» Nous travaillons sous contrainte budgétaire «
Les représentants de la CGT santé du Centre hospitalier Henri-Laborit de Poitiers dénonce une “ dégradation constante ” des conditions de travail.
La direction du CHU vient de profiter de la loi de finances de 2012 sur l’instauration d’un jour de carence en cas d’arrêt maladie pour nous supprimer deux journées « d’autorisation d’absence exceptionnelle. Éric Plat, secrétaire CGT au centre hospitalier Henri-Laborit et Gérard Baillargeaux, secrétaire-adjoint sortent de deux réunions avec leur direction et les représentants des syndicats FO et CFDT. Ils considèrent que cet acquis qu’on vient de leur supprimer est révélateur d’une volonté de restriction budgétaire à tous crins.
« Il n’y a plus de dialogue social »
Les deux syndicalistes résument une situation qui semble se dégrader d’année en année. « Ici parfois, les patients peuvent être hospitalisés sous contrainte, nous nous subissons une contrainte budgétaire constante. » Pêle-mêle, ils pointent les dysfonctionnements qui remettent en cause la qualité même de l’accueil et des soins prodigués aux patients. En premier lieu, les postes d’infirmiers vacants et budgétés mais qui ne sont pas pourvus. Une trentaine selon eux pour un effectif actuel de 450 infirmiers. Aussi, la pression « descendante » d’une hiérarchie qui mise sur l’augmentation des séjours courts. « En 2010, nous avons enregistré 1.117 hospitalisations de plus par rapport à 2010. Ce qui veut dire un plus grand nombre de patients donc d’entrées aussi. Les soignants doivent remplir de plus en plus de tâches administratives. » Éric Plat et Gérard Baillargeaux égrènent d’autres chiffres. Un budget « grignoté » de 382.000 euros sur la dotation globale en psychiatrie d’environ 60 millions d’euros. Et les perspectives vont dans le même sens. « Le budget devra diminuer d’1,5 million sur 7 ans ! » Ils cachent donc difficilement leur amertume. « Il n’y a plus de dialogue social. Dans ces conditions, comment ce métier peut-il être attractif pour les futurs infirmiers qui sont de moins en moins bien formés. De plus, les deux tiers de notre personnel est féminin avec des enfants. Et là, même les places à la crèche du CHU sont en nette diminution. » Autant de régressions sociales aux yeux des syndicalistes.
Nouvelle République, Marie-Laure Aveline, 24 mai 2012