Ce jeudi 20 octobre, des salariéEs sont venuEs de nombreuses villes de France apporter leur soutien et montrer leur solidarité aux grévistes des Fonderies du Poitou, qui sont dans leur septième semaine de lutte pour lutter contre le plan Montupet – prévoyant une baisse des salaires de 23%. Deux mille personnes ont manifesté, principalement sous les drapeaux de la CGT.
Réunion au sommet
Jean-pierre Abelin (maire « Nouveau Centre » de Châtellerault) s’était déplacé pour soutenir les salariéEs des Fonderies, et puis aussi accueillir Bernard Thibault, la vedette du jour, avec qui il a échangé quelques mots ; ce dialogue de notables a vite été parasité par les sifflets et noms d’oiseaux venant d’une bande de manifestants. Quand monsieur le maire a protesté de son soutien aux gens des Fonderies, un gréviste lui a vivement rappelé qu’il soutenait aussi Sarkozy et sa politique, laissant le maire un peu penaud : « être au centre », c’est pas tous les jours facile.
La machine Thibault
Thibault (dont on ne rappellera pas le CV de fossoyeur de l’autogestion populaire ), a ensuite monté les marches pour prendre la parole et évoqué « l’espoir » du choix de Renault comme racheteur de la boîte. Il a rappelé l’importance « vitale » de l’industrie automobile française (son million de salariéEs-esclaves… ça en jette tout de même), en soulignant la « performance » des Fonderies Alu. « Le projet de reprise est tout à fait viable et souhaitable pour permettre à un constructeur automobile français de rester performant », confie-t-il à la caméra. Le vrp des temps modernes, assénant que l’Etat devait jouer « tout son rôle » dans le règlement du conflit, et dont on se demandait si le discours s’adressait aux exploiteurs ou aux gens dans la galère, a tout de même félicité les syndicalistes d’avoir « respecté l’outil de travail ». Une syndicaliste a fait part de son enthousiasme : « Ca, c’est un vrai leader !»… Après un tonnerre d’applaudissements pour cet hymne à l’autonomie ouvrière, une nouvelle phrase concluait la ritournelle de slogans habituels du cortège qui s’ébranlait : « C’est Renault qu’il nous faut ! ». Le sabotage, l’autogestion et le projet révolutionnaire d’abolition de l’esclavage salarié, qui animèrent les cégétistes des origines, sont décidément bien loin. Camarades Pouget, Monatte, Griffuelhes : dormez en paix.
« Montupet enculé, Montupet enculé, Montu… »
Quant à moi, avec mon ridicule petit drapeau noir, venu soutenir les salariéEs en lutte, j’ai bien vainement tenté quelques slogans antiproductivistes, antibureaucrates et autogestionnaires. Je n’en avais pas fini avec mes réserves sur ce qui était pourtant une belle journée de solidarité des salariéEs. Faut dire que c’est pas facile, quand on aime se faire enculer – et quand on a déjà déjà fait part de son agacement aux stars du micro à d’autres occasions précédentes – de continuer à se faire traiter de « Montupet ». A chaque « Montupet enculé » qu’on est contraint de se prendre aux oreilles, à chaque fois qu’on continue de venir soutenir cette lutte courageuse.
Un enculé d’anar
Une réflexion sur « « C’est Renault qu’il nous faut » »
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