NdPN : Il ne fait pas bon être à la rue à Poitiers. Pressions policières permanentes, expressions hostiles des autorités locales, évidemment relayées par les médias locaux. Les propos dégueulasses à destination des dénommés « marginaux » se sont durcis, depuis le développement de la lutte pour le droit au logement, avec le collectif des sans-logis et mal-logés de Poitiers et le DAL 86.
Dernier exemple en date d’une expression médiatique hostile, sur pas moins de quatre articles en une semaine : l’affaire du relais Charbonnier, fermé à cause du « comportement » des « marginaux ». Grosso modo, il y a des bons pauvres, et des mauvais pauvres (ceux qui ne respecteraient pas le règlement imposé). Pas un mot sur les vexations subies au quotidien, pas un mot sur la souffrance sociale engendrée par ce système pourri. Non, seulement la « souffrance »… des personnels, ou la « vie difficile »… du voisinage. Quelle honte.
Stigmatiser, encore et toujours… cette petite musique voudrait-elle mettre en sourdine les vraies questions de fond ?
Extraits tirés du « journal » local :
Nouvelle République, 11 septembre 2012 :
Les usagers n’ont plus accès au lieu d’accueil et de prévention santé, de la rue du Mouton, depuis lundi. […] Pour quelles raisons, ces lieux emblématiques de la Ville ont été fermés ? « Au niveau du Relais, il y a eu ces derniers temps des comportements assez agressifs de la part de gens en errance, pas forcément des SDF, mais des marginaux dans la toute puissance. Il y a eu un afflux important de ces personnes au comportement difficilement acceptables. La tension est montée. Cette situation a été difficile à vivre pour le personnel. Il y a eu des réflexions dans le quartier », nous confie un interlocuteur qui ne souhaite pas être mis en avant. […] Notre interlocuteur note que de bons résultats ont été obtenus avec d’anciens marginaux qui sont parvenus à se réinsérer.
Nouvelle République, 12 septembre 2012 :
Hier, l’adjointe aux affaires sociales de la ville, Régine Faget-Laprie, et Géraldine Gallego, assistante sociale, ont fait le point sur les raisons d’une fermeture administrative qui ne prendra fin que lundi prochain. « C’est un geste fort, souligne l’élue, mais c’eût été une faute de ne pas le faire. » Après une rencontre avec les personnels du Relais, depuis 12 ans lieu emblématique de l’accueil d’urgence à Poitiers, la décision a été prise. Depuis juin, c’est le comportement d’un groupe d’une trentaine de personnes qui rend très difficile la vie des personnels du relais. Les plaintes et les dires d’un voisinage excédé par le bruit ont aussi conduit les opérateurs à prendre cette mesure.
Maintenir la mixité sociale
Personnes alcoolisées se présentant à l’accueil, chiens non tenus en laisse, injures envers le personnel sont quelques-uns des dysfonctionnements relevés. « C’est devenu infernal, surtout à l’accueil. Nous mesurons l’étendue de la souffrance des personnels », relève l’adjointe. « Nous sommes confrontés à un rappel constant du règlement, remarque Géraldine Gallego, il faut maintenant réfléchir à comment on travaille avec ces gens-là ». Cette semaine de fermeture, outre qu’elle « marque le coup » et signifie au public qui le fréquente qu’il ne « peut pas y avoir d’appropriation des lieux par un groupe », va aussi servir de temps de réflexion. « Il va falloir repréciser les règles. Il n’est pas question de fermer ce lieu exceptionnel, ajoute Régine Faget-Laprie, mais nous serons très attentifs. On veillera aussi à ce que la mixité sociale y soit maintenue. » (*) Vendredi, une nouvelle réunion est programmée avec les personnels pour faire le point sur les préconisations. Avant une réouverture programmée lundi à 11 h 30. D’ici là, les personnes en grande difficulté sont priées d’appeler le 15, notamment en cas d’urgence médicale.
(*) Entre 2007 et 2011, la fréquentation du relais a augmenté de 20 %.
Nouvelle République, 15 septembre 2012 :
Depuis lundi, le relais Georges-Charbonnier dans le quartier de Montierneuf est fermé (NR de mardi et mercredi). « En raison du comportement de plus en plus difficile d’une minorité d’usagers », indique la mairie dans un communiqué.
Nouvelle République, 18 septembre 2012 :
Le Relais G. Charbonnier a rouvert ses portes – comme prévu – lundi (1). Une ouverture progressive (2). Dans la salle d’accueil ont pris place des migrants, des demandeurs d’asile, car les usagers ne sont pas composés uniquement de « marginaux ». L’ambiance est calme hormis l’irruption d’un homme exigeant qu’on lui redonne sa bouteille, confisquée par l’éducatrice.