Le Martray garde son poste d’enseignant
Le risque de suppression de deux postes à l’école du Martray avait décidé les parents à se mobiliser. A leur arrivée, une bonne surprise les attendait…
Une nouvelle fois, la rentrée 2012 à l’école du Martray semblait s’annoncer difficile : les propositions de l’inspection académique prévoyaient la suppression de deux postes, un poste d’enseignant ainsi qu’un poste en surnuméraire.
Les parents d’élèves et les élus, ayant déjà vécu cette menace l’année dernière, ont immédiatement réagi. « Habituellement plusieurs semaines séparent l’annonce de la décision, ce qui n’est pas le cas cette fois-ci puisque l’annonce a été faite mardi dernier et que la décision sera prise mardi », a précisé Philippe Vivier, représentant de la FCPE, en ouverture de l’assemblée générale, qui s’est déroulée vendredi soir en présence des parents d’élèves et de Marie-Anne Chauveau, adjointe au maire. Les arguments étaient prêts, 154 élèves figuraient sur les listes de la rentrée 2011, 153 étaient inscrits pour 2012, la suppression d’un poste d’enseignant obligeait donc une répartition à 6 classes de 25,5 élèves. Les différents courriers émanant aussi bien de la mairie que de la FCPE semblent avoir fait leur effet puisque lundi soir vers 23 heures, de source syndicale, la suppression du poste d’enseignant n’était plus à l’ordre du jour. Une confirmation qui a été apportée mardi matin par Jean-Marc Lamothe, directeur de l’école du Martray, aux parents ainsi qu’aux différents élus qui s’étaient rassemblés devant l’école en signe de protestation.
Le poste Rased supprimé
En revanche, le poste en surnuméraire qui rentrait dans le cadre du Réseau d’aides spécialisées aux enfants en difficulté (Rased) ne sera pas maintenu. Il apportait pourtant « un soutien déterminant aux enfants en difficulté et permettait de prendre en compte la spécificité du Martray qui accueille les enfants du voyage, en leur fournissant un enseignement adapté ». Le maire Elefthérios Benas dit « rester néanmoins vigilant » : « Nous avons sauvé ce poste, mais nous sommes attaqués sur tous les fronts. »
Corr. Marie-Pierre Pineau
Des moutons à la place des écoliers
Les élus et parents d’élèves d’Adriers ont mené hier une action spectaculaire pour obtenir le maintien des trois classes de leur école. Aucun enfant n’est entré dans l’établissement, dont l’accès était transformé en enclos pour une dizaine de moutons, tandis qu’une manifestation rassemblait une soixantaine de personnes sur la rue.
« Si cette école ferme, il ne nous restera que des moutons, résume le maire Philippe Rose, qui était encore en réunion lundi, à l’inspection d’académie : Ils me disent que la décision n’est pas encore prise. Actuellement, nous avons 56 enfants. 12 partent au collège, il n’y a pas de redoublants. Le Rectorat recense 48 élèves en septembre, mais moi j’en compte 53. » Actuellement, les enfants sont répartis en trois classes à plusieurs niveaux : une pour les maternelles, une pour les CP-CE1 et la troisième du CE2 au CM2. « La qualité d’enseignement est très bonne dans cette école, mais elle va se dégrader avec la fermeture d’une classe, s’inquiète Jean Charry, père de deux écoliers, maraîcher installé récemment dans la commune : elle participe aussi à créer le lien social, on se connaît tous, c’est un très bon moyen d’intégrer les nouveaux arrivants ». « L’école est indispensable aux autres activités de la commune, reprend le maire. Nous y avons d’ailleurs consacré 150.000 € ces dernières années. » En septembre 2009, l’école avait déjà perdu une classe. Cette fois-ci, les manifestants se disent déterminés « à se bagarrer ».
Le même nombre de classes d’école à la rentrée 2012
Plusieurs postes qui devaient être supprimés en zone rurale ont été maintenus au nom de l’aménagement du territoire mais l’aide spécialisée a été sacrifiée.
Nicolas Dupont-Aignan qui avait placé son déplacement de campagne à Millac sous le signe de la défense de l’école rurale, lundi, va se sentir pousser des ailes… L’inspection académique a en effet renoncé hier à fermer quatre classes dont elle avait initialement envisagé la fermeture à Dangé-Saint-Romain, Paizay-le-Sec, Millac et Saint-Macoux.
Le directeur des services de l’Éducation nationale de la Vienne assure toutefois qu’il n’y a pas de lien de cause à effet. Il se trouve qu’il a été sensible aux arguments avancés par les cinq maires du Sud-Vienne et le député de la circonscription qu’il a reçus, avant-hier : « Je n’ai pas décidé de fermetures dans les secteurs les plus fragiles », explique Christian Arnaud. « A Millac, nous maintenons deux classes pour 20 élèves pour éviter d’aboutir à une classe unique. C’est un geste très fort. Je peux me le permettre sur un cas particulier mais ça ne peut pas être la règle. »
« Il n’y a pas que des calculettes et des moyennes »
Le responsable doit en effet « rendre » 13,4 postes à son administration à la rentrée prochaine dans le primaire malgré une hausse attendue de 31 élèves. « La réflexion n’a pas uniquement porté sur les chiffres ; des arguments qualitatifs sur le maintien de structures en milieu rural ont été retenus », se félicite Laurent Cardona, du syndicat SE-UNSA de la Vienne. « Il n’y a pas que des calculettes et des moyennes… En cela, nous avons été entendus. » Certains chiffres n’en restent pas moins pertinents. Le directeur académique évoque le taux d’encadrement (23,39 élèves pour un enseignant en 2011 contre 23,41 en 2012) pour se féliciter de sa stabilité. Il rappelle aussi que le nombre de 1.498 classes restera inchangé. « Nous avons fait le choix de prélever des postes hors classes, sur les réseaux », ajoute-t-il en expliquant que l’aide personnalisée compense la suppression de 14 des 77 postes spécialisés dits RASED. Cet argument, le représentant de l’UNSA le juge « fallacieux ». La marge de manœuvre pour parvenir à l’équilibre, l’Éducation nationale la trouve aussi dans l’accueil des jeunes enfants en maternelle. Il y a dix ans, près de 50 % des moins de 3 ans étaient scolarisés ; ils ne sont plus que 6 % à l’être.
en savoir plus
Les ouvertures et les fermetures de classes
> Ouvertures de classes : Latillé (maternelle), Buxerolles (Bourg), Châtellerault (Antoigné), Poitiers (Brel), Poitiers (Daudet), Vivonne (Langevin-Wallon), Vouneuil-sur-Vienne (Pagnol), Lathus-Saint-Rémy (Thévenet), RPI de La Chapelle-Moulière, Lavoux et Liniers. > Ouvertures conditionnelles : Vouneuil-sous-Biard (Cousteau) et Chabournay-Charrais. > Fermetures de classes : Châtellerault (Les Minimes), Lussac-les-Châteaux (Rostand), Quinçay, Roches-Prémarie, Rouillé, Scorbé-Clairvaux (Les P’tits Loups), Vendeuvre (Gauthier), Châtellerault (Lakanal-Littré), Nieuil-l’Espoir, Poitiers (Pagnol), Saint-Benoît (Jouenne), Saint-Georges-lès-Baillargeaux (Jolliet), Saint-Germain, Adriers (Albert), Saint-Pierre d’Exideuil (Giraud), Saint-Sauvant, RPI de La Chapelle-Viviers, Chauvigny-Pouzioux et Leignes. > Les classes maintenues in extremis : Dangé-Saint-Romain, Paizay-le-Sec, Millac et Saint-Macoux/Saint-Saviol.
Baptiste Bize
Nouvelle République, 28 mars 2012
ndPN : rassemblement de parents d’élèves ce mercredi après-midi devant la préfecture de Poitiers, à 14H30, contre les suppressions de classes et de postes de rased !