NdPN : La Bourse du travail de Châtellerault a cent ans ! Elle fait paraître demain une brochure sur les luttes ouvrières locales.
A cette occasion, on relira les articles de Normand Baillargeon ou de David Rappe, sur les origines anarchistes et plus spécifiquement anarcho-syndicalistes de ces bourses du travail. Ces travaux nous rappellent que le syndicalisme des origines proposait comme but ultime « la disparition du salariat et du patronat » et considérait que « l’émancipation intégrale des travailleurs ne peut se réaliser que par l ‘expropriation capitaliste ».
A Poitiers, pour toutes celles et tous ceux qui, syndiqué-e-s ou non, veulent réaffirmer ces objectifs, rendez-vous à la manifestation de demain, mardi premier mai, dans le cortège contre l’esclavage salarié.
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La Bourse du travail compile cent ans de vie ouvrière
Pour ses cent ans, la Bourse du travail fait paraître ce mardi une brochure retraçant la vie ouvrière du Châtelleraudais. Cent ans de luttes et de conquêtes.
Al’occasion de ses cent ans, la Bourse du travail publie une brochure ce mardi. De la création de la maison des syndicats à la lutte des Fabris ou des fondeurs, en passant par la Manu, le Front populaire ou encore Mai 1968, elle revient sur les événements marquants des luttes dans le Châtelleraudais.
> La bourse ou la vie syndicale. La Bourse du travail de Châtellerault, située rue Cognet, c’est la maison des syndicats. Elle est créée dans l’Hôtel Brochard, ou immeuble Moreau, le 20 décembre 1911 sous la poigne de Clément Krebs, alors adjoint au maire, puis inaugurée le 13 avril 1912. > Première victoire du prolétariat. 65 ouvriers maçons et tailleurs de pierre de Châtellerault font grève contre leur patron et se constituent en association ouvrière en 1906. > La Manu. En 1910, plus de 90 % des syndiqués de Châtellerault et près de la moitié des syndiqués de la Vienne travaillent à la Manufacture. > Boulangers dans le pétrin. En janvier 1920, les ouvriers boulangers (suppression du travail de nuit et un repos hebdomadaire obligatoire) et les ouvriers des usines Roche (Cenon-sur-Vienne) entrent en conflit contre leurs patrons. Ils exigent une revalorisation de leurs salaires. > Perquisition chez les « cocos » châtelleraudais. A la suite de l’arrestation du Polonais, dit « Fantomas », pour espionnage, on recherche en 1932 des documents de la Défense nationale relatifs à la fabrication du nouveau fusil-mitrailleur. > La nuit des ligues fascistes. Coup de force contre le régime parlementaire le 6 février 1934 à Paris. Le journal Le Front populaire de la Vienne s’indigne des « punitions qui pleuvent sur les ouvriers de la Manu », dont un ingénieur, surnommé « Le Négus », brûle le journal CGT à l’atelier central. > Premiers chômeurs. Création d’un comité de chômeurs à la Bourse du travail en 1935. > 1er mai 1936. C’est le Front populaire, les grèves… en France. Dans la Vienne comme à Châtellerault, c’est la droite et l’échec du Front populaire. Aucun candidat de gauche n’est élu. La Vienne a voté à l’inverse de la France. > « Plus vite ! » Note du directeur de la Manu le 31 mars 1941 : « Il faut marcher plus vite, il faut travailler plus vite, il ne faut plus se promener, il ne faut plus faire causette avec ses camarades, il faut du travail et du rendement. » > La rafle du 23 juin 1941. Un instituteur raconte que des communistes sont arrêtés « sur décision de la Gestapo et sur exécution de la Feld-gendarmerie avec appui de la police française ». 24 sont déportés. > La Grande grève à la Manu. En 1942, les listes de départ STO sont « de plus en plus longues ». Les ouvriers décident d’une grève surprise. > L’après-guerre. C’est le temps des grèves avec les postiers, gaziers et électriciens (août 1953), de l’augmentation importante du coût de la vie… > On ferme, on ouvre ! Fermetures programmées de la Manu et de la base américaine de Saint-Ustre à Ingrandes-sur-Vienne. Arrivée de nouvelles entreprises : Jaeger, Sochata, Hutchinson, Sfena… > Mai 1968. 23 usines en grève, 16 occupations. Mouvements à la Sochata, à la Mac, chez Duteil, Blereau, AMS, Mescle, Semis, Hawk… Accords de Grenelle et fin de conflit. Ex : 30 % de hausse de salaire à Hutchinson. > La décennie de la grève (1970-1980). Chez Hutchinson, Jaeger, Rivet, Micromeca… > Châtellerault, ville morte. Une manifestation d’ampleur a lieu le 6 juillet 1978 pour la défense de l’emploi et la revalorisation du pouvoir d’achat. > Cent ans de CGT (1995). Claude Baury réalise une sculpture. > Les années 2000. Liquidation des « Fabris » le 16 juin 2009, reprise des « Fonderie Alu » (ex-Montupet) par Saint-Jean-Industries…
« 100 ans de vie ouvrière à Châtellerault, le journal des luttes ». Brochure tirée 300 exemplaires. Prix : 12 €. En vente à partir de ce mardi à la Bourse du travail de 9 h à midi (100ansboursetravail@ voila.fr).
Les syndicats appellent à se rassembler ce mardi à 10 h 30 devant la Bourse du travail. Au programme, remise de médailles à douze récipiendaires et distribution de tracts.
en savoir plus
Un siècle d’histoire, trois mois de travail
« 100 ans de vie ouvrière, le journal des luttes », c’est un ouvrage qui relate, sous forme chronologique, la vie ouvrière du Châtelleraudais à travers ses luttes. Il rassemble et s’appuie sur des archives de la CGT, des documents tirés d’ouvrages d’historiens, ainsi que de témoignages d’ouvriers, acteurs de la vie ouvrière châtelleraudaise. Cet almanach, c’est 116 pages de textes et photos inestimables qui ont réclamé un travail impressionnant de la part de ses auteurs, dont le rédacteur en chef, Joseph Chotard. « On a mis trois mois pour faire ce travail de compilation. On a surtout puisé dans les archives de la CGT, longtemps le seul syndicat, et qui archivait. La CFTC est apparue en 1919, la CFDT en 1964, la CGC en 1944 et FO en 1947. » L’Association pour la célébration des cent ans de la Bourse du travail de Châtellerault, à l’origine de cette brochure, va la mettre en vente ce mardi 1er mai, Fête du travail et des travailleurs. Tout un symbole.
Nouvelle République, Denys Frétier, 30 avril 2012