Ne plus avoir de patron c’est sympa. Mais artisan indépendant c’est souvent la galère ; mutualiser c’est mieux.
Les artisans à domicile ont trouvé la parade
La coopérative des artisans à domicile fête ses trois ans. Elle s’est aujourd’hui élargie à tout le Poitou-Charentes.
Nous sommes fin 2008. Lucie Fradet, qui dirige avec son mari une petite entreprise artisanale d’entretien de parcs et jardins à Chauvigny, voit de mois en mois diminuer sa clientèle, celle qui commande de petits travaux mais qui à la fin de l’année fait le chiffre d’affaires.
L’explication est simple : si les services d’une entreprise artisanale sont réputés impeccables, beaucoup de particuliers préfèrent malgré tout recourir, pour faire tondre leur pelouse ou élaguer leur haie, aux chèques emploi-service qui permettent de rémunérer les « petits boulots ».
Un tarif unique quel que soit l’artisan qui intervient
Le dispositif Borloo, qui a créé les avantages fiscaux pour les travaux à domicile, en a exclu les entreprises artisanales, sauf à ce qu’elles créent une deuxième structure pour l’aide à domicile, avec des employés spécifiques. Trop lourd, trop compliqué pour les époux Fradet et leurs collègues. C’est un ami artisan dans le Jura qui va apporter la solution : dans ce département, les artisans spécialisés dans l’aide à domicile se sont regroupés en une coopérative de services. C’est elle qui intervient chez les particuliers, uniquement pour des petits travaux (éligibles aux avantages fiscaux) comme le veut la loi ; les entreprises artisanales sociétaires effectuent les travaux en toute légalité, et le tour est joué. Contactée, la Chambre de Métiers de la Vienne se met immédiatement au service de ses adhérents que cette solution peut intéresser. En quelques semaines, les Artisans à domicile de la Vienne sont nés. Outre les jardiniers paysagistes, qui constituent les deux tiers des adhérents, la coopérative s’ouvre à trois autres corps de métiers : l’assistance informatique, le ménage et le petit bricolage. Le fonctionnement est on ne peut plus simple : le client s’adresse à la coopérative, via son site internet (http ://www.artisansadomicile.coop) et passe sa commande. C’est l’artisan compétent le plus proche de son domicile qui intervient. Les tarifs, disponibles sur le site, sont les mêmes pour tous. En trois ans, la coopérative n’a cessé de gagner des adhérents et des clients mais est toujours à la recherche de nouveaux artisans intéressés. Ses dirigeants n’écartent pas la possibilité d’élargir ses activités à d’autres métiers d’aide à domicile. Son succès n’a pas manqué d’attirer l’attention des départements voisins. Depuis le début de l’année, elle compte trois adhérents en Charente-Maritime et quatre dans les Deux-Sèvres. Elle s’appelle désormais « Artisans à domicile en Poitou-Charentes ».
en chiffres
La coopérative d’artisans est coprésidée par Lucie Fradet et Jean-François Baillargeat, de Chauvigny, et Frédéric Paillé, de Montamisé. Elle compte 39 adhérents, dont 32 dans la Vienne. 27 de ces adhérents sont des jardiniers-paysagistes, cinq travaillent dans le nettoyage, deux dans le bricolage pour particuliers et cinq dans l’assistance informatique. Le coût des prestations ouvrant droit à déduction fiscale est plafonné (sauf pour l’entretien de la maison et les travaux ménagers) : 3.000 € par an et par foyer fiscal pour les petits travaux de jardinage, 500 € par an pour le petit bricolage (moins de deux heures par prestation), 1.000 € pour l’assistance informatique.
Nouvelle République, Vincent Buche, 24 mai 2012