Un vernissage détourné en tribune politique
C’est avant tout l’histoire d’un affront fait à un artiste. Christian Ruhaut estime ne pas être « à ce point obscur et méconnu pour mériter un tel mépris ». Son travail, rappelle-t-il d’ailleurs, a fait l’objet d’expositions importantes et l’écrivain Bernard Noël a consacré une monographie à son œuvre. Voilà pourquoi ce peintre de renom installé dans le Civraisien depuis une dizaine d’années a écrit à Jean-Pierre Raffarin et à Jean-François Copé pour s’indigner de leur attitude.
Au début du mois, le sénateur de la Vienne et le secrétaire général de l’UMP ont transformé le vernissage de son exposition en réunion politique au Dortoir des moines de l’abbaye de Saint-Benoît. Ils avaient bien prévenu qu’ils honoreraient l’événement de leur présence, pas qu’ils allaient en profiter pour prononcer des discours de campagne sans aucun rapport avec l’exposition. « Aucun mot ni sur l’art ni sur la culture, aucun regard sur les œuvres exposées. Aucun mot, aucun échange, aucun regard avec l’artiste… Mais il a été question de voitures brûlées dans la région de Cognac ! », déplore Christian Ruhaut. « Ils ont ensuite bu un verre entourés de leur staff, complètement extérieurs et étrangers à l’événement qui se déroulait. Leur comportement était ahurissant ; des gens sont partis avant la fin, écœurés. Ce n’était pas une brocante ou une exposition de peintres amateurs… Je consacre ma vie à la peinture. »
« Irrespectueux »
L’artiste qui a également interpellé Nicolas Sarkozy par écrit a reçu une lettre d’excuses manuscrite de Jean-Pierre Raffarin, la semaine suivante. « Il a reconnu le caractère irrespectueux d’un tel comportement envers l’artiste et s’en est excusé avec sincérité », poursuit le peintre qui ne souhaite d’aucune manière participer au débat politique. Il a simplement été blessé et tenait à le faire savoir. Jean-Pierre Raffarin qui « marche à l’affectif » l’a semble-t-il compris.
Plus que deux jours pour découvrir l’exposition de Christian Ruhaut, ce week-end, au Dortoir des moines, rue Paul-Gavin à Saint-Benoît. Entrée libre.
Nouvelle République, Baptiste Bize, 28 avril 2012