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Affrontements entre opposants aux lignes Très Haute Tension et gendarmes
MONTABOT (Manche) – Opposants à la ligne à très haute tension (THT) Cotentin-Maine et forces de l’ordre se sont affrontés dimanche à Montabot, dans le bocage normand, où des centaines de militants avaient monté un « camp de résistance » et où une députée EELV a dénoncé un « harcèlement » des militants par l’Etat.
Les heurts se sont déroulés pendant à peine une heure aux abords du « camp de résistance« , des tentes montées dans un champ avec l’accord de son propriétaire depuis jeudi soir et qui a rassemblé jusqu’à 300 militants selon la police, 600 selon les militants.
Un endroit interdit aux médias par les militants aux abords duquel dimanche matin ils ont affronté les forces de l’ordre dans le brouillard, sous une pluie parfois battante, alors que des détonations retentissaient dans la vallée parsemée de pylônes en construction.
Un petit groupe de militants remontés contre la presse, équipés de masques à oxygène, a posé aux abords du camp un barrage sur une route communale parsemée de clous, avec des barbelés et de lourds rondins de bois, avant que des affrontements n’y surviennent.
En fin de matinée un militant a été évacué par les pompiers, sur un brancard, un bandeau blanc avec une tache rouge sur la tête, a constaté une journaliste de l’AFP.
« Il s’agit d’un militant d’une vingtaine d’année qui a été blessé à l’oeil, alors que les forces de l’ordre répondaient aux agressions des manifestants par tirs de gaz lacrymogène et de flashball« , expliquera plus tard à l’AFP la sous-préfète de Coutances, Anne Frackowiak-Jacobs.
Les jours du militant ne sont pas en danger, selon la préfecture.
Outre ce blessé, la préfecture a recensé un autre blessé chez les manifestants, une jeune femme de 23 ans incommodée par les gaz lacrymogène, et quatre blessés légers chez les gendarmes dont deux ont été hospitalisés pour des « radios » à la main « après y avoir reçu des coups« .
« Traités presque comme des terroristes »
Les forces de l’ordre ont « chargé alors qu’aucune infraction n’avait été commise« , a assuré de son côté l’avocat des anti-THT, Me Gervais Marie-Doutressoulle, qui lui a compté « six blessés dont deux « sérieux » chez les manifestants.
Selon le porte-parole des militants anti-THT, l’un de ces blessés a été transféré au CHU de Caen pour y être opéré à la tête.
Un seul manifestant a été placé en garde à vue « après avoir jeté un fumigène sur un gendarme« , selon la préfecture. Les militants ont commencé à quitter les lieux en milieu d’après-midi.
La ligne THT Cotentin-Maine doit acheminer sur 163 km l’électricité du polémique nouveau réacteur nucléaire EPR en construction à Flamanville dans le nord de la Manche. Pendant que certains s’affrontaient sur le barrage dimanche matin, une centaine de personnes ont ainsi défilé dans les environs du site avec des slogans antinucléaires.
La député EELV Isabelle Attard est venue sur place dans l’après-midi dénoncer un « harcèlement » ces derniers mois des opposants à la THT « traités presque comme des terroristes » par l’Etat.
Elle y a plaidé pour le lancement d’une étude épidémiologique sur les effets des THT sur la santé, déjà réclamée par les collectivités locales de droite comme de gauche.
Plusieurs études ont mis en évidence une « corrélation statistique » entre la survenue de leucémies infantiles et le fait de vivre près d’une THT, mais le lien n’a jamais été scientifiquement prouvé.
AFP, 24 juin 2012