Le mauvais tournant de l’usine Autoliv-Isodelta
Le transfert de machines en Roumanie et la délocalisation d’une partie de l’activité en Tunisie inquiètent les salariés du site de Chiré-en-Montreuil (Vienne).
La fabrique poitevine de volants pour l’industrie automobile semble prendre un mauvais tournant. Le premier employeur industriel du département a annoncé la semaine dernière son intention de délocaliser en Tunisie la production quotidienne de plus de 700 volants destinés à équiper les voitures Smart. Il prévoirait également de transférer la fabrication des volants Audi en janvier prochain.
Pour l’heure, cette décision ne devrait pas entraîner de suppressions de postes même si plusieurs contrats d’intérimaires ne seront pas renouvelés, selon les représentants du personnel. « Il n’est pas question de plan social mais nous sommes quand même très en colère », avoue Dominique Poireau, le délégué syndical de la CFDT, largement majoritaire dans l’entreprise. « Nous avons d’ailleurs demandé à un cabinet d’expertise comptable d’éplucher la situation financière pour nous assurer que les choix stratégiques de la direction ont bien pour objectif de pérenniser le site. » En d’autres termes, que le groupe suédois Autoliv n’est pas en train de déshabiller son usine Isodelta pour préparer sa fermeture…
« Le moral est assez bas »
Car cette annonce intervient après le transfert, en début d’année, de deux machines qui n’étaient plus utilisées vers une usine en construction à Saint-Georges, en Roumanie. Cette nouvelle unité doit rassembler les mêmes activités que sur les sites français et tunisiens avec 600 employés sur 12.000 m2. Des salariés roumains sont d’ailleurs en formation dans la Vienne depuis plusieurs semaines. Une partie de l’outil de travail a donc été déménagée, le savoir-faire est en passe de l’être, mais il n’est officiellement pas question de transfert d’activité. « L’usine démarre pour accompagner une augmentation de volume et répondre à la demande de l’Est », explique Patrice Gonnet, l’autre délégué de la CFDT. « Il n’est pas question de développer la production à Chiré ; ça coûte trop cher… Nous faisons tous des efforts mais le moral est assez bas. » Conséquence des choix de la nouvelle direction : l’activité polyuréthane devrait cesser dans la Vienne et le personnel affecté à ce secteur serait reclassé en interne, selon la CGT. « Les perspectives ne sont pas bonnes, je ne vois pas comment on peut échapper à un nouveau plan de sauvegarde de l’emploi », déplore Marc Guillerm, du syndical minoritaire, qui souhaite engager une action avant le transfert attendu de nouvelles machines en septembre. « Nous avons prévenu qu’on bloquait l’usine au prochain départ de machines ; nous sommes prêts à mettre le groupe à genoux », prévient Dominique Poireau, au nom de la CFDT qui privilégie pour l’instant une approche « prudente et constructive ». Sollicitée hier matin, la direction d’Autoliv-Isodelta n’a pas souhaité réagir.
Nouvelle République, Baptiste Bize, 3 mai 2012