Débrayage de deux heures à l’usine Autoliv-Isodelta

A Chiré-en-Montreuil, les syndicats de l’usine Autoliv-Isodelta ont appelé les salariés à débrayer deux heures à la suite d’un CE exceptionnel lundi matin.

En mai dernier, une suspicion de délocalisation d’une partie de l’Autoliv-Isodelta (fabrication de volants) en Tunisie avait provoqué de vives inquiétudes. L’apaisement n’aura été que de courte durée puisque le comité d’entreprise exceptionnel qui s’est tenu lundi matin n’a pas eu pour vocation de rassurer totalement les salariés et plus globalement les familles et élus de la commune et des environs. La direction (*) y a présenté un plan de « compétitivité » après avoir présenté la situation de l’entreprise qui – de source syndicale – accuserait une perte pour l’exercice 2011 de 17,8 millions d’euros.

«  Ce transfert sera funeste pour Isodelta  » (CGT)

A l’appel de la CFDT et de la CGT, un débrayage de deux heures lundi, une le matin et une l’après-midi, a été suivi selon eux par 90 % des salariés présents. Cette action avait pour vocation, comme l’a indiqué Dominique Poireau, délégué syndicat de la CFDT, « d’informer et marquer le coup puisque [nous] ne cautionnons pas les propositions avancées par la direction ». Ce plan de compétitivité s’articulerait autour de trois axes listés par Dominique Poireau : « On nous a expliqué qu’aujourd’hui pour éviter la cessation d’activité, il faudrait que le groupe recapitalise à hauteur de 20 millions d’euros. Ce n’est pas une découverte, le CE a suivi l’évolution mois par mois. La direction propose donc de réorienter toutes les fabrications sans plus-value, de faire entrer des marchés autres que les volants et de réorganiser la production pour l’optimiser avec les outils restant sur place. » Un échéancier a été présenté pour transférer quatre presses à injection « métal » en Roumanie et Turquie avant la fin de l’année. Et, dès le début de 2013, quatre postes de montage prendraient la direction de la Tunisie. Pour les représentants de la CGT, Marc Guillerm et Thierry Champrobert, « c’est le meilleur moyen de présenter un bilan catastrophique et un PSE rapidement même si aujourd’hui la direction ne parle pas de licenciements. Dans l’immédiat, ces transferts concernent 28 postes [NDLR : l’entreprise compte 650 salariés. En 2008, 776]. Ce déménagement sera funeste pour Isodelta ».
Même si cette vision n’est pas totalement partagée par leurs homologues de la CFDT, ces derniers se réservent le droit de se mettre en grève sur le champ à Chiré comme en Tunisie si, selon leur expression, « un lapin sort du chapeau ».

(*) Toutes les tentatives pour joindre la direction de l’usine ont été vaines.

à chaud

Les élus sur le qui-vive

Au mois de mai dernier, la direction de l’Autoliv-Isodelta avait souhaité rencontrer les élus (lire notre édition du 5 mai) qui restés vigilants mais rassurés. Joint au téléphone Claude Bertaud, président du conseil général se souvient qu’à l’époque les dirigeants envisageaient un transfert de matériel à l’étranger, notamment les presses qui ne produisaient plus, dans un souci de diversifier la production. « Ce type de nouvelle sur fond de suppressions d’emplois à PSA est toujours inquiétant mais je continue à suivre ce dossier complexe. » Mme le maire de Chiré-en-Montreuil Nathalie Guillet aimerait « connaître les objectifs et l’aboutissement recherchés par la direction de l’usine à l’issue de ce transfert ».

Marie-Laure Aveline, La Nouvelle République, 18 juillet 2012