[Poitiers] Les ex-SFR de Chasseneuil ne se laissent pas faire

Les ex-SFR déclarent la guerre à l’opérateur

Après leurs collègues de Toulouse et de Lyon, les ex-SFR de Chasseneuil assignent l’opérateur aux prud’hommes. Une première audience avait lieu hier.

Nous plaidons sur la base de la collusion frauduleuse entre SFR et Aquitel, filiale du groupe Arvato, qui a entraîné la destruction de l’intégralité des emplois de ces salariés… » indiquait Me Romain Geoffroy, l’avocat montpelliérain représentant leurs ex-collègues de Toulouse et de Lyon est désormais leur conseil. Au sortir de l’audience de conciliation hier en fin de matinée, qui n’a pas abouti, la société Aquitel restant sur ses positions, à savoir « qu’elle a, indique son conseil Me Le Clercq, respecté les dispositions légales » les ex-salariés de SFR Chasseneuil n’attendaient rien de cette conciliation. Ils savent que le chemin sera long pour gagner. Peut-être un peu moins espèrent-ils mais ils sont décidés, comme Franck Berne, venu des Deux-Sèvres. Ce grand costaud était ému de retrouver ses collègues, ce mardi matin devant le conseil des prud’hommes. Quatre ans, parfois cinq qu’il ne les a pas revus. Lui a quitté la Vienne pour un département voisin. « J’ai refait ma vie, j’ai retrouvé du travail… »

Nouvelle audience le 19 mars prochain

En 2007 pour les 590 salariés poitevins du service clients de SFR, c’est une année noire. Idem pour leurs collègues de Toulouse et de Lyon. Le géant de la téléphonie mobile décide de sous-traiter… À Téléperformance pour les sites de Toulouse et de Lyon et à Aquitel filiale du groupe Arvato, pour Chasseneuil. « À des conditions inacceptables au niveau du salaire », indique Franck Berne. « Nous n’avons pas eu le choix, c’était ça ou partir. » Partir dans le cadre d’un plan de départs volontaires. C’est ce qu’a fait la majorité, après avoir lutté. Plusieurs mouvements de grèves ont paralysé la plate-forme… Sans résultats. Si certains ont mené une action aux prud’hommes, ils n’ont pas gagné. « La lutte du pot de terre contre le pot de fer » pour beaucoup qui ont tourné la page. « Nous étions tellement dégoûtés. Nous étions tous investis. Et ces gens-là ont tout brisé » raconte encore le salarié. Et puis il y a eu la victoire en appel, en mars dernier, de leurs anciens collègues de Toulouse et en première instance de ceux de Lyon. « Ça nous a reboostés, indique Maud Clémenceau. Et via les réseaux sociaux on a repris contact et on a décidé de se battre à nouveau. » Et ce sont 167 dossiers d’anciens de Chasseneuil qui sont parvenus au greffe du conseil des prud’hommes. « Ça n’a rien à voir avec 1.000 ou 2.000 € d’indemnités qu’on pourrait avoir, ajoute Franck Berne. C’est pour une reconnaissance. Je veux voir – noir sur blanc – SFR condamné pour des pratiques intolérables. » Si la conciliation n’a pas abouti hier matin, les ex-SFR sont à nouveau mobilisés en vue d’une audience de jugement qui aura lieu le 19 mars 2013.

repères

Toulouse, Lyon et Poitiers même combat

Pour Maître Geoffroy, si la décision de la cour de Cassation de Toulouse sera déterminante, il ne faut pas l’attendre. La date d’audience est loin d’être fixée. « Il faut continuer la procédure à Poitiers nonobstant des problèmes de prescriptions. On a déjà une excellente décision sur laquelle s’appuyer ». Pour l’avocat montpelliérain la situation est comparable pour les 1.800 salariés des trois différents sites. Et les indemnités réclamées – de 10.000 à 30.000 € selon l’ancienneté – légitimes, pour les ex-salariés poitevins.

Nouvelle République, Sylvaine Hausseguy, 4 juillet 2012