En visite hier à Poitiers, François Fillon (en campagne pour la présidence de l’UMP) a affirmé, selon des propos rapportés par la Nouvelle République de ce 21 septembre 2012 :
« Je veux aller chercher les électeurs qui ont voté pour le Front national et ceux qui ont voté pour François Hollande, les modérés, les électeurs du centre. »
Ce n’est pas nouveau. La répression à l’égard des étrangers mise en oeuvre sous le gouvernement dudit Fillon démontre qu’il n’a pas attendu d’être en campagne pour la présidence de l’UMP… pour mettre en oeuvre les thèses du front national, « normalisant » ainsi un discours xénophobe abject, sous un pauvre vernis républicain.
A la fin de l’article, voici ainsi ce que nous rapporte le journal : les militants sont « à présent décomplexés« , « l’un d’eux allant jusqu’à s’inquiéter de voir des minarets remplacer « nos clochers » « .
Dans la ville aux cent clochers, la seule mosquée à minaret a déjà plusieurs fois été l’objet de tags racistes ; mais selon ce militant UMP elle serait déjà de trop… monsieur Fillon, vous avez fait un beau travail pour « décomplexer » vos électeurs ces dernières années.
L’article conclut de façon ambiguë : « Le rassembleur sait l’ampleur de la tâche qui l’attend à la tête du parti. »
Pour le débarrasser du racisme qui s’y exprime ? Vu le bilan de Fillon, premier ministre d’un gouvernement dont l’une des marques de fabrique fut la persécution des étrangers, on peut en douter. La « tâche qui l’attend » nous fait plutôt froid dans le dos. Et on ne comptera pas sur le PS, qui prend le relais de la droite pour maintenir la cadence infernale des reconduites à la frontière et expulser des camps de Roms.
Dans le contexte de « crise », c’est-à-dire d’attaque structurelle et massive de la classe capitaliste contre le prolétariat mondial, l’arme de la diversion et de la division xénophobe et raciste est partout à l’oeuvre, rappelant d’autres époques de sinistre mémoire. Bénéficiant de la décomposition des organisations syndicales et révolutionnaires, ainsi que de la confusion généralisée des idées, le racisme revient en force, partout en Europe. Les lamentables débats promus par les médias, autour du concept fumeux de « choc des civilisations », participent à l’entreprise de sape de la solidarité de classe contre les dominants et les exploiteurs communs.
Combattons le racisme partout, qu’il se pare de « produisons français » ou de « laïcité » sélective. Ce ne sont pas les discours économiques chauvins, de la gauche stalinienne relookée Mélenchon à la droite « décomplexée », qui feront avancer cette solidarité. A nous d’inverser la tendance, en participant à construire la solidarité et l’autonomie de tou-te-s les exploité-e-s.
Pavillon Noir, 21 septembre 2012