des palettes avec quantité de pétards et jetant des projectiles en direction des forces de l’ordre.
Bilan des incidents : des dégradations, deux blessés légers et sept interpellations
Vers 19h, une bonne heure après les premiers heurts, des dizaines de véhicules arrivés en renfort, les forces de l’ordre ont répliqué par des gaz lacrymogènes et ont finalement donné la charge, procédant à sept interpellations, a indiqué la préfecture, dont cinq ont débouché sur des gardes à vue.
En soi, le bilan n’est pas gravissime, si ce n’est deux blessés légers et beaucoup de mobilier urbain dégradé, sans parler des vitrines souillées, mais ces faits ont été détestables pour les organisateurs, d’autant que la préfecture avait menacé de les tenir pour responsables en cas de débordements.
« C’est des cons, c’est nul, des gens de l’extérieur », a ainsi déploré un membre de l’Acipa, la principale association qui lutte contre la création d’un second aéroport dans l’agglomération, à trente kilomètres au nord de Nantes, entre autres sur la commune de Notre-Dame-des-Landes.
La manifestation n’en a pas moins été un succès…
Les uns s’opposent à cet aéroport, voulu par le maire PS de Nantes, Jean-Marc Ayrault, et par l’UMP, parce qu’ils le trouvent nul et non avenu, les autres parce qu’ils jugent l’addition trop salée, beaucoup y sont hostiles pour des raisons environnementales, et enfin, premiers concernés, des agriculteurs y sont farouchement opposés et pointent d’inévitables expropriations et destructions d’emplois.
Sur le fond, malgré les incidents, leur message est bien passé, dans une ambiance plutôt bon enfant. Entre 13 et 16 heures, plus de 250 tracteurs arborant des pancartes « Non à l’aéroport », des manifestants à vélo, entre autres animaux des vaches, et bien sûr des milliers de personnes à pied, ont afflué suivant trois grands axes vers la préfecture, d’où est parti le cortège en direction du Cours des 50 otages, l’une des grandes artères de Nantes. C’est là que s’est tenu un meeting, qui devait être suivis de multiples animations et concerts jusqu’à 22h.
Devant la reconstitution d’un « coin de bocage », avec sa terre, ses arbres et ses végétaux, se sont succédé à la même tribune, agriculteurs, écologistes, et anti-aéroport de toute obédience, qui d’une même voix ou presque ont appelé à l’abandon de ce grand projet « inutile, coûteux et destructeur », comme de tous ceux du même acabit.
Dans cinq ans, l’A380 se posera malgré tout au milieu des champs ?
En attendant, sauf revirement des décideurs, et il en faudra sans doute plus que la manifestation du jour pour les y amener, le très contesté « aéroport interrégional du Grand Ouest », dont l’idée remonte à près d’un demi-siècle, doit bel et bien voir le jour d’ici 2017.
Sa construction et son exploitation ont été confiées au groupe Vinci, qui prévoit un coût de 560 millions d’euros, dont l’entreprise assumera un peu plus de la moitié, le reste étant à la charge de l’État et des collectivités. Si cela peut consoler ses opposants, mais on en doute, précisons que le futur aéroport vise « l’excellence environnementale ». On en reparlera…
Leur presse (Metro, 24 mars 2012)