Le collectif artistique Zo Prod invite samedi les Poitevins dans son usine pour fêter ses quinze années de créativité autour des arts de la rue. Histoire.
Zo, c’est au départ une dizaine de personnes, on bricolait chacun dans notre coin et on a décidé de louer et de gérer ensemble un lieu, raconte aujourd’hui Jean-Luc Auvin, l’un des trois « historiques » du collectif, on était tous amateurs, soit musicien soit plasticien, on venait de l’industrie, du commerce ou du secteur socioculturel et quasiment personne n’avait de formation artistique. Au-delà de l’éclectisme qui caractérise alors le groupe, « pour chaque personne c’était alors un choix de vie, l’expérimentation d’un autre fonctionnement sans hiérarchie verticale. C’est pour ça qu’on est véritablement un collectif et pas une compagnie », assure rétrospectivement Jean-Luc Auvin.
Le bruit du métal comme marque de fabrique
L’univers punk en héritage et le bruit du métal comme marque de fabrique, c’est autour du travail du fer que le collectif s’est forgé ses lettres de noblesse aux accents ouvriers. La construction du char La Bête (à la demande du Confort moderne) pour la Techno parade en 1999 est alors un tournant, celui de la mutation de Zo en Zo Prod marquant l’acquisition d’une licence de spectacle. Située en retrait de l’avenue de Paris, l’ancienne usine (propriété de la ville) occupée depuis maintenant deux ans par Zo Prod (après son départ du quartier des Montgorges) est le creuset de l’expérience au quotidien du groupe de créateurs (pour la plupart intermittents du spectacle). Tournée principalement vers les arts de la rue, l’activité de « Zo » se décline sous trois formes principales : la production de spectacles et d’installations (Ferbotten, Konstructor, La Famille Tuvora…), la construction de machineries pour d’autres compagnies et l’accueil d’artistes en résidence. Dans l’un des ateliers, on travaille aux ultimes soudures de la dernière création maison : « Pièces uniques en série », atelier mobile de sérigraphie. « Samedi ça fonctionnera », assure l’une des trois sérigraphes attitrées du collectif après avoir relevé son casque de soudeur. « Si ce n’est pas le déluge, on attend dans les 2.000 personnes », estime à la louche Jean-Luc Auvin. Une belle entrée au paradis en fer de « Zo » pour « Pièces uniques en série » avant son premier déplacement dès la fin juin à Sotteville-les-Rouen pour « Viva cité », l’un des plus grands festivals d’art de rue de l’hexagone.
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> Le collectif. Fondé à Poitiers il y a quinze ans par une dizaine de personnes, le collectif artistique compte aujourd’hui quatorze membres dont deux salariés administratifs. Jean-Luc Auvin, Cécile Chamard, Julia Henaud, Alain Kolpak, Christine Dgeat, Sébastien Giraud, Armelle Chenu, Baptiste Savit, Sandra Proux, Loïc Bernardeau, Poy, Anne Hubert, Francis Reverdy et Soline Rouland composent aujourd’hui Zo Prod. > Les résidences. L’association accueille régulièrement des résidences de création dans ses murs. La compagnie Humains gauches (de Poitiers) y prépare actuellement sa nouvelle création. > le programme de samedi. – De 14 h à 18 h : Pascal Perroteau (spectacle pour enfants), Chap’de Lune (cirque), Hod’up steady (rock). – De 18 h à 20 h. Fred Abrachkoff (humoriste), La Quinte (chanson), La Revieille (vielle à roue de secours). – De 20 h à 2 h. Between the riot (rock), Un Dolor (rock), Cie Humains gauches (clowns), Antihéro (rap), Révérant Poy (DJ), Guemo & Meyso (DJ).
Zo Prod fête ses 15 ans, 11, chemin du Quai-d’Embarquement, entrée libre, restauration sur place. Renseignements : 05.49.36.02.16. www.zoprod.com
Nouvelle République, Dominique Bordier, 16 juin 2012